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21 février 2022 1 21 /02 /février /2022 14:57

 

Je n’ai jamais accepté, sinon passagèrement et vite bourrelée d’incrédulité comme de réticences, les missions successives dont je me suis vue affublée au fur et à mesure des facéties tordues en lesquelles je me suis ingéniée pour essayer de me perdre dans les bois, ou la foule, selon. Bien sûr, je ne savais imaginer au départ, non plus que bien d’autres, quoi que ce soit qui n’eut déjà une histoire, une attribution, une mission en fin de compte. Sauf que j’y mis à chaque fois, très vite, une mauvaise volonté tatillonne, et néanmoins exubérante, bref vagabonde avec ténacité. Et méthode. Je m’obstinais à mal représenter, et pour finir à ne plus présenter bien ni représenter du tout. Tache de couleurs informe et ratiocinante. Bref, les successifs qui pouvaient penser compter sur une nouvelle recrue prometteuse, une camarade attentionnée, une gardienne soucieuse de ce qu on lui confiait à garder, reproduire, se sont retrouvés cocus à chaque épisode. J’allais baguenauder avec tout ce que je pouvais trouver de dérivatifs pas obligeants. De trucs qui accrochent le mouvement comme des chardons, collent ainsi que des gaillets. Tout ça ne m’a pas enrichie, sur aucun plan, on s’en doute.


Rien de malin dans tout cela. Je ne suis pas maligne pour un kopeck et que je m’ingénie ne signifie nullement que je sois ingénieuse. J’ai ainsi aligné les conneries souvent déroutantes. Et mené ma life à peu près aussi mal qu il se peut. Au vrai, je suis une conne, mais tellement méthodique, fouille-espoir, et quelquefois acharnée que j’arrive à saper les croyances d’autrui en me sapant moi-même avec application. Ce que, poussant le vice, je tiens pour garant d’une honnêteté singulière. Je ne suis pas une transse d’affaire.


Ce qui me rend puissante dans l’inopérance jusques donc à ébranler les alentours, est que dans ma mauvaise volonté opiniâtre, je répugne à mentir, à soutenir des craques, à parler contre mon intuition, mi par paresse, mi par insatisfaction, sur ce que je crois discerner. Quand je ne limace pas, je me casse la nénette pour exprimer au mieux ce qui m’apparaît. J’évite quelquefois de dire une ou deux choses, ou bien je les renvoie à plus tard. Je pose au besoin contre moi pour ne pas céder à un mensonge qui me semble bien souvent exister comme une martingale facile afin de s’en sortir. Je ne m’en sors pas. Encore une fois, question de méthode. Non de morale. Enfin pas trop je crois. C’est une conséquence dans ma façon de faire, pas une prémisse. Quant à me tromper, j’en ai accepté l’enjeu depuis longtemps ; je suis spécialiste des mécomptes. N’empêche. Pas que.


Le plus drôle avec tout ce que je viens d’exposer est que je cultive parallèlement un petit côté prussien, qui ne rechigne pas forcément à la subordination, dès lors qu’elle appert nécessaire et précise - bref, quand l’objet n’en est pas une transcendance salutiste à vocation universelle. J agrée qu’on m’ordonne des actes, qu’on m’exige le cas échéant des faveurs ; mais zébi pour ce qui est des attitudes ! J’obéis à quelqu’un, pas à un concept. Parallèle donc conséquent : ma méfiance envers l’économie des métamarchandises idéelles dégage de la place pour la prise en compte de ce qui vient, au fait et au prendre.


Cela fait près de trente ans que j’ai une dent contre le bonheur. J’avoue sans peine que cette attitude naquit chez moi, comme chez moult autres, du ressentiment. Mais voilà, j’ai tellement voulu fonder le ressentiment sur quelque chose de pas facile, qui tienne la route, que j’ai fini par voir son inanité et le dégommer, comme une vieille monture inapte, et à rencontrer par ailleurs avec cette cavalcade à gambettes le constat d expé que les gens heureux n’étaient souvent pas joyeux, et réciproquement. De là à une recherche sur le concept du bonheur, comme sur celui du salut, de la sauveté... bon, vous m’avez compris. J’ai alors tiré vers la joie, toute autre, qui n’est jamais vraiment gentille ni bienveillante ; pas inoffensive ; et y ai trouvé forcément des gens joyeux, et méchants censément. Quelquefois jusqu’à en être d'une bêtise qui fait amplement pendant à celle de la bonté. Telle est prise... On ne peut dire que je l’ai avalé de bon coeur, mais il le fallait. Et de toute façon les joyeux m’ont moins ennuyée que les heureux. Sans parler des malheureux. Faire et avoir tranchent avec le désert de l’être.


Mon indifférence grandissante ne joue donc que sur l’étendue de ma préoccupation ; je suis attentive, sensible à l’excès, souvent tourmentée. Quand je me prends, m’attache à quelqu’un ou à quelque chose, je vais loin dans le piochage, l épierrage. Je me dévoue. Cela tient à un certain type de sérieux qui m’habite. C’est un peu invalidant, ça ne rend pas habile.


Je me tiens à ce que je peux ; l’attachement, la suite, excluent l’envergure de la généralité, des transcendances. Trop large pour mimi. Je ne me montre pas pour autant une nini, non plus qu’une personne d’opposition, autres de ces facilités que j’abhorre. J’affirme assez volontiers, cela aussi j’en endosse l’enjeu. Je ne me trouve ainsi que rarement où l’on me cherche. Fuite ou percée, je m’en remets. Ce n’est pas à moi de clore la détermination. Partie. Pas juge.


Tout ça finira, sans doute mal. Et j’opinerai ainsi par ce constat de La Fontaine : "Vous êtes maigre entrée, il faut maigre sortir."

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La Bestiole

  • : transse et bie juskaux yeux ; vivisecte les économies politiques, premier, second marché ; acétone et antivitamine K - Le placard à Plume, la fem-garoue
  • : Un informel méthodique, exigeant, fidèle, pas plaintif, une sophistique non subjectiviste, où je ne me permets ni ne permets tout, où je me réserve de choisir gens et choses, où je privilégie le plaisir de connaître, c est là mon parti pris, rapport aux tristes cradocités qui peuplent le formel cheap, repaire des facilités, lesquelles en fin de compte coûtent bien plus. Je me vante un peu ? J espère bien. Déjà parce qu ainsi je me donne envie de mieux faire. Hé puis ho ! Z avez vu les fleurs et les couronnes que vous vous jetez, même l air faussement humble ? Faut dépercher ; quelqu'orgueil assumé vaut mieux qu une pleine bourse de roublardise attirante. Je danse avec le morcellement et la sape de l'économie, de la valorisation, de la fierté, de l'empouvoirement.
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Mieux vaut un beau champ de bataille qu'un moche terrain de lutte. Banzaï !

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