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Oh zut ! on a encore marché dans une t' !

 

 

Il y a des choses qu'on ne fait bien, ou qu'on n'ose faire, qu'en nombre, et en sachant bien à qui ou à quoi on les fait.

Plus on est nombreuses, plus on y joue de rôles et mieux ça vaut.

Parce que ce qui est bien, c'est qu'il y a en définitive une milliasse de manières de le faire. Et qu'il y a donc place pour chacune. Les unes par exemple en émiettant soigneusement et en expropriant de soi-même, d'autres en mentant et calomniant bravement ; d'autres encore en se défilant avec des rictus assez comiques. Certaines mêmes en jouant les copines pour mieux piétiner ce qui est inabordable. Pour tous les goûts - pour toutes les bourses, selon un vieux précepte pute.

C'est même assez magnifique et, pour tout dire, impressionnant, comme cela se réalise, se met en scène, sans même besoin que l'on se consulte. Chacune n'a qu'à suivre sa pente en somme. Personne ne risque de déranger la cérémonie. Car c'en est une.

C'est même là que vous pouvez distinguer, à moins que ce ne soient elles qui se distinguent, ; les vraies copines, les "t...philes ! Elles restent un peu en arrière de la procession, pas trop loin quand même, pour prendre des nouvelles et accessoirement bien s'assurer que vous ne vous en relèverez pas - car cela remettrait en cause le rite et d'ailleurs toute la religion ! Elles trainent quelquefois avec elles quelques t... plus ou moins enchaînées par l'enchantement et la crainte, qui seront sans doute sacrifiées un peu plus loin, ainsi que dans l'abominable pérégrination qui clôt le Spartacus de Koestler. Lequel a aussi écrit le Zéro et l'infini, qui renseigne fort sur les procédures à l'oeuvre dans certains milieux.

 

Le mode sacrificatoire, puisqu'on est une merde et même une sous-merde, est le piétinement. C'est tout à fait in et pol-cor actuellement. Ca aide paraît-il à conserver sa structure au monde. Il y a de la magie partout et en toutes époques. Et ça sert à éviter que les guenilles se croient de braves torchons, ce qui serait le début de la fin.

 

On ne peut donc vraiment pas nommer cette chose, ce quoi, qu'on rencontre étalée sur le chemin comme on rencontre un inconvénient. La nommer serait l'évoquer, lui rendre forme. Ce qui n'est pas concevable. Ni convenable. Elle doit rester, puisqu'elle avait le tort d'être inabordable dans ce monde de frôlements, invisible et surtout inaudible. Incompréhensible à jamais. On marche donc dedans. Forme pédestre de cannibalisme dont nos contemporainEs sont friandEs.

 

Le plus drôle est qu'un certain nombre de t... survivent à ce traitement. Encore qu'on peut se demander ce qui survit, puisque c'est informe et surtout en creux. Peut-être que, dans ce monde très et, disent certaines, trop plein, constituons-nous alors des espèces d'endroits de stockage gratuits pour la bonne conscience d'un grand nombre. Qui sait la place que nous représentons alors réellement ? C'est fou ce qu'on est utiles en fin de compte. Il suffit de nous marcher dedans ; et c'est une manière ingénieuse de nous ranger, ainsi donc que leurs consciences, pour celles qui ont de l'ordre.

 

 

 

 

Sans entretien !

 

 

 

 

 en pensant à Christine, super-trans, morte ; et à d’autres, pareil.

 

 

 

Récemment, mais c’est évidemment pas la première fois, « on » m’a renvoyé dans la figure, par défaut, et aussi pour glisser d’un argument raté à un autre pourri, que je n’avais pas à me plaindre puisque j’étais en pleine forme. Ben tiens. Dépression grave suite à abus, calomnies, persécution et violences, conséquences matérielles et financières de cette dépression, maladie métabolique consécutive à tout ça, vieillissement précoce, isolement humain, politique et social à peu près total – comptez combien de gentes vous voyez par semaine. Tout va bien ! Comme les bio ne me voient pas, elles peuvent se brosser l’habituel portrait imaginaire de la super-trans, inoxydable, indestructible, à qui on peut faire n’importe quoi sans que ça doive tirer sérieusement à conséquence, de toute façon c’est pas vraiment sensible ces bestioles.

 

Et les une fois tous les dix huit mois qu’elles me voient, ben je suis en pleine forme, évidemment. Tu parles que je vais pas me la jouer plaintive, geignarde, comme le font justement les cheffes bio bien entourées, histoire qu’on ne leur demande jamais de compte. Elles ont bien raison : il faut toujours crier avant d’avoir mal ; sauf que plus vous descendez dans l’échelle de valeur sociale, moins vous avez le droit de le faire.

Déjà j’ai pas envie, en général, de trop geindre quand je suis en société – ne serait-ce que parce que ça me réjouit de voir du monde, c’est pas tous les dix jours que ça m’arrive. Et puis surtout quand on ne fait pas semblant qu’y a aucun problème, que la vie est belle, que le milieu est paradisiaque, de toute façon, nous les nanas trans, c’est la porte dans la gueule, direct. On n’a pas à être faibles ou abîmées, ou alors si on l’est poubelle, déchetterie, hop. Ça aussi j’ai expérimenté.

 

Après, hein – comme je dis toujours on n’a pas signé pour cocagne. On a voulu être femmes, on l’a eu, superlativement puisque jusques aux femmes bio – et bien souvent aussi nos camarades m-t’s - nous traitent, justement, selon le rapport d’assujettissement féminin. On doit être à la fois résistantes et dépendantes, être là quand on a besoin de nous et virer sans un pet dès qu’on n’a plus. On doit porter leurs petits et grands malheurs, et avaler tout rond les nôtres, gloup. Nous sommes toujours le problème, jamais la solution, et toujours au mauvais endroit, au mauvais moment – une performance ! Enfin nous sommes, quand plus utilisables, remisées dans la solitude, exactement comme le sont la plupart des femmes dans les sociétés straigth.

 

Ah c’est ce qu’on appelle un apprentissage, je dirais pas accéléré, mais radical, de la reproduction des formes sociales. De leur réappropriation. Et des rapports qui en découlent.

 

Une des ces formes, enfin son aboutissement, c’est le mythe de la trans qui n’a besoin de rien, que rien ne peut – c'est-à-dire ne doit - atteindre. Sans entretien quoi, pas humaine, pas sensible, rien. Mythe que nous sommes malheureusement obligées d’abonder nous-mêmes, parce qu’on sait bien que si on vient à couiner, à reprocher, à réclamer la moindre chose – « je vous l’avais bien dit, c’est des mecs ». Et ce, je souligne, chez les « inclusives », vous savez, celles qui vous causent du genre et de la construction toute la sainte journée. Mais qui n’y croient pas un pet. Moi non plus d’ailleurs, désormais ; en tous cas pas un instant au rôle de bouleversement que devait jouer cette notion, qui se révèle un nouvel outil fort efficace de reconduction de l’ordre des choses et des gentes.

 

Bref, darwinisme social et roublardise intégrée obligent, les nanas trans meurent souvent vite, au retour d’âge. On les voit plus, on se pose pas trop de question, et puis un jour au détour de je ne sais quelle échotterie on apprend qu’elles sont mortes. On sait souvent pas trop comment, tellement ça n’a pas d’importance.

 

Vite. Usées vite en tout cas. Notre rôle est de donner un peu de pep’s au mouvement, de produire pour lui un peu de cette légitimité dont par ailleurs nous ne bénéficierons, nous, jamais ; puis de disparaître. Zou. Encombrantes. Les bio ne nous apprécient qu’en image ou mortes. Comme du gibier quoi. Avec les mêmes fantasmes qui y collent, la liberté (on se demande bien laquelle mais bon -) qui fait envie mais eh, hein, tout de même c’est ni catholique ni social, donc crevées, justice est faite et l’ordre peut coexister avec le rêve trouble.

 

Nous faisons, avec quelques autres, les frais préliminaires de la straightisation massive, via les formes sociales intégratives et conservatrices revendiquées, pratiquées et pensées, des mouvements féministe et tpg. La normalité a gagné, il fallait bien qu’il y en ait qui en paient les arrhes – le solde, qui va suivre, ça sera à charge d’à peu près toutes, embarquées ou non dans ce ralliement ; serons nous encore là pour en sourire amèrement, de ce désastre politique et humain, là où pouvait se faire une brèche ? En tous cas, on ne tendra en ce cas ni main ni perche à celles qui nous ont pourries et tuées ; ni à celles qui les ont opportunément laissé faire ; on n’est pas abrahamiques. La « solidarité », c’est une belle arnaque de plus pour protéger la communauté d’intérêts des plus intégrées, éviter de critiquer les évidences qui la cimentent, et imposer silence sur les violences subies par les autres. Ni oubli, ni pardon !

 

De fait, les féministes-masculinistes et autres queers se frottent les mains quand nous venons à crever, et elles font un peu tout pour que ça arrive, en déléguant toutefois autant que possible à hétérobiolande. Cette délocalisation opportune de la production de meurtre leur fait à la fois un cadavre de plus à négocier, et une emmerdeuse antimasculine en moins. Tout bénef'

 

 

Paillettes et formol : quand on nous applaudit de disparaître

 

 

Après cette com’ et cet article ; je me répète mais vraiment ça me fiche les (…) l’hypocrisie énorme autour du « destin » des transses à cislande.

 

http://yagg.com/2016/09/12/le-bel-hommage-de-patricia-arquette-a-sa-soeur-trans-alexis/

 

En gros, une transse de bonna compagnie, tolérable et admirable, est une personne avec des paillettes sur la figure (pour qu’on l’identifie bien comme telle), qui a l’excellent goût de mourir afin qu’on puisse rendre hommage à son courage et à sa singularité, car c’est très important qu’elle soit seule, au milieu d’un monde cis, pour éviter précisément que cette cissitude et ses divers aspects soient, indument forcément, remises en cause. Il n’y a pas d’évolution, de contradiction ni de changement dans le rapport social de sexe, voyons (d’ailleurs il n’existe pas, les rapports sociaux étant paraît-il des illusions qu’il suffit de positiver un coup pour dissoudre dans l’air frais) ; il n’y aurait que des individues originales, irréductibles, autosuffisantes et fort heureusement dans le meilleur des mondes possibles très majoritairement « normales ». La nature, la morale et la civilisation sont sauves.
Je ne dirai jamais assez combien cette assomption opportune des transses par la mort m’exaspère, combien c’est finalement la seule légitimité que nous laissent les cis : être « exceptionnelles », et mourir parce que bien sûr les personnes exceptionnelles, hein, il faudrait pas que ça se généralise. Je rappelerai d’ailleurs lourdement qu’il y a encore quelques années, dans la culture popu, c’étaient les lesbiennes cisses qui devaient nécessairement mourir d’exister.
Pour moi, notre grand jour serait celui où nous organiserions pour vivre, pas celui où les crocodiles prétendument alliées qui souvent aident bien à nous faire disparaître viennent faire mine contrite autour d’un drapeau tricolore (il fallait le faire !) hideux autant que sexuellement bien ordonné. J’ai souvent dit, pareil, à quel point ce TDoR et ce, celleux à quoi et à qui il sert de déresponsabilisateur, m’exaspère aussi. Y en a marre de n’exister que par notre mort. Vivons (et faisons basculer cislande).

 

En somme, cela m’exaspère que l’on célèbre nos morts, qui plus est comme des accomplissements (ici je hurle !), pendant que conséquemment on enterre nos vies. Cela signe bien les priorités et les directions de l’époque. Et même qu’il y en ait parmi nous qui se prêtent à cet échange ne le justifie pas, ne nous y contraint en rien ! on l’a vu récemment avec quelque chose d’un autre ordre.

 

 

 

 

 

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La Bestiole

  • : transse et bie juskaux yeux ; vivisecte les économies politiques, premier, second marché ; acétone et antivitamine K - Le placard à Plume, la fem-garoue
  • : Un informel méthodique, exigeant, fidèle, pas plaintif, une sophistique non subjectiviste, où je ne me permets ni ne permets tout, où je me réserve de choisir gens et choses, où je privilégie le plaisir de connaître, c est là mon parti pris, rapport aux tristes cradocités qui peuplent le formel cheap, repaire des facilités, lesquelles en fin de compte coûtent bien plus. Je me vante un peu ? J espère bien. Déjà parce qu ainsi je me donne envie de mieux faire. Hé puis ho ! Z avez vu les fleurs et les couronnes que vous vous jetez, même l air faussement humble ? Faut dépercher ; quelqu'orgueil assumé vaut mieux qu une pleine bourse de roublardise attirante. Je danse avec le morcellement et la sape de l'économie, de la valorisation, de la fierté, de l'empouvoirement.
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Mieux vaut un beau champ de bataille qu'un moche terrain de lutte. Banzaï !

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