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1 novembre 2021 1 01 /11 /novembre /2021 17:39

 

Les prérogatives, bref ce que l'on demande a priori parce qu'on est censé devoir les avoir et par statut, et pour fonder le reste. Fort bien mais c'est un devoir pouvoir, au sens faible de pouvoir. Et quoi qu'il en soit en période de concentration de la valeur et de pénuries la table est fort maigrement servie. Carême forcé. Qui réduit le résultat des prétentions, ce à quoi on "a droit", ce qu'on "mérite", à pas grand'chose. D autant que mériter par statut ou même par existence a un petit goût d oxymore. Le mérite suppose la concurrence et l'inégalité, on sortira difficilement de ça.

On en est un peu à un stade avancé du "tout est permis rien n'est possible", qui se déclinerait à présent en "tout est ouvert mais y a plus grand'chose dans les celliers ni dans les caisses". Et tous méritants que nous pensons être, nous en sommes à nous lorgner torvement avant de nous prendre au collet pour les fonds de sacs. Ou plutôt à nous décocher des crocs en jambe aussi discrets que possible pour garder contenance et ne pas perdre moralement, puisque la morale fait partie des comptes. Peu glorieux quoi.

Nous aimons à compter par projection, sur, plutôt qu'avec. Mais ces envolées ne sont pas longues. Le mur budgétaire multi-marchés est proche. Nous avons participé à son érection. Mais nous voudrions croire que derrière il y a les richesses illégitimement soustraites. C'est quelquefois vrai, mais encore une fois nous avons nous mêmes joué ce jeu de l'appropriation concentrative. Et que ce ne soit pas forcément librement ne change guère au résultat.

Il y a de ce fait un aspect pathétique et quelquefois hargneux à notre usage des mantras absolus de la positivité, comme d'ailleurs à ceux de la négativité, puisque là c'est le rapport entre notre attitude et notre situation qui est assez déterminant. Et par ailleurs un implicite un peu trigger : nous affirmons par eux, personnellement, un droit impersonnel à quelque chose qui nous serait cependant propre et destiné, mais sur la provenance duquel nous restons muets, par prudence. Parce que nous savons très bien que presque tout est préempté, que la plupart des choses n'existent que comme appropriées, d une part, que d'autre part les choses n ont de valeur que par l'échange voulu, sans quoi ce sont de tristes babioles. Enfin qu'il se crée fort peu à partir de rien du tout ou d'un disponible idéal qui flotterait hors du game. Nous savons donc très bien que l'implicite sur la nature de production de ce à quoi nous affirmons avoir droit recouvre la condition que ce doit nous être donné ou échangé par autrui. Et que cet autrui devra avoir un intérêt à nous le fournir. Ou un devoir éventuellement, mais cela réduit l'autrui à une fonction de personne morale et cela donne bien sûr une certaine part de l'échange, y compris de biens nécessaires. Mais peu sexygoûteux en termes de métamarchandises. Or un pan déterminant de ce que nous désirons mériter relève de la métamarchandise. Il nous faut de la bouffe et du logement, mais aussi et souvent surtout de la considération, de l'amour, du sentiment de confiance. Et là ça se corse. Il faut que ça ait l'air "gratuit" mais en vrai nous savons très bien que d'une part ça ne vient, que d'autre part ça ne nous plaît que si nous portons suffisamment de valeur pour l attirer ! Bref que ça n'a de goût que si ce n'est pas gratuit !

En fait il y a ou peut avoir une marge d imprévu là dessus ; mais précisément nous tuons la possibilité de cette marge par notre insistance de principe !

Mais une contre pétition ne règlerait pas en elle même la question. Dire simplement que rien n'est à nous et que nous ne méritons rien, même si c'est apparemment curatif méthodologiquement, ne va pas tout seul changer les conditions ; l'échange, la concentration, la rareté restent. Et là d ailleurs je ne vois aucune issue prévisible. On se réduit à un stoïcisme contraint. Bof. En peu de mots, notre attitude ne suffit pas à changer le fonctionnement ni la disposition des choses. Ceux ci sont aussi conditionnés par la valeur que nous ne pouvons pas ne pas leur octroyer. Et même surtout vu que la valeur détermine les attitudes, que ce soit la convoitise ou le dédain affecté.

 

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La Bestiole

  • : transse et bie juskaux yeux ; vivisecte les économies politiques, premier, second marché ; acétone et antivitamine K - Le placard à Plume, la fem-garoue
  • : Un informel méthodique, exigeant, fidèle, pas plaintif, une sophistique non subjectiviste, où je ne me permets ni ne permets tout, où je me réserve de choisir gens et choses, où je privilégie le plaisir de connaître, c est là mon parti pris, rapport aux tristes cradocités qui peuplent le formel cheap, repaire des facilités, lesquelles en fin de compte coûtent bien plus. Je me vante un peu ? J espère bien. Déjà parce qu ainsi je me donne envie de mieux faire. Hé puis ho ! Z avez vu les fleurs et les couronnes que vous vous jetez, même l air faussement humble ? Faut dépercher ; quelqu'orgueil assumé vaut mieux qu une pleine bourse de roublardise attirante. Je danse avec le morcellement et la sape de l'économie, de la valorisation, de la fierté, de l'empouvoirement.
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Mieux vaut un beau champ de bataille qu'un moche terrain de lutte. Banzaï !

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