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24 novembre 2017 5 24 /11 /novembre /2017 11:56

 

 

 

Amusant de lire et d'entendre d'indispensables collègues se targuer d'avoir "obtenu" les articles de loi sur le cec votés l'an dernier (et appliqués depuis le printemps). Alors que le gouvernement n'a guère fait que céder "motu proprio" le minimum auquel il était obligé s'il voulait suivre les directives et les jurisprudences européennes, et s'est soigneusement retenu de faire le moindre petit pas au delà. Bref, les assoces transses en général, quelle qu'ont été leurs positions, n'ont rien changé au projet et conséquemment rien obtenu. On le voit notamment sur la question des collègues qui ont fait famille, et sont toujours engluées dedans. Mais c'est tellement gratifiant de se croire la mouche du coche. Après, incontestablement, la pratique se passe mieux qu'on aurait pu le prévoir, les tribunaux sont au dernières nouvelles assez honnêtes dans l'application et ne font guère de chicane. On en reste presque éberluées. Et certaines assoces plutôt réformistes accompagnent très bien, mieux que bien des radicales, les demandes, en l'état des choses. Il serait malhonnête de ne le pas dire et faire valoir. Mais la prétention d'avoir "gagné" quelque chose de déjà décidé bien au dessus de nos caboches ne tient pas trop. Non plus que la prétention à "faire l'histoire" là précisément où on la subit, à défaut de s'investir dans ce que nous pourrions déterminer entre nous.

 

Enfin je suis d'accord que la rhétorique moral-politique consistant à accuser de "traîtrise" les collègues qui ont été strapontiner est parfaitement stupide, et dans sa logique propre (subjectivisme politicard pour "expliquer", externaliser et surtout avaliser l'air de rien les formes et rapports sociaux), et tout particulièrement dans le cas de figure, puisque de toute façon on n'aurait eu absolument rien d'autre, quelqu'instance qui en eut été faite. On aurait dit "niet tout court" de façon unanime que pareil on l'aurait eu quand même. Tout autant qu’on se prend dans la gueule dans le même temps la régression des budgets de santé et du peu de redistribution qu’on pouvait avoir. Il y a d’ailleurs de sombres liens entre ce sociétal prudent, pusillanime, qui ne coûte rien, et les coupes dans les moyens de vie des populations, dont nous sommes parmi les plus exposées. Nous mourrons labellisées quoi. Contentes ? Profitons en donc, sans réserves, mais ne nous en attribuons pas la maternité, ne nous imaginons pas que ça va nous ouvrir la porte du paradis existentiel légitimitaire, ni ne nous en gonflons de fierté, cette fichue fierté qui sert de monnaie de substitution avec quelques autres baudruches à la pénurie réelle et croissante de moyens de vivre.

 

Les enjeux en présence n'avaient rien à voir avec notre supposée et fantomatique injonction politique, nos poussives manifs et nos assoces dépeuplées ; nous pesons queud'ch, comme bien d'autres et bien plus présentes que nous d'ailleurs ! Bref il faut arrêter de se la raconter sur ce plan, nous sommes zéro et des prétextes qui nous échappent totalement dans la logique politique et juridique contemporaine, que nous la jouions intégration collaborative ou radicalité "de rupture" (mais surtout de revendication de normalité) ; la seule chose que nous pourrions faire serait de nous organiser collectivement pour vivre, pas pour "représenter" et porter des pancartes. mais encore une fois, et dans la logique profonde de l'individualisme libéral, c'est précisément ce que nous évitons soigneusement de faire. Il y a de moins en moins d’avenir dans les formes de plus en plus symboliques et vides de la représentativité qui nous démange et dont nous n’arrivons pas, tout en nous la prennent pareil quotidennement dans la figure, à nous avouer qu’elle est un fake, de plus en plus, à mesure que le sujet de l’économie politique se crache, que nous sommes surnuméraires, pas rentables, seule la richesse donnant une réalité à la fiction juridique et citoyenne. Si nous voulons nous donner des chances de survie, ce n’est pas sur ce loto déplumé qu’il nous faut miser, c’est sur une collectivisation qui prenne en compte à la fois l’appauvrissement et les stigmatisations. Sans quoi, éparpillées, les plus faibles d’entre nous disparaîtront, puis celles qui sont juste au dessus, puis… On est là déjà bien loin, bien en dessous et à l’écart des terribles dénonciations et des petites vantardises qui tentent de bourrer le coussin crevé de translande « représentative ».

 

Mais nous avons une furieuse réticence à repenser de manière critique et incrédule le conte mité de l’escalier social, du gagnante-gagnante, de l’assomption dans la valorisation, de la représentation qui fait vivre, que nous nous sommes faites imperméables aux doutes. « On va y arriver », on ne sait plus très bien ce qu’est réellement le y, ce qu’il implique y compris de contradictions insolubles, mais on va y arriver il paraît, c’est comme nos catéchismes essentialistes, il faut y croire, sinon… sauf que c’est déjà et depuis un moment ce sinon qui est en vigueur, nous trie, nous « oriente » vers de drôles de décharges. Et nous nous interdisons d’agir en conséquence, peut-être parce que « ça serait lui donner raison », je sais pas, ou tort à nos catéchismes. Mais voilà, qu’on lui donne ou pas raison, la raison, au sens de pouvoir, il l’a, elle est là. Nous ne pouvons escompter de lui survivre qu’en revoyant nos propres objectifs, nos propres priorités, en les faisant plus proches de nos matérialités, en les décrochant de désirs collectifs mais éliminatoires.

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La Bestiole

  • : transse et bie juskaux yeux ; vivisecte les économies politiques, premier, second marché ; acétone et antivitamine K - Le placard à Plume, la fem-garoue
  • : Un informel méthodique, exigeant, fidèle, pas plaintif, une sophistique non subjectiviste, où je ne me permets ni ne permets tout, où je me réserve de choisir gens et choses, où je privilégie le plaisir de connaître, c est là mon parti pris, rapport aux tristes cradocités qui peuplent le formel cheap, repaire des facilités, lesquelles en fin de compte coûtent bien plus. Je me vante un peu ? J espère bien. Déjà parce qu ainsi je me donne envie de mieux faire. Hé puis ho ! Z avez vu les fleurs et les couronnes que vous vous jetez, même l air faussement humble ? Faut dépercher ; quelqu'orgueil assumé vaut mieux qu une pleine bourse de roublardise attirante. Je danse avec le morcellement et la sape de l'économie, de la valorisation, de la fierté, de l'empouvoirement.
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Mieux vaut un beau champ de bataille qu'un moche terrain de lutte. Banzaï !

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