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27 décembre 2017 3 27 /12 /décembre /2017 14:42

 

Dans la famille : les antiphrases qui entendent nous brosser dans le sens du poil, mais en fin de compte nous foutent encore plus dedans s'il était possible, faute de réalité disponible, de moyens pour les rendre effectives ; antiphrases qui servent en plus, il faut bien le dire, à la pacification interne à translande, au gommage des rapports sociaux en interne, du pouvoir des uns et des unes relativement aux autres, en renvoyant tout aux deux pôles bien lointains de la grande méchante normalité cisse et de nos subjectivités supposées uniques et irréductibles. Ainsi de ces mantra de noël à l’usage de celles de qui c’est la fête tous les jours, youpi ! Du genre qui affirment que, ne vous faites pas de mouron, vous êtes par exemple seule, pauvre, méprisée, haïe et coursée dans la rue (ce qui peut correspondre à plusieurs situations sociales d'ailleurs), mais rengorgez vous (intérieurement, après vous être bien planquée), pasque figurez vous, votre valeur, votre être éthéré et transcendant quoi, pas votre piteuse défroque effective qui n'est bien entendu qu'illusion de ce monde,  n'est pas définie par ce qu'on vous dit, ni par la façon dont on vous traite. Awais. Et par quoi alors ? Elle a son siège où la banque qui garantit cette valeur inoxydable et entièrement basée sur notre subjectivité, elle-même un peu à coups de pieds dans le derrière tout de même ? Au ciel ? On sait très bien d’expé, « ce qu’on vaut » quand on est une nana transse ordinaire, sensiblement nib’ ou moins quelque chose. Et que ce qu’on vaut, dans une société de valorisation, découle précisément de comment on y est traitée, de ce dont on y dispose. Enfin, en théorie comme en pratique, la notion même de valeur implique de pouvoir équivaloir ou être échangée, négociée. Sans quoi y a pas. Si personne n'en veut ou ne la prend en compte c'est zéro. Cela se mord la queue, si on parle de "valeur", on est obligée de considérer le rapport, sans quoi la notion même de valeur, à laquelle donc notre considération de nous-mêmes devrait être attachée, s'évapore. D'une part donc ce n'est pas vrai, d'autre part il y a un problème logique.

Faut arrêter, la seule vie est celle ci, matérielle et sociale. Ici et maintenant. Nous n’existons que socialement, les unes par les autres ; le seul rapport à soi est rapidement misérable et schizophrénique ; à moins d’être riche et encore. Il n'y a pas de remède intrinsèque, existentiel ou transcendantal au mépris, à la violence, à l'isolement et à la pauvreté. Les seuls remèdes y sont la considération égalitaire et les moyens de vivre. Et dans les faits ça nous est majoritairement refusé, ce sur les schémas mêmes qui déterminent ces idéaux sociaux et leur répartition, donc c'est gagné à aucun point de vue. Le principe même de la valeur sociale introduit l’évaluation, les critères à remplir, l’inégalité – avec la conditionnalité d’être valorisées par les autres (on ne peut pas « se » valoriser sans apport extérieur, c’est de la blague qui ne tient pas plus qu’une pyramide de Ponzi et même bien moins). Se grimper les unes sur les autres pour satisfaire à ce fonctionnement met la plupart de nous au fossé et interdit toute communauté. Ainsi va l’économie en général, matérielle ou relationnelle.  

Effectivement, le minimum serait donc d'abandonner l'idéologie de la réussite et de l'intégration individuelles pour nous organiser collectivement et communautairement. Mais il faut arrêter avec les berlues psychologisantes et "méthode coué", qui nous trouvent aux petits matins pendues ou noyées d'être tombées la tête la première dans leur vide effectif et happées par le mensonge social qui y gîte, lequel, il faut toujours le rappeler, est terriblement agissant entre nous mêmes par les inégalités et le déni de celles ci dans la brume sororitaire-qui coûte pas cher ! Et qui est si souvent libéralement distribuée aux loquedues par les cadres du mouvement qui n’ont pour leur pomme guère besoin ni déficit de valorisation. Autre condition : une auto organisation aussi horizontale que possible.

Une des conséquences de notre fascination pour l’intégration et la représentation est cet usage un peu désespéré mais obligé de la très fantomatique légitimation existentielle, elle-même basée en réalité sur l’idéal du sujet propriétaire, père de famille toussa toussa, la préhistoire du capitalisme, avec ses petites indépendantes égales et pouvant se réclamer de la « loi naturelle » à la Hobbes. Sauf que la réalité des rapports sociaux ça n’a jamais été ça pour une grande partie des habitantes de cette planète ! Dont nozigues. Mais c’est sûr que si on abandonne la gonflette autoréalisatrice, on pourrait bien aussi abandonner notre délégation passive ou active aux structures de représentations, identistes, associatives, et ça mettrait quelques collègues au chômedu. Bon, l’obstacle, bien évidemment n’est pas là, mais dans notre faiblesse collective et dans notre peu d’envie de réviser nos objectifs de comment vivre.

Mais il faut arrêter, nous ne valons rien par nous-mêmes, nous ne valons que par ce qui de nous est échangeable socialement et économiquement, fait envie à d’autres qui pour leur plus grand nombre n’éprouvent que dégoût et mépris à notre égard. À part pour celles qui ont de fermes compétences et de très bon arguments de vente, comme on dit, ce qui pour autant ne les protège pas forcément du déclassement et de la violence sociale, laquelle a tendance à ne pas suivre un strict calcul monétaire mais à se fonder sur une approche légitimitaire (bref on peut tuer une transse riche ou bien cisintégrée aussi, même si ça arrive moins souvent pasqu’elle vit dans un environnement statistiquement plus sécure), hé ben nous sommes comme on dit exposées. Exposées et abandonnées à la fois, ni fromage ni dessert, c’est le menu des stigmatisées, contradictoire en apparence mais qui se retrouve dans les convergences de qui vaut, précisément, quelque chose au point de vue social…et pas….

Nous sommes seules je pense à pouvoir tenter d’y remédier, mais encore une fois à la jouer bulles de savon et méthode coué individualiste nous y passerons presque toutes. C’est dans le très banal et proche matériel qu’il nous faut jouer.

En tous cas je pense qu’il faut arrêter avec le boniment, d’essayer de nous vendre à nous-mêmes, pasqu’on reste dans la plupart des cas invendables à d’autres, de vendre à nous-mêmes notre honte, notre misère, notre isolement, pour en constituer je ne sais quel fond d’investissement profitable à la représentation transse.

Ce ne sont pas les envolées lyriques sur comment les choses devraient être si l’ordre des choses n’était pas contradictoire en soi qui nous manquent, c’est des réflexions sur comment nous dépatouiller dans les rapports sociaux, et potentiellement les changer – mais vivantes ! On est contre tout ce qui s’échafaudera sur notre mort. Sacrifice zéro ! Or, nous assigner à un "comment on devrait être", à une valeur elle-même digne de l'au-delà dans ses prétentions vis à vis de ce que nous vivons, c'est encore plus nous condamner, nous inférioriser à nous-mêmes.

Les boniments que nous nous servons et laissons servir nous font bien plus de mal que de dévisager platement, froidement nos situations ; parce qu’ils sont comme des décorations de noël, de pieux mensonges indexés sur le mensonge citoyen, quand ce n'est pas carrément spiritualiste, d’une égalité de fait qui n’existe pas, et d’une autovalorisation qui n’existe pas plus, qui fait semblant de se compter sur une des ces monnaies sans valeur, inéchangeable, pour faire patienter les loquedues devant les portes du ciel, qui sont juste celles de la morgue. Ce fonctionnement par évitement nous met directement en danger, puisqu’il propose d’atteindre par soi-même (en se tirant par les cheveux, comme le baron de Münchhausen ?!) un niveau social et existentiel dont la très grande majorité d’entre nous n’a évidemment pas les moyens, surtout individuellement – conséquence : autoaccusation et morfonderie encore plus fortes, et isolement maintenu, parce que ce ne sont pas les veillées tupperware des assoces où chacune apporte ses lamentations puis est sympathiquement invitée à se les réemballer et à repartir avec, qui va aider en quoi que ce soit à prendre la mesure de nos positions et à nous organiser en fonction d’elles, sur la pauvreté et la stigmatisation qu’il ne nous sert de rien de nier ou de transfigurer ! La valorisation, la réalisation des exigences normées existentielles sont des fakes et des pièges pour finalement sans doute une majorité en nombre de gentes, et particulièrement chez nous ; pour vivre, il nous faut apprendre à nous reconnaître et à nous communautariser sans céder à ces injonctions à l’autarcie, à la réussite, au rembourrage, qui n’aboutissent qu’à détruire la plus grande partie d’entre nous par élimination autogérée, et empêchent précisément toute collectivisation. Nous matérialiser, nous désessentialiser, sur tous les points possibles, est une condition de vie.

 

Nous avons besoin de terre à terre pour arrêter de nous casser la figure. Chenilles, définitivement, grosses, moches et en pleine forme, pas papillons faméliques et conditionnelles que nous ne sommes ni ne serons jamais (où alors au prix de nos vies et surtout de celles de nos collègues, merci bien !). Encore une fois, jetons à la benne l’imagerie existentielle que nous nous sommes laissée fourguer, que nous avons collée sur le miroir, qui ne recouvre que de l’arnaque et que nous payons au prix fort, comme toutes les publicités. Nous n’avons pas être le terne produit aspergé d’exotique et de chatoyant qui affriole cisses, queer et transprétendantes à la cogestion. L’idéalisme à pas cher est en réalité d’un coût exorbitant, sur le vivant des plus faibles. À nous cependant de ne plus y mordre. D'arrêter aussi de nous proposer ces expédients impraticables et par là dangereux comme si c'étaient des pastilles pour la toux.

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La Bestiole

  • : transse et bie juskaux yeux ; vivisecte les économies politiques, premier, second marché ; acétone et antivitamine K - Le placard à Plume, la fem-garoue
  • : Un informel méthodique, exigeant, fidèle, pas plaintif, une sophistique non subjectiviste, où je ne me permets ni ne permets tout, où je me réserve de choisir gens et choses, où je privilégie le plaisir de connaître, c est là mon parti pris, rapport aux tristes cradocités qui peuplent le formel cheap, repaire des facilités, lesquelles en fin de compte coûtent bien plus. Je me vante un peu ? J espère bien. Déjà parce qu ainsi je me donne envie de mieux faire. Hé puis ho ! Z avez vu les fleurs et les couronnes que vous vous jetez, même l air faussement humble ? Faut dépercher ; quelqu'orgueil assumé vaut mieux qu une pleine bourse de roublardise attirante. Je danse avec le morcellement et la sape de l'économie, de la valorisation, de la fierté, de l'empouvoirement.
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Mieux vaut un beau champ de bataille qu'un moche terrain de lutte. Banzaï !

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