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22 janvier 2014 3 22 /01 /janvier /2014 10:05

 

 

 

Comme des brûlés ! Les longs nez de la révolution réactionnaire qui commence à submerger tout le social, toutes les consciences, par une intimidation à laquelle nous répondons par la résignation active aux « nécessités », histoire de nous dire vaguement que nous aurons quand même été acteures quelque part, beuglent comme des malheureux parce qu’une, je dis bien une, et évidemment celle qui portait le moins de conséquences, des propositions sur l’avortement de la commission Bousquet, pourtant pas réputée pour son avant-gardisme, a été retenue par les députés soces, contre même la volonté du gouvernement qui n’en voulait aucune, histoire de vernir son virage à droite toute et sa réconciliation nationale ! Et, ne l’oublions pas, après le silence décennal, l’absence de toute demande d’extension des délais ou de dépénalisation réelle, par exemple, de toutes les assoces qui n’osent même plus souvent se dire pro-avortement, tellement elles ont peur que la moindre positivation de la chose leur retombe sur le museau. Une, donc, la « notion de détresse ». Je rappelle qu’étaient proposées aussi l’abolition du préambule pro-vie de la loi sur l’avortement, et surtout la réduction du « délai de réflexion », de huit à deux jours. Ah mais ça, dès le lendemain NVB nous avait bien averties que ça allait pas être possible, qu’il n’était pas du tout question de « bouleverser les bases sociales », antienne qu’elle nous ressort désormais en réponse – négative – au plus plates et rampantes demandes d’extension quelconque de ce que l’état nous laisse d’accès à nous-même (en général sous contrôle). C’est qu’il faut donner du grain, justement, à la droite, et à une population dont on voit bien désormais, jusques aux plus malvoyantes amies du peuple, qu’elle ne rêve, dans le naufrage social et économique, que haine, revanche, retour aux fondamentaux, asservissement complémentaire des femmes et chasse au minorités. Comme des brûlés donc qu’ils ont gueulé en défilant, les pro-vie (et quelle vie !), pour ce seul petit amendement résiduel et honteux de lui-même. Avec leurs affiches où un gros escargot s’apprête à manger des petits lardons rose et bleu – si seulement ! si seulement les thèses de genre amenaient un quelconque renversement de l’ordre sexué et relationnel – mais non, à cette heure ça se réduit à une plus grande affluence autour des étalages de formes hétérotes et masculines, pour toutes ! Les réacs ne mesurent même pas cette victoire paradoxale de leurs idéaux – mais c’est normal, ils ne comprennent rien à eux-mêmes et sont peu partageux. D’ailleurs, intuitivement, ils sentent bien que désormais l’avenir leur appartient, à moins d’une grande surprise historique. Et qu’il n’est plus question pour eux de partager ni même d’annexer les marges, mais de se préparer à les détruire. Ils se sentent portés par l’esprit du temps, ça va bien au-delà des droits des femmes (mais ça commence par là), c’est la révolution réactionnaire qui monte d’en bas, le printemps radieux des c…s. Ça sent le rappel de toutes les « revanches » historiques, comme de toutes les exterminations salutaires. On va s’amuser, je ne vous dis que ça !

 

Quant à l’égalité, l’objet de cette loi, provisoire d’ailleurs et déjà condamnée par la fin de l’économie pour tous, ce sera celle de la concurrence et de la valeur monétaire, c'est-à-dire effectivement la discrimination qui résume la domination : vous serez ou non rentables, vous survivrez ou non. Au reste, si le « droit à gagner autant » (si tu es rentable évidemment) est consacré une fois de plus, même le petit amendement sur l’action collective en cas de discrimination a été supprimé – faut pas embêter le dieu de l’économie, sinon y va nous punir ! Classe ! Les conséquences de la rentabilisation sont déjà à l’œuvre, sous les prétextes les plus divers, sur une bonne partie de la planète : élimination autogérée. Au moindre coût autant que possible (la famine, la maladie, les objets contondants et les voitures piégées se montrent souvent plus productifs que les bombardiers high tech, qui coûtent cher l’heure de vol et qu’on ne sort plus guère que pour allumer le feu). L’important, c’est la croyance commune qu’il y a plein de monde en trop, dessus, dessous, pour quelque prétexte que ce soit, ça on en trouve toujours. Quand ça viendra « chez nous », on pleurera, on dira qu’on n’avait pas voulu, etc etc. mais l’histoire n’a que fiche des larmes de celles qui l’attisent et la dirigent – c'est-à-dire nous toutes ! C’est ça l’égalité devant la valeur, discrimination naturalisée, des démocrates (et des pas démocrates) éconocroques. On en est déjà bouffées, on l’en sera encore plus. Jusques au trognon. Le capitalisme n’a d’autre fin que lui-même. D’ailleurs, en ce qui nous concerne immédiatement, outre l’appauvrissement qui se fait déjà sentir et la criminalisation de toute tentative pour y pallier, ce sont des raisons, comme on dit, budgétaires, qui chapeautent déjà le vide des droits subsistants, et qui, mixées avec le retour aux fondamentaux, patronneront les lois démocratiques et républicaines qui les aboliront. Là encore on va se marrer ; le patriarcapitalisme a encore devant lui une bonne vieillesse, sur un tas de cadavres formellement égaux.

 

Parce qu’évidemment, avec en plus ce qui se passe delà les Pyrénées, cela rappelle également douloureusement ce qu’implique que le rapport à soi soit contrôlé, sanctionné, permis, interdit, par les lois et les alternances politiques. On entre dans la réaction généralisée, plus touche à nos vilaines parties ! Et il n’est pas question, au regard de ce bien commun que brandissent aussi bien les cathos les plus réacs que les républicaines les plus… euh… ben réaques aussi, qu’on puisse prétendre agir sur soi sans contrôle et autorisation (ce qui pose évidemment aussi le problème du dédoublement objectivant, mais on n’en est fichtrement pas là, on en est à la trique de l’état et des services annexes). On a voulu (et on veut encore) transiger, croire que l’état est là pour notre bien, et toutes ces antiques palinodies ; paf sur le bec ! On va en voir de drôles. On n’a pas voulu organiser la liberté clandestine et autonome ? Eh bien on y sera forcées, à nouveau, et dans les pires conditions. Et tout autant empêchées par la bienveillante sollicitude de tous les échelons de contrôle social, sanitaires – sans oublier ce qu’il y a toujours au bout de cette bienveillance : les fliques les tribunaux, la prison. Et on a tellement voulu croire qu’on pouvait se servir de la puissance d’état, du contrôle social, à notre profit, comme on croit si facilement que si on est « différente », faire les mêmes choses que les autres, user des mêmes leviers sociaux, ne portera pas à mêmes conséquences. Croyance, essentialisme, que toutes les baffes que nous nous prenons n’arrivent jamais à décourager. Ou bien, quand ça tourne vraiment mal, comme maintenant, et que nous sommes plus que découragées, alors nous sortons le triste joker de « c’est pas possible autrement voilà tout » ! Mais envoyer promener le barda et nous tourner les unes vers les autres, ah ça pas question, qu’est-ce qu’on ferait donc ? On risquerait même de s’ennuyer ! C’est ça, c’est ça qu’on a tiré de décennies, de siècles de tentatives d’émancipation ?! Eh ben, sûr, on a pas le cul tiré des ronces.

 

Pendant ce temps là, mes camarades transses intégrationnistes se plaignent, à juste titre d’ailleurs, que tous les amendements concernant nos petites histoires aient été repoussés, dont un directement sur pression de la ministre aux droits des femmes. Bien tiens ! Comme si c’était étonnant. Bon, on sait ce que je pense de notre « légalisation », qui ressemblerait probablement à celle, par tolérance et dérogation et sous surveillance, de l’avortement ; comme toutes les légalisations quoi. Et surtout, que ce n’est pas le petit f sur nos faffes dans notre sac à main ni les lois antidiscriminations qui empêcheront dans quelques temps la chasse à courre dans les rues à nos gueules de travers. Est-ce que les naturalisations ont en quoi que ce soit diminué la haine des blancs envers les minorités racisées ? Pas d’un poil. Carte de vrai français dans la fouille ou pas, les sales gueules pas blanches sont tout autant persécutées, humiliées, flinguées par les fliques (et les autres)(1). Le rapport social « plus vrai que vrai » l’emporte toujours sur la vérité juridique, et finit d’ailleurs toujours aussi par soumettre, aligner celle-ci (bien tiens, c’est la volonté du peuple !). C’est valable aussi pour la haine des femmes. Les mecs sont prêts à aller en taule et à l’échafaud pour continuer à battre, à dominer, à violer. Il n’y a pas d’issue à ce monde dans le juridique qu’il a engendré : il n’y a de sortie possible que dans le renversement des rapports sociaux et la remise en cause de leur objet (la hantise des républicaines comme des communautaires), ici se débarrasser de la sexualité et de la mequitude.

 

Par ailleurs c’est exact que NVB nous a dans le nez, les transses, ce qui est d’ailleurs le cas de la quasi-totalité de la population cisse. C’était déjà notoire quand elle était élue locale à Lyon ! Elle nous hait d’une haine tripale, spontanée – et là encore c’est selon la cisnorme. Elle abhorre de toute façon, en bonne républicaine positiviste, tout ce qui n’est pas straight, tout ce qui lui semble risquer de « bouleverser la société ». Et on sait à quel point on nous prête à ce sujet un pouvoir de défaisage du monde que nous n’avons, de mon point de vue malheureusement, pas ! Un peu comme on impute aux juifs une puissance occulte, prévaricatrice, en somme une existence illégitime, féminine quoi (2). La haine fantasmatique envers les transses et celle envers les juifs ont quelques aspects sacrément en commun, et sont tout autant populaires, consensuelles, l’une que l’autre. C’est nous qui mettons des clous dans la forcément bonne sousoupe (tiens, ça rappelle aussi la sorcellerie) ! La misogynie qui structure ce monde en a de ces drôles de polypes historiques. Ça me fait penser à une autre que j’ai connue aussi à féministlande, une opportuniste du même tonneau, dont les propres amies riaient dans son dos, autrefois, avant qu’elle prenne du pouvoir et qu’elles se retrouvent dans sa dépendance, tellement elle haïssait rabiquement, démonstrativement, les transses, devenait blême et tremblante dès qu’une transse était signalée à moins de cinquante mètres. Aujourd’hui elle a des responsabilités, il faut un peu se tenir, trouver des prétextes sortables, comme NVB, alors ce sont ses entrailles qui font des loopings en off en présence des monstres, et le vomi haineux à la Reymond qui sort intermittemment, quand elle se croit en complicité. Ça c’est vraiment ce qu’on peut appeler de la phobie ou bien les mots n’ont plus de sens. Mais c’est aussi un type, la manifestation d’un de ces ordinaires réinvestissements de l’énergie refusée à la critique des conditions de vie en haine sociale ressentimenteuse néo-conservatrice envers les plus faibles (la fameuse « tyrannie minoritaire » vous savez !), qu’illustrent aujourd’hui les Le Doaré et les Dufresne, comme mes hétérobio agresseurs de voisins, ou les « réac’s pour tous » qui déferlent : obsessionnelle, mais au moins visible, meurtrière cependant vu la lâcheté solidaire des cisses ; la majorité dans ce milieu militant qui se dit « inclusif » (warf ! faut voir comment - ) hait, méprise, craint d’ailleurs tout autant les transses (surtout celles qui ne baissent pas la tête, mais les autres auront leur tour, pas de panique !) mais essaie de ne pas trop s’en rendre compte elle-même, d’où une violence sourde, non dite, tordue. Ou déléguée aux premières.

Mais derrière ces « phobies », il y a tout simplement la vague sociale du rêve d’un retour au fondamentaux, où les rôles sont complémentaires, où il n’y a que vrais hommes et vraies femmes, où tout le monde cultive, produit, consomme, jouit, enfante, familie, que ce soit hétéro ou homo. Presque toutes restons tournées vers des passés fantasmatiques, des trente glorieuses au « matriarcat originel », via toutes les nations possibles et imaginables, tellement nous ne croyons plus à la possibilité de crever les murs de ce monde, ni souvent, finalement, ne le voulons ! Et ce cauchemar polymorphe est équitablement, épouvantablement partagé par des qui croient encore (mais pour combien de temps ?) être dans des options politiques opposées. Alors que la plupart communient déjà avec les formes qui contiennent notre condamnation et notre anéantissement, à toutes ou peu s’en faut.

Cela fait longtemps, hélas, que les positions qui se croient contestantes, par manque de critique radicale, sont de fait dans la concurrence et dans la surenchère de réalisation des formes sociales en vigueur qui conditionnent totalement, amoindrissent le réel et ferment les possibilités au nom des nécessités intériorisées. La haine sociale semble à présent devenir, par-dessus la « compétitivité », une de ces nécessités. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire, mais c’est peut-être avec une extension et une puissance jamais atteintes.

 

Et pour comble de malheur, de bêtise aussi, de résignation roublarde, nous-mêmes commençons à suivre la logique du pire, à nous évaluer selon les critères qui sont ceux auxquels s’identifient ces gentes, et auxquels nous adhérons insensiblement, plus ou moins consciemment, en reprenant leurs formes d’organisation et de finalités (assoces, gestion communautaire de la population, etc.). Avec des conséquences évidemment identiques. F-tpglande commence à éliminer les transses qui n’apportent ni compétence, ni richesse, ni avantage en nature, comme on dit. Sans parler des qui font chier – et ce ne sont pas, par exemple, tant les caractérielles qui sont visées par cette définition que les trop critiques (mais patience, les caractérielles, enfin celles qui n’auront pas de valeur, suivront juste après dans le broyeur !). L’air de rien. L’avantage, en période de réaction et de naufrage, c’est qu’il suffit de ne rien faire, de regarder ailleurs, de soupirer éventuellement, pour obtenir un résultat radical. Les autres s’occupent de tout le technique, de l’intendance quoi. On en est (mais a-t’on jamais été plus loin ?) à ce que les t’s ont tellement peur de perdre leur reconnaissance, leur carte de séjour délivrée par cislande, que le soutien envers d’autres t’s doit être contresigné, avalisé par les cisses de tutelle ; et on cause de « communauté trans ». Quel foutage de gueule ! Et qui montre bien à quel point les t’s ne croient pas en leur propre réalité, pourtant clamée bien fort par leurs automédia : il faut que les cisses les confirment, leur donnent leur billet ! Et ainsi de suite dans l’escalier social. C’est toujours l’échelon supérieur, et en fin de compte les « nécessités communes », qui décident si tu as le droit de survivre ou pas. Et nous y croyons ! On a bonne mine, de prétendre à tue tête que « personne ne peut dire à notre place qui nous sommes », jusques d’ailleurs à l’interdiction de nous penser nous-mêmes pasque ce serait trop dangereux qu’on puisse dégager une problématique politique et sociale autre qu’identiste, et dans les faits de remettre l’entièreté de cette définition à nos tutelles cisses, qui elles doivent forcément savoir et en tous cas pouvoir, et dont nous n’osons pas nous détacher, à l’état qui distribue les extraits de naissance, à la logique d’évaluation utilitaire qui prévaut en capitalisme, enfin à la domination en général qui nous assigne notre place effective dans ses poubelles. Nan mais des fois je crois que des bouffons bouffonnes comme nous, les t’s, y en a pas eu depuis longtemps sur le marché équitable, et malheureusement que si on vient à nous crever toutes à la fin, on aura scrupuleusement tout organisé pour que ça marche. Si nous bouffonnons, hélas, ce n’est pas dans l’audace, mais par pusillanimité.

 

Le pire, c’est que nous sommes toutes dupes, et dupes consentantes, de ce qui se révèle finalement pour une haine systémique de nous-mêmes, de l’assigné féminin et de ce que nous pourrions porter de résolument négatif, de toute sortie. Nous sommes dupes par notre désespérante adhésion, identification aux structures, au formes et au nécessités que nous tend comme autant d’hameçons le système patriarcal, économique, relationnel ; de croyances envers les baudruches mortelles de son propre fétichisme acéphale dont nous achevons de parfaire l’hégémonie. Nous sommes dupes à fond de la confusion entre ressentiment réappropriation récup’ et émancipation possible. Nous sommes dupes des thèses daubées du moindre mal, dupes de la croyance utilitaire en la prééminence des buts et des fatalités sur nos peaux (enfin si possible d’abord celle de la loquedue là bas dans le coin, puis celle de la voisine, après éventuellement la mienne…) On ne peut guère imaginer plus misérable faillite, façon de chuter dans la machine en nous entraînant, en nous y poussant les unes les autres.

 

Toutes dupes, les républicaines hégémonistes « retour aux fondamentaux » et bien dégagées sur les oneilles, les alternaféministes pourries de lâcheté affinitaire, de peur de penser et de compromissions, les transcommunautaires responsables qui tentent de faire admettre les plus rentables d’entre nous dans le dinghy à la remorque de la valorisation et gèrent honteusement l’élimination des autres. Cela ne nous exonère évidemment pas de la responsabilité que nous avons dans les saletés que nous faisons au nom de cette duperie, mais c’est pas permis d’être aussi cyniques et aussi bêtes, car nous en sommes à terme toutes appelées, dans l’ordre hiérarchique inversé, à passer à la broyeuse. Et notre slogan de fond devient celui du capitalisme finissant : « crève aujourd’hui, moi c’est pour demain ! ». Classe. Pas étonnant qu’en attendant notre tour, nous passions notre temps résiduel à mater des docu-fictions sur le passé héroïque – qui nous a toutes, de toute la planète, menées où nous en sommes ! Tout cela dans la plus pure tradition achevée de la totalité (Béatriz, il ne faut jamais appeler à la totalisation de quoi que ce soit, c’est amener un malheur imparable sur sa tête et sur celle des autres !)

 

Pourtant c’est de plus en plus clair, notamment en ce qui concerne le bas du panier. Les intermédiaires en cours de dévaluation elles-mêmes nous font désormais bien comprendre qu’elles se sont assez forcées à faire semblant de nous laisser une place (et quelle place !), le cynisme naturaliste, fondamentaliste, revient en force. Mais voilà, il ne fallait rien leur demander ; si nous étions, vraiment, comme nous l’avons prétendu, eh ben il fallait l’occuper, cette place, sans visa. Demander, que ce soit poliment ou pas, quoi que ce soit à qui a le cul posé sur sa tête, c’est éternellement l’avoir dans l’os. Il n’y a que si nous nous faisons réellement égales, et pas en fonction d’une « valeur suprême » de reconnaissance ni d’évaluation, qu’on pourra se regarder et se trouver.

 

Est-ce qu’il est encore temps, déjà pertinent, d’appeler à un réveil et à un refus de cette rapide glissade vers l’utilitaire, la normalisation, la droitisation et pour nous, finalement, l’anéantissement ? Ou faut-il attendre qu’il y ait encore plus d’effacées sur la photo de famille ? Il y en a déjà pas mal, j’en ai connu un taf en deux décennies.

 

Il ne s’agira pas d’essayer de recoller le verre en pyrex ; il est cassé, bien cassé, et chercher sans cesse à rafistoler les formes, les idées, les pratiques qui nous ont menées dans l’impasse, ce qui semble être actuellement toute la tâche du militantisme, eh bien c’est mort ! Il s’agit donc d’examiner et d’inventer, et de parer au plus pressé non plus en faisant mine de mettre des pansements de plus en plus institutionnels et dépendants du système même qui provoque isolement et misère, mais en faisant face, et en cessant de s’entréliminer.

Un avenir immédiat possible n’est pas dans le faire, qui nous a entièrement constituées en rouages de la machine à tuer, mais dans le cesser de, la grève quoi, mais une grève résolue de la réalisation des formes sociales, afin de nous retrouver. Pour nous entraider, il faut déjà commencer par cesser de nous entredétruire, d’y consentir en le déléguant.

On ne relancera pas la critique ni l’action féministes par l’amalgame ni par le consensus ; c’est justement de ceux là qu’on joue depuis trop longtemps et ça les a faites crever. Et nous avec, parce que l’usage de ces structures se fait toujours par rapport à des formes autonomisées, idéales, qui nous mènent à nous anéantir pour nous conformer à leurs contradictions niées. En finir avec la convergence et l’unité, lesquelles nous écrabouillent toujours dans l’unicité. On les relancera à partir de nous-mêmes, et de nous-mêmes un peu déchargées de tout ce qu’on a voulu y faire entrer, qui ne chercherons pas à ressembler peureusement les unes aux autres, ni à ressembler forcément à quoi que ce soit. Si possible en évitant de glisser dans les ornières déjà largement creusées de la dénégation, du "tout est dans tout" et du réformisme libertaire...

Ce ne sont là que thèses, parmi bien d’autres à espérer ; mais si quelque chose se dégage, tout de même, c’est bien ne pas recommencer encore ce qui nous a menées où nous en sommes !

 

Sans critique radicale de nos prémisses et sans changement tout aussi radical de nos comportements réciproques, il n’y aura bientôt plus de féminisme, si ce n’est un croupion réactionnaire, pragmatique et résigné, soumis à toutes les instances forcément supérieures, en attendant l’abattoir.

 

 

 

 

 

(1) Soyons pragmatiques ; la naturalisation repousse la menace de la déportation. Je dis repousse parce qu’il y a déjà eu des lois de dénaturalisation, dans l’histoire contemporaine, et que je suppose que quand il faudra purger la population pas rentable, les républicains en redécouvriront les vertus. De même, le changement d’état-civil nous permettra, quand on nous foutra en taule, remède éprouvé à la non-rentabilité avec l’assassinat direct, de nous faire casser la gueule par de vraies nanas au lieu de nous faire violer par de vrais mecs. Elle est pas belle la vie en démocratie ?

 

(2) On peut lire deux analyses que je trouve assez convaincantes à ce sujet de Postone dans les Épines. Par ailleurs un recueil d’articles de lui à ce sujet est paru récemment : Critique du fétiche capital

 

 


 

 

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  • : transse et bie juskaux yeux ; vivisecte les économies politiques, premier, second marché ; acétone et antivitamine K - Le placard à Plume, la fem-garoue
  • : Un informel méthodique, exigeant, fidèle, pas plaintif, une sophistique non subjectiviste, où je ne me permets ni ne permets tout, où je me réserve de choisir gens et choses, où je privilégie le plaisir de connaître, c est là mon parti pris, rapport aux tristes cradocités qui peuplent le formel cheap, repaire des facilités, lesquelles en fin de compte coûtent bien plus. Je me vante un peu ? J espère bien. Déjà parce qu ainsi je me donne envie de mieux faire. Hé puis ho ! Z avez vu les fleurs et les couronnes que vous vous jetez, même l air faussement humble ? Faut dépercher ; quelqu'orgueil assumé vaut mieux qu une pleine bourse de roublardise attirante. Je danse avec le morcellement et la sape de l'économie, de la valorisation, de la fierté, de l'empouvoirement.
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