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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 09:36

 

 

Je me suis esbaudie, comme quelques autres, devant l’avis rendu par le conseil national consultatif des caf au sujet de l’extension des formes sacrées d’hétérolande à toute la population. Vote négatif – dont celui des représentants de la cgt, jamais en retard d’une œillade au peuple bien réac dont nous avons le malheur de faire partie. Beh oui hein, que vont devenir les chères têtes blondes ou gît la résurrection nationale (rémanente depuis le sursaut national post-45) si elles manquent de l’altérité et de la complémentarité des sexes, c'est-à-dire tout bonnement de la hiérarchie misogyne et de l’exemple nécessaire de la domination masculine, comme des formes m en général, hein ? Peut-être des tapettes et des feignasses (si seulement ! - en fait le désir de normalité l'emporte toujours statistiquement).

 

Je ne parle même pas du faux-culisme gouvernemental. En démocratie représentative, « les promesses n’engagent que celles qui les croient ». Et faire confiance aux soc-dem, avec leur passé permanent de déni et de trahison, était quand même une performance. Les intégrationnistes lgteubées sont cocues, mais ça paraissait évident dès le soir du premier tour et le score de la droite dure ; plus question de laxisme sur les symboles… C’est pour ça qu’on a Valls et la chasse aux clandos, Montebourg et la france saine au bras retroussés, Vallaud-Belkacem et les bons sentiments prohibitionnistes.

 

Mais j’ai été tout aussi épatée par un article qui dénonçait cet état de fait, paru dans Féministes en tous genres, et qui assigne cependant dans le même mouvement comme but de la vie aux mêmes gosses éspéréEs de devenir convenablement des sujets et des citoyens. Autant dire plus crûment des producteurs et des consommateurs. Et de parfaites acteures du cirque ci-dessus évoqué.

 

Bon, déjà, je trouve assez croquignole qu’aujourd’hui personne ne semble plus se poser de questions quant à la reproduction effrénée des formes sociales qui ont fait le patriarcat classique autant que contemporain : famille, mariage, couple, incitation à enfanter. Pourtant on la leur aurait bien laissée leur vie de m… à la colle, le lit conjugal, les marmots qui braillent et toute la séquelle ; mais puisqu’y paraît que nous ne pouvons pas vivre sans le bonheur de cette glu… Enfin bon, je m’en suis déjà expliquée. Là, c’est le reste de l’idéal de vie qui se déroule. Il ne va pas très loin. Et il exprime bien à quel point nous baignons, de quelque côté politique que nous soyons, dans l’horreur et l’angoisse envers la remise en cause des barrières et des mangeoires de notre zoo social.

 

Ce n’est pas non plus par hasard que les parties qui s’opposent sur ce sujet, comme sur bien d’autres, défendent et thurifèrent exactement les mêmes formes et valeurs. La seule différence étant que les réaques pensent que seul la hiérarchie et pépé familias doivent bénéficer de l’affaire ; et les progros que tout le monde doit s’y intégrer à même titre. Ce qui est sans conteste logique et défendable en cohérence interne.

 

Évidemment je fais la nouille en toute mauvaise foi ; je sais fort bien que lgteubélande et la majeure partie de tpglande ont depuis longtemps décidé de trouver ce monde génial et de l’avaler en long, en large et en travers. Ce qui nous fait, comment dire, une drôle de gueule, bien distendue de tous côtés. Et que ma foi, nous nous retrouvons quelques unes à la baille après la plongée vers les abysses, qui pour notre part n’entendions pas du tout faire avec, et pour qui, si nous étions lesbiennes ou t’, c’était aussi et peut-être même d’abord parce qu’on avait résolu d’en finir avec les formes sociales en vigueur.

 

Nous étions quelques, en un temps pas si ancien, qui ne voulions ni produire, ni nous gaver, et surtout pas engendrer. Il se trouve que nous pensions avoir mieux à faire – ou à glander – que de participer aux pitreries sordides de ce triste monde.

 

Aujourd’hui des ex de cette trempe s’adjurent les unes les autres de signer pour la promotion de la PMA, du natalisme, plein de petits nenfants, relance de l’économie, résurrection de la famille. Tiens, fume !

 

Je ne sais pas ce qu’elles pensent ? Que des mômes de lgteubés intégrationnistes changeront quoi que ce soit au désastre ? ou bien qu’ellils payeront les maisons de retraite quand on aura alzheimer ? Mon œil ; il y a toutes les chances que ce fassent de parfaits hétéros réacs, vu comment les choses tournent ; et que la misère sera à un tel point qu’on ira directement à la déchetterie, et elleux après. Même d’un point de vue calculateur c’est raté d’avance, les filles. Et d’un point de vue humain, eh bien le cirque familial, reproductif, dévoué et admiratif des larves prescriptrices de conso est relancé. C’est trop classe. Les gentes et les nanas en particulier continueront à passer l’essentiel de leur vie à torcher, à élever, à supporter, à être coincées dans ces histoires qui n’en finissent plus. Vu la situation économique et humaine, j’ai déjà bien des connaissances qui à soixante ans passés sont toujours à ne pas avoir une minute pour elles, et mourront à la tâche.

 

Elles y ont pensé un peu les camarades qui réclament et acclament hétérolande pour toutes, avec son système familial et reproducteur ?

 

Ou bien est-ce qu’elles ne se risquent plus à rien penser, l’important étant d’être in the move ? Possible. Même si cela les conduit à des positions de plus en plus conservatrices, petit à petit – quand on veut intégrer un ordre, il ne faut surtout pas qu’il bouge, sans quoi la peine de s’y conformer en est perdue. Á promouvoir, à intégrer et à œuvrer pour étendre ce à quoi nous avons autrefois voulu échapper. Ce sans quoi nous estimions qu’une vie émancipée serait mieux possible.

Il est vrai aussi qu’une autre génération est venue, laquelle ne présente plus ce genre de soucis ni d’ambition – non qu’elle manque de cette dernière, mais elle l’investit profitablement dans l’occupation des cadres de la domination présente et des places de ses bureaucraties institutionnelles autant qu’associatives. Les anciennes, séduites par tant de cynisme désinvolte, suivent cahin caha, subjuguées, mentalement en laisse. C’est sans doute pour ça aussi que leur sens critique a été mis sous une grosse serviette de table ; y faut plaire à cette jeunesse, et elle n’aime pas les scrupules.

 

Pourtant, le résultat risque de ne pas être du tout semblable aux images qu’on projette de l’avenir radieux en démocratie sanitaire ; il est déjà là, je l’évoque plus haut. La mise à disposition familiale toujours plus poussée, l’aménagement de la misère et de la maladie, la rencontre de la pénurie du naufrage économique et de l’injonction morale, bref tout ce qui fait que les nanas l’auront à terme une fois de plus dans le baba. Mêmes forme sociales, mêmes conséquences.

Comme toujours il y en a et y en aura qui auront fait leur beurre de cette baratte, et su s’exonérer des pénibles tâches comme des positions subalternes. Ce sont elles qui écriront l’histoire. Enfin – jusqu’à un certain point de la barbarisation déjà engagée, où il faudra plus que quelques galons pour échapper aux conséquences.

 

Bref je rigole jaune quand je songe au rêve des mes congénères pour leurs nenfants : de parfaits citoyens de la forteresse europe, agrippés à leur niveau de vie et à leurs quarante heures, vivotant chez leurs parents, « protégés » par les rangées de barbelés des pays tiers, comme on dit, sujets automates de l’économie, d’un état plus répressif que jamais et pour tout dire des formes du patriarcat étendues à tout le monde. Mais rainbow. Et ©.

 

Il y eut autrefois des chimères inquiétantes appelées féministes révolutionnaires. Pour qui l’émancipation possible n’était pas déjà écrite, n’était pas l’égalité dans la débine, ni la dépossession démocratique, et pas non plus le rattrapage léniniste, l’intégration familiale ou les régressions religieuses. Qui ne faisaient pas non plus dans le consensus, que ce fut entre elles ou avec patriarcalande. Encore moins dans la surenchère avec cette dernière. Il s’agissait de briser la fatalité, d’en finir avec l’indépassable. Où sont elles désormais ? Pas même dans notre mémoire semble-t’il. Où en sommes-nous ? Á la mairie, à la maternité et au cimetière.

 

 

 

PS : je signale cet article paru sur un site de la Vienne, au sujet d’une campagne d’affichage qui a le paradoxal « mérite » d’exprimer naïvement la vie à laquelle nous sommes réduites - http://nidieuxnimaitrenpoitou.over-blog.com/article-poitiers-sexisme-et-national-productivisme-les-deux-mamelles-de-la-poitevine-110452850.html

 

Il ne faudrait qu’un très petit effort, arrivées là, pour commencer à supposer que les nanas caricaturales de l’affiche sont précisément les « sujets et citoyennes » que nous invoquons si facilement et si mal à propos, et que c’est tout cela qu’il y aurait à bazarder.

 

Une fois de plus, Valérie, tu nous manques !

 

 


 

 

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  • : transse et bie juskaux yeux ; vivisecte les économies politiques, premier, second marché ; acétone et antivitamine K - Le placard à Plume, la fem-garoue
  • : Un informel méthodique, exigeant, fidèle, pas plaintif, une sophistique non subjectiviste, où je ne me permets ni ne permets tout, où je me réserve de choisir gens et choses, où je privilégie le plaisir de connaître, c est là mon parti pris, rapport aux tristes cradocités qui peuplent le formel cheap, repaire des facilités, lesquelles en fin de compte coûtent bien plus. Je me vante un peu ? J espère bien. Déjà parce qu ainsi je me donne envie de mieux faire. Hé puis ho ! Z avez vu les fleurs et les couronnes que vous vous jetez, même l air faussement humble ? Faut dépercher ; quelqu'orgueil assumé vaut mieux qu une pleine bourse de roublardise attirante. Je danse avec le morcellement et la sape de l'économie, de la valorisation, de la fierté, de l'empouvoirement.
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