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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 09:05

 

Moins alambiquée et plus matérialiste, je suis revenue depuis sur ce genre de question dans http://lapetitemurene.over-blog.com/2016/11/anna-tommy-6-love-backlash.html

 

Vous avez du maintes fois remarquer ma très grande aversion, pour ne pas dire pis, envers les idées et propagandes de plus en plus diverses et néanmoins convergentes qui positivent le fait de faire – et du coup d’avoir, de devoir s’occuper, des enfants. Tout autant que contre l’idéalisation de celleux-ci, notamment dans les conditions actuelles de surinvestissement envers ces promesses sur pattes particulièrement pénibles, et qui ne tiendront jamais rien plus que nous n’avons su tenir, tout en nous bouffant le peu d’existence qu’on nous concède.

 

Il me paraît cependant important, même si ça aussi ça se comprend très bien quand on lit mes foucades, que mon antinatalisme est en faveur de la vie la plus correcte possible et imaginable des nanas existantes et présentes, et n’a rien à voir avec ce qui motive en général ce genre de position : un calcul malthusien.

 

Les choses sont très simples. Je fais partie de celles qui, tout bien considéré, refusent que nos existences soient conditionnées, rabotées, mesurées, légitimées ou non, en fonction de « nécessités » générales ou même absolues, et d’abstractions diverses. Bref que le principe de nos vies se trouve en dehors d’elles-mêmes. En clair, je suis opposée aux conséquences de ce qu’on appelle souvent la « révolution copernicienne », surtout dans les affaires humaines. Cette « révolution » qui consista à placer en dehors de notre cadre propre l’axe de ce que nous comprenons comme le monde. Bien sûr quand on parle de Copernic et de quelques autres, cela fait référence à la conclusion que la terre n’était pas le centre de l’univers. Je vais dire quelque chose qui va vous faire bondir, mais j’ai l’impression qu’en s’intéressant à ça on s’est enfilés dans un fort mauvais coton.. En effet, depuis, on n’a pas cessé de faire dépendre nos existences et le rapport que nous y nourrissons de « mesures objectives », suspendues en dehors et au dessus. Sans parler qu’au fond ça n’avait pas la moindre importance pour la vie que nous menions et dans une certaine mesure menons encore – l’atmosphère ne se dérobe pas d’un poil si nous cessons d’y accorder crédit, et le soleil ne s’en lève pas moins (1). On peut tout à fait vivre, et confortablement, sur Terre, sans nourrir la moindre spéculation copernicienne !

Je suis de celles qui pensent que le capitalisme, c'est-à-dire la prééminence donnée à la « dimension économique », a vu sa mise en place facilitée par les points de vue coperniciens, scientifiques et tout ce bataclan. Et si le monde précopernicien était déjà, évidemment, réglé sur l’hétéronomie assez radicale du divin, les idéologies du Bien, du sens de l’histoire et autres nécessités objectives ont motivé des exactions et des désastres d’une ampleur inconnue jusque là, même pour la bestiole agressive que nous sommes. On aurait pu vivre fort bien sans se soucier de savoir qui tournait autour de qui. Et une part de nos infortunes historiques est peut-être liée à cette passion de nous forger finalement de nouvelles divinités, bien voraces, en l’espèce des « vérités objectives » au nom desquelles nous nous faisons passer à la casserole, plutôt deux fois qu’une.

 

Or donc, comme je disais, la plus grande partie des idéologies antinatalistes n’ont rien à battre de ce que se coltiner des mômes c’est chiant et pénible, que la vie est fort courte et qu’on y aurait une foultitude de choses plus passionnantes à faire, sans parler de ne rien faire. Non, les raisons données sont qu’on serait « trop nombreux », « qu’y en aura pas pour tout le monde », etc. C'est-à-dire précisément les idéologies de guerre mutuelle, de possession privée et de pénurie qui accompagnent l’économisme depuis trois ou quatre siècles. Où on a réussi à produire des monceaux inouïs de choses, de plus en plus néfastes et pourries, sans que la plupart en aient, et surtout des plus utiles !

Les malthusianismes mettent précisément en avant des raisons externes à notre existence pour estimer celle-ci, dans la droite tradition copernicienne et scientiste, où ce sont, ô fétichisme, camarade Marx au secours, les choses, investies du pouvoir décisif, pour ne pas dire les marchandises et les métamarchandises (nature, planète etc.) qui se substituent à nous comme sujets sociaux et « réalités décisives ». En quoi on a l’habituelle chute des velléités de critique dans la naturalisation des formes sociales en vigueur, qui a fait de bien des révolutions des sessions de rattrapage du capitalisme et des ses abstractions réelles annexes. En gros, je pense que le malthusianisme à dès son origine (et son auteur) fait l’impasse précisément sur une critique de la société de production, d’échange forcé et de pénurie, en avalant ses présupposés d’angoisse matérielle permanente – création du besoin – comme sa confiance dans la prééminence des données externes, toutes formes si utiles à fouetter les producteurs et les consommateurs dans la galère des nécessités.

Sans parler du rôle foncier dans ces types de pensée de notre bonne vieille illégitimité foncière, elle directement héritée des religions culpabilisantes, abrahamiques en particulier. Nous sommes toujours coupables, toujours de trop, il y a toujours une bonne raison de tuer plein d’entre nous, que nous soyons mécréants ou non-rentables. Pensées systématiques de malveillance envers nous-mêmes et autrui. Eh bien m… !

 

Ces approches, les amies, me font vomir. Si je suis antinataliste c’est pour nous, pas pour les « ressources » ou la « planète », cet « organisme » dont je n’ai absolument rien à branler, et dont l’évocation alarmiste sert uniquement à renforcer les prérogatives de la domination, des états, des polices, avec l’assentiment enthousiaste des décroissants et autres écologistes. Je reprends à mon compte là-dessus la critique des camarades Riesel et Semprun. Et aussi celle fort éloignée en apparence, mais peut-être pas tant en fait, de Solanas.

Pour moi la seule bonne raison d’agir, c’est de prendre nos vies en main, de nous autonomiser, de créer des rapports humains et non plus sociaux, de cultiver notre imperfection en somme. Il y aura ou pas des mômes, probablement toujours un peu. Mais nous gagnerions quelque chose de décisif à remettre en cause, au lieu de vouloir les intégrer, les structures du patriarcat qui sont quand même bien ancrées sur le souci de la reproduction-transmission des pouvoirs et des biens. On n’a pas à organiser les choses en fonction des aliens qui surviennent – je rejoins là la thèse d’Arendt sur l’étrangéité de l’enfant dans un monde déjà constitué, en sus du fait que c’est un emmerdement sur pattes.

 

Je suis donc, comme antinataliste, assez déprimée par l’effervescence qui agite toute la société à ce sujet depuis vingt ans, comme par hasard au moment même où la valeur des « vies pour elles-mêmes », dans le cadre politico-économique, s’effondre ; et où nettement l’enfantement revient à la mode comme pansement – mais alors coûteux, le pansement. Je ne parle pas en argent. Je parle en vie, en peau, en temps. Je vois juste les copines, les copines de la génération qui s’était soulevée contre ça, qui aujourd’hui se retrouvent à devoir faire vivre leurs enfants quarantenaires, et pouponner leurs aliens, tout en quelquefois surveillant du coin de l’œil leurs parents déments ! Pas une minute. Crever à la tâche. P… ! C’est ça, c’est pour ça qu’on s’est battues ?

Et je vous le tranche tout net – je ne fais pas un pas dans le sens de la tradition et du complémentarisme sexuel. Ç’a toujours été le bagne pour les nanas, partout. Il n’y a pas d’issue vers le passé – et si on aurait pu suivre d’autres chemins à divers moments, de toute façon c’est râpé. La sortie n’est pas derrière ; elle n’est pas non plus dans l’obstination productiviste. Sortir du capitalisme, ce n’est pas le plein emploi, les crèches et l’hypersocialisation, dont on voit déjà les conséquences dans la folie qui gagne ; c’est bazarder toutes ces obligations et ce injonctions repeintes en « services » et en « opportunités ».

Je fais partie de celles qui croient que si on vivait des vies moins pourries, singulièrement, on aurait moins envie de se les pourrir encore plus pour être bien sûres de notre fait. Tout bêtement. Je suis une optimiste – vous ne vous en doutiez pas ?

 

Comme antinataliste je suis parfaitement anti-malthusienne, et de manière générale, allez un petit néologisme que je dédie (re !) à Arendt qui a beaucoup réfléchi sur la question, antinécéssitaire. Le jour où nous commencerons à cesser de nous payer de mauvaises raisons pour légitimer notre émancipation, on aura fait un sacré bougre de pas sur le côté ! Partir sur le côté est le prélude à toute évasion. En face il n’y a que le gouffre.

 

 

 

PS : Ce que je trouve assez tristement cocasse, c'est que lorsque je discute là dessus, bien souvent, on glisse sur les motifs de la vie présente pour finir par me dire "mais alors, comment on va faire après quand on va vieillir ?". Ce qui résume en dix mots la totalité de l'impasse où nous nous sommes foutues et dont nous craignons comme la gale de sortir : qui va payer nos maisons de retraite et nous torcher quand on pourra plus ? Point. Voilà toute la perspective humaine et politique que la civilisation perfectionnée nous a laissée. C'est tout de même trop classe, nan ?

 

PS 2 : Je vois, ô honte, que j'ai oublié de faire référence à Madeleine Pelletier, laquelle fut au tournant de l'autre siècle une des défenseures bien isolée d'une opposition au natalisme centrée sur la vie des nanas, et pareillement d'une remise en cause radicale du relationnisme et de la sexualité - elle fut une des très rares anarchistes à mener une critique de "l'amour libre", c'est à dire de la mise à dispo des nanas pour les "besoins" masculins, libération qui était encore à l'affiche soixante dix ans plus tard !!

 

 

(1) je trouve d’un humour fort noir que l’on nous bassine dans les média avec les incroyables performances d’un quad télécommandé envoyé sur une planète voisine, et encore plus désopilant qu’on nous annonce comme des nouvelles d’importance la supposée présence d’autres planètes, tout à fait invivables et à des distances astronomiques, alors que nous sombrons depuis un siècle dans la guerre générale, les dingueries les plus avancées et somme toute l’extermination. On se demande où ont la tête des gentes capables de s’occuper de pareilles niaiseries, et dans une telle situation, sans même parler de celleux qui les relaient et les écoutent avec dévotion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 08:38

 

 

« Pro-vie, pro-famille, pro-gosses ; parce que vous croyez que nous on est contre ? » Question posée par une militante lgtb à des réaques en goguette.

 

Je suis pas tombée sur le cul, j'étais déjà assise ; et de toute façon je connais la réponse lourdement majoritaire depuis vingt ans : oui, on est pour ça. Comme on est pour le travail, la république, les rtt, les gentils flics qui nous protègent des méchants malfaiteurs… C’est Mickeyville partout ! La réconciliation nationale ! La fin de l'histoire ! Alleluïa ! .

 

On est pour tout, dans tout ce qui est, et on a juré méfiance et hostilité envers tout ce qui n’est pas et pourrait être, bouh. On est d’une bonne volonté à faire peur. On a résolu de tout avaler et d’ailleurs on l’a fait.

 

Bizarre qu’ellils ne soient encore pas contentEs ; pourtant on a intégré toutes leurs croyances, tous leurs modes de vie. Un peu plus on va se déguiser en m et en f pour faire encore plus vrai. On s'y entraîne déjà. 

 

En d’autres termes, être lesbienne ne voudrait surtout, mais alors surtout plus dire vouloir que les choses changent. Ce serait au contraire vouloir s’y intégrer, à fond. Vouloir se réapproprier, réaliser une bonne fois pour toutes ce bon vieux patriarcat dont les coutumes et les formes sont tellement attrayantes. Que c’est une honte qu’on en ait été privées si longtemps. Mais maintenant on est sages, on y a droit, on va tout bien faire comme vous, fonder des familles, élever des lardons, cotiser à la mutuelle, tondre le dimanche entre 3 et 5 le gazon du lotissement…

 

L’identité, marchandise parmi les autres, l’a emporté sur la volonté de changer l’ordre des choses – et des gentes. Et ça risque de nous mener « loin ». C’est que ça nous a déjà rendues fort conservatrices, la convoitise envers ces bonnes vieilles structures sociales qui se ficellent à la mairie, chez les notaires, dans les assurances-vie, devant les tribunaux quand ça chavire. Et il va falloir les protéger, en plus, ces formes si fragiles. Voilà que les bouleversements possibles ne nous apparaissent plus du tout sous le même jour. On a des intérêts maintenant dans l’ordre présent, et pas qu’un peu. On va apprendre, quand ce n’était déjà le cas, à aimer l’état, le contrôle social, la répression, la défense contre les vilains non-rentables ou les aléas politiques qui pourraient faire chuter le niveau de vie de nos petites familles, remettre en cause nos propriétés laborieusement acquises, nos annuités retraite, notre marasme républicain. Plus touche ! On est déjà conservatrices, on va apprendre assez vite à être réactionnaires. Chez les versaillais, pour être tout à fait in.

 

La substitution de la revendication à la critique mène systématiquement par assimilation et ralliement aux formes majoritaires vers une droitisation. Les mouvements d’intégration identitaire qui ont évincé ceux de contestation en sont en ce moment un exemple type, de même que les divers populismes simplificateurs. Il faut dire que c’est une tendance profonde en ce moment, et peut-être le début d’une régression massive, qui entraînerait tout le monde dans l’effondrement ; pour n’avoir pas voulu sortir de ce monde, et au contraire nous y entasser, nous périrons avec lui. Et le défendrons avec la brutalité requise, aux côtés de tous ses autres tenants, contre toute tentative d’échappatoire. Ça sera classe autour des barricades, si barricades il y a : robocops et militaires lgteubés défendant la propriété et la sécurité républicaines-rainbow© contre gouines antipatriarcat, antinatalistes et anticapitalistes. Au moins ça aura le mérite de montrer que les sexualités et autres identités ne sont pas un mode pertinent de départagement politique.

 

On commençait à commémorer ces derniers temps le dixième annif de la mort de Wittig. Je me suis demandée ce qu’elle aurait pensé de tout ça, mais tout simplement aussi ce qu’elle pensait de son vivant, que ça avait déjà bien commencé à glissouiller. Ce n’était pas très clair. Wittig avait du mal à se débarrasser de la gangue léniniste, et de l’envie de rattraper ce monde. Et cependant on sent bien qu’elle n’était pas non plus à l’aise avec la revendication-acceptation. Pour ça je pense elle prenait du champ.

 

Je suis incontestablement plus proche de Solanas que de Wittig.

 

En tout cas, s’il y en a qui sont paumées, ce sont bien les réaques. Autrefois, c’était clair, nous avions des projets de société ou d’autre chose exclusifs, opposés, qui se rentraient dedans direct. Elles voulaient ce monde en bien concentré, nous voulions démolir les formes qu’elles défendaient.

 

Á présent, nous voilà toutes les unes sur les autres, à réclamer la même vie, les mêmes formes sociales et relationnelles, à en rajouter sur comment nous allons super bien les remplir et réaliser. Il y a de quoi en perdre la tête. Apparemment, de notre côté ça suscite fort peu de perplexité. M’alors en face, la panique. Y z’en sont à se couper l’herbe sous le pied pour pas qu’on y vienne ; ainsi d’un fort ahurissant communiqué d’un syndicat de notaires, qui s’oppose à hétérolande partout ; alors même qu’y z’ont tout à y gagner, comme les autres professions juridiques d’ailleurs. Contrats et procès (qui ont déjà commencé, il y a déjà des empoignades entre parentes), lesquels vont de pair avec l’extension des formes du capitalisme et de la citoyenneté propriétaire (laquelle est au départ le but principal de la conjugalité, on l’oublie trop aisément), vont fleurir. Pour parler vulgairement, y vont se faire des c…. en or. Mais nan, moralement ça bloque.

 

Ces gentes là doivent se poser la question « qu’est-ce qu’on a merdé pour que ces dépravées libérales viennent picorer dans notre triste gamelle ? ». Ben, rien je pense. Si il y en a qui ont étrangement déraillé, c’est plutôt nous. Enfin, déraillé, non, on s’est ralliées, voilà tout.

 

Au fond et en toute logique intégratoire et accaparante, il n’y a effectivement pas de quoi en ch… une pendule. Nous avons massivement fait un choix (ce fameux choix qui fait si peur à sos-homophobie). Et comme sos-homophobie nous faisons tout pour oublier que ç’a été un choix, non non, on a toujours été super bien avec ce monde, avec la famille, avec les aliens, avec hétérolande ; on veut y prendre part, s’en gaver, le servir comme des vestales. Les gouines rouges, comment dire, n’avaient pas saisi le sens ou plutôt la fin de l’histoire, voilà tout, sans quoi elles feraient comme nous aujourd’hui. There is no alternative, un monde unique et heureux.

 

Beh oui, ça n’a pas grand’sens, je le vois bien, de s’étrangler et de s’offusquer. Maintenant c’est comme ça, nous sommes comme ça. Au fond nous avons même peut-être toujours été comme ça. C’est le réel indépassable et voilà tout. Comment avons-nous – non, comment aurions nous pu commettre cette dangereuse erreur, probablement antidémocratique (Caro !), de vouloir changer les rapports humains ? Ce doit être un faux souvenir, un vieux cauchemar mal digéré.

 

Ou alors ? L’autre jour, je répondais à un envoi d’une très ancienne camarade, qui faisait suivre un texte sur une supposée – et espérée - opposition irréductible homo/hétéro, que je craignais que nous en soyons tout au rebours, et la tête dans la photocopieuse. J’ajoutais, un rien grandiloquente, que je pensais que nous étions dans un désastre historique aussi pour les tpg, c'est-à-dire le naufrage de ce que nous avions voulu porter en d’autres temps, et, je le répète, l’assimilation à hétérolande – donc la victoire de celle-ci.

Mais peut-être tout le monde n’est pas d’accord justement pour se passer à la photocopieuse, malgré l’apparence d’unanimité et les clameurs d’adhésion ?

Bref je jette la bouteille au marais, peut-être pour des temps prochains où, l’enthousiasme retombé, d’aucunes commenceront à percevoir la misère et l’autoarnaque dans la reconnaissance et l’intégration.

(Peut-être serons nous fières de vivre la même misère que les hétér@, l’égalité avant tout ? Difficile de dire jusqu’où la peur et la honte de se singulariser peuvent nous conduire.)

 

N’empêche, nous sommes encore un certain nombre à être contre la famille, l’enfantement, l’intégration au patriarcat élargi, la demande de certificats de bonne vie et mœurs au pouvoir, la résignation à ce monde laborieux, et cette survie idéalisée qu’on appelle la vie, en cadence alternée avec les anti-avortements - à qui l’acclamera le plus fort !

Nous sommes encore plusieurs à ne pas vouloir de cette existence en tube digestif, à ne pas bien voir à quoi servent les droits dans un monde d’impuissance, sinon à nous encager encore plus, à dire que nous nous passons allègrement des baptêmes républicains.

Nous sommes encore quelques unes à nous souvenir que féminisme et lesbianisme furent des mouvements révolutionnaires ; des refus de la résignation et des volontés de sortir de la saumure ; pas des boutiques du marché existentiel. Qu'elles peuvent redevenir refus et perspective ; changement de génération aidant, ou esprits se trouvant. Vrai qu’à voir où on en est tombées, c’est à n’y pas croire. Mais nous sommes d’indécrottables optimistes. Et l’histoire a ses surprises, bonnes et mauvaises – selon où on se trouve sur l’échiquier, les choix qu’on a faits. Reste en effet le choix, ce fameux choix qui effraye tellement qu’on préfère souvent nier jusques à sa possibilité. Comme tous les spectres historiques, on a beau l’enterrer, il remonte, rentre par les écoutilles mal fermées, fait sauter les canalisations. Le spectre du choix évacué viendra chatouiller les pieds des gentils couples endormis, avant de devenir sans doute moins friendly. Les unes et les autres ne pourront pas nier très longtemps qu’elles ont choisi, et ce qu’elles ont choisi.

 

Nous sommes dans de très sales temps, dans des années gluantes, mais nous parions que les mauvais jours finiront.

 

 


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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 12:38

 

 

S’il y a une expression qui engloutit littéralement nos réflexions et exauce nos intentions, depuis quelques années, c’est bien « prends soin de toi », injonctif de « prendre soin de soi ». On ne dit même pas cela parce qu’on n’a rien à dire, ce serait un moindre mal ; on dit cela précisément parce que c’est là tout ce qu’on veut dire et entendre. « Prends soin de toi » est la version 3.0 du « courage », cette vérole isolante, individualiste et gestionnaire sociale au moindre coût (ce qui est un pléonasme) par laquelle nous nous fouettions déjà mutuellement pour continuer à traîner la charrette de nos vies en plein développement depuis le dix neuvième siècle.

 

Soin et besoin, l’horizon en coupole de notre petit paradis racorni. Soin et besoin, notions totalement adaptées à l’isolement concurrentiel citoyen. Mon soin, mes besoins. Ce que je dois obtenir. On croirait entendre le couinement des girafes pouic pouic piétinées en rang. Mais c’est encore une image bien sympathique pour ce qui recouvre en fait la guerre et la peur de toutes envers toutes, la destruction de toute humanité par la réduction à la bulle, cette fameuse bulle, traduction émotionnelle de l’individu-valeur en bout de course, que nous aimons tant à porter sur les fonts baptismaux en autodéfense.

 

Prendre soin de soi, c’est généralement très mal s’occuper de ses fesses, aussi mal que l’exigent les nécessités de l’heure et de la décennie. C’est même acter qu’on a renoncé à s’en occuper, qu’on a sous-traité.

S’occuper de ses fesses suppose précisément de pouvoir agir seule, mais aussi avec autrui, et est rendu impossible par l’autisme, la parano, l’impossibilité de faire, fut-ce de se suicider correctement, et par la médiation ensocialée des rapports.

 

« Prends soin de toi », c’est démerde toi en l’état des choses, correct, de notre temps de résignation maussade. Et quand l’une de nous crève, eh bien c’est la « colère », tout aussi velléitaire et qui attend tout autant des panneaux de l’autorité publique, qui prend le relais.

C’est démerde toi quand tu es vivante, et « ah les salauds, tout de même », quand tu es morte. Comme ça nous ne sommes jamais impliquées, jamais en cause. Nous pouvons remplir quotidiennement la liturgie du chacune pour soi et de la guerre économique, judiciaire, identitaire – à chacun son dû ! - sans nous sentir merdeuses.

Les rapports humains – et leurs sous déterminations militantes et autres – ne recouvrent plus que l’exercice « auberge espagnole » d’une convivialité de bon aloi entre citoyennes actrices matériellement pourvues et en bon état, les seules fréquentables quoi. Tout le reste est sous-traité aux déchetteries souterraines de la misère croissante, dans lesquelles on tombe directement depuis sa place à table, autant que possible sans faire d’esclandre. « Salut, prends soin de toi » te dit-on alors en guise de viatique et surtout d’exonération. Dés lors on n’y est plus pour rien. Ce sont au reste bien souvent des personnes convenablement entourées qui sortent ce cliquetis mécanique à des isolées.

 

Un des caractères prégnants de cette nouvelle forme d’autoclave social est qu’elle s’accompagne et se pare des conseils les plus cocasses, les plus stupides et quelquefois les plus odieux en matière d’aliénation : les copines auront toujours à la bouche un bon conseil qui sera généralement soit de s’adresser, comme on dit, à des institutions et à des professionnelles (abondons le PIB !), soit de recourir à des pratiques ou à des croyances dont le vide et le ridicule ne semblent plus atteindre personne, y compris et à commencer dans des milieux qui croient encore fournir une critique sur l’état des choses et des gentes (warf warf). L’une des solutions n’excluant d’ailleurs pas du tout l’autre, les premières sont, dans la débandade croissante, des spécialistes des secondes.

Prendre soin de soi, c’est en somme se livrer sans restriction à l’impensé grandissant et à l’ordre de la mise au rebut. Aller toute seule, comme une grande, à la machine à broyer.

 

Voilà le programme de toutes les injonctions désormais en vigueur, dans un monde qui n’est plus fait que d’injonctions mal camouflées : dévore toi jusques au trognon et va te jeter à la poubelle ; c’est ton seul moyen de rester rentable pour la machinerie sociale relationnelle et de ne surtout pas empiéter sur qui que ce soit ; il importe que nous coulions en ordre, chacune dans sa bulle en barbelés de possessions et positions diverses. Au fond, s’il y a alors encore quelqu’un pour faire le recensement, on pourra toujours savoir ce que valait chacune. Triomphe ultime du capitalisme, étrange rêve de notaire obsédé. Á chacun son dû !

 

Nous nous sommes laissées toutes glisser dans une situation générale où personne ne peut presque plus prendre personne par la main, ça coûte déjà trop cher (et souvent socialement d’abord). Nous subissons certes l’effondrement par la pénurie des capacités de rapports d’aide, mais nous y participons avec un masque souriant en prônant des « autonomies » qui n’en sont évidemment pas, étant toutes livrées à la machinerie sociale, qui ne sont au contraire que des consentements forcés (plénonasme !) à l’impuissance isolée, et en répandant comme un mauvais parfum ce « prends soin de toi » qui résume toute notre misère. "Prends soin de toi" arrive opportunément sur le marché au moment où nous sommes de plus en plus nombreuses à n'avoir plus les moyens de prendre soin de nous.

 

Paradoxalement, un des aspects de l’autisme réciproque qu’évoque ce slogan est l’attention, la commisération inépuisable, hypnotique et obsessionnelle que nous sommes capables d’accorder à des aspects, éléments, inconvénients quelquefois risibles de la pratique de nos identités, comme s’il s’agissait du fond des nos vies, ou encore, je sais pas, vu à quel point nous l’objectivons, de la question sociale. C’est presque la seule manière dont nous soyons capables, si toutefois cela à ici un sens encore, de prendre soin de nous. Mais quel drôle de nous.

 

J’en ai autant marre du care que de la colère. Vu ce qu’elles ont donné. Et à quoi elles ont contribué in fine.

 

La colère s’est intégrée à l’ordre des choses, pour réclamer sa perfection, et l’huile en permanence. La colère est devenue l’antipode et de la critique, et de la volonté de prendre nos vies. Nous sommes en colère parce que nous nous considérons toujours trompées par les machineries auxquelles nous nous remettons. Et que le mal reste le mal, pas moyen de l’exorciser. Nous serons à ce prix toujours en colère, et nous en resterons toujours au même endroit du tapis roulant qui nous emmène au dépotoir. Et, surtout, chacune dans sa petite bulle sacrée. On y crèvera d’autisme, de misère et de brutalité, mais dans la bulle ! Comme des bestioles qui n’auraient pas su, pu ou osé sortir de leur œuf. Écarlates de rage, pour cacher la rougeur de notre honte. La colère ne sait plus, comme d’ailleurs à peu près toutes nos attitudes, que demander, pour ne pas dire mendier. On est prêtes à mettre notre cul à l’air pour ça. Et on arrive encore à parler de ça comme de quelque chose d’irréductible – vraiment on est mal.

Cette colère est inopérante parce qu’isolante, isolée, exactement comme la sujette idéale qui « prend soin d’elle ». Isolée, pas même seule. On peut bien même être trois mille au même endroit à colérer, il n’en sort rien, tout revient sur nous. Elle se suffit à elle-même, et c’est bien là ce qui la rend arthritique. S’autojustifiant, comme attitude, elle n’embraye pas sur une critique ou une remise en cause. Elle demande que les choses soient bonnes. Et encore une fois à qui ? Á celleux et aux institutions à qui nous confions et reconfions le pouvoir à chaque poussée de rage. Et sans toujours non plus se poser de questions sur le bien qui paraît si immédiat.

 

« Prends soin de toi » et « je suis en colère » semblent les traductions actuelles, à hamsterlande et ailleurs, des minutes évoquées par Orwell, parfaitement autogérées et individualisées, à prendre comme on prend des congés ou des pilules. On peut même les convivialiser, ça ne change rien à l’impuissance et à l’isolement qui les caractérisent. Ce sont des sales blagues que nous nous jouons les unes les autres et à nous-mêmes.

 

Chacune pour soi et […] pour chacune. Toutes comme plusieurs ont sombré dans la résignation moche. On est plus que mal.

 

 

 

 

 

 

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 09:36

 

 

Je me suis esbaudie, comme quelques autres, devant l’avis rendu par le conseil national consultatif des caf au sujet de l’extension des formes sacrées d’hétérolande à toute la population. Vote négatif – dont celui des représentants de la cgt, jamais en retard d’une œillade au peuple bien réac dont nous avons le malheur de faire partie. Beh oui hein, que vont devenir les chères têtes blondes ou gît la résurrection nationale (rémanente depuis le sursaut national post-45) si elles manquent de l’altérité et de la complémentarité des sexes, c'est-à-dire tout bonnement de la hiérarchie misogyne et de l’exemple nécessaire de la domination masculine, comme des formes m en général, hein ? Peut-être des tapettes et des feignasses (si seulement ! - en fait le désir de normalité l'emporte toujours statistiquement).

 

Je ne parle même pas du faux-culisme gouvernemental. En démocratie représentative, « les promesses n’engagent que celles qui les croient ». Et faire confiance aux soc-dem, avec leur passé permanent de déni et de trahison, était quand même une performance. Les intégrationnistes lgteubées sont cocues, mais ça paraissait évident dès le soir du premier tour et le score de la droite dure ; plus question de laxisme sur les symboles… C’est pour ça qu’on a Valls et la chasse aux clandos, Montebourg et la france saine au bras retroussés, Vallaud-Belkacem et les bons sentiments prohibitionnistes.

 

Mais j’ai été tout aussi épatée par un article qui dénonçait cet état de fait, paru dans Féministes en tous genres, et qui assigne cependant dans le même mouvement comme but de la vie aux mêmes gosses éspéréEs de devenir convenablement des sujets et des citoyens. Autant dire plus crûment des producteurs et des consommateurs. Et de parfaites acteures du cirque ci-dessus évoqué.

 

Bon, déjà, je trouve assez croquignole qu’aujourd’hui personne ne semble plus se poser de questions quant à la reproduction effrénée des formes sociales qui ont fait le patriarcat classique autant que contemporain : famille, mariage, couple, incitation à enfanter. Pourtant on la leur aurait bien laissée leur vie de m… à la colle, le lit conjugal, les marmots qui braillent et toute la séquelle ; mais puisqu’y paraît que nous ne pouvons pas vivre sans le bonheur de cette glu… Enfin bon, je m’en suis déjà expliquée. Là, c’est le reste de l’idéal de vie qui se déroule. Il ne va pas très loin. Et il exprime bien à quel point nous baignons, de quelque côté politique que nous soyons, dans l’horreur et l’angoisse envers la remise en cause des barrières et des mangeoires de notre zoo social.

 

Ce n’est pas non plus par hasard que les parties qui s’opposent sur ce sujet, comme sur bien d’autres, défendent et thurifèrent exactement les mêmes formes et valeurs. La seule différence étant que les réaques pensent que seul la hiérarchie et pépé familias doivent bénéficer de l’affaire ; et les progros que tout le monde doit s’y intégrer à même titre. Ce qui est sans conteste logique et défendable en cohérence interne.

 

Évidemment je fais la nouille en toute mauvaise foi ; je sais fort bien que lgteubélande et la majeure partie de tpglande ont depuis longtemps décidé de trouver ce monde génial et de l’avaler en long, en large et en travers. Ce qui nous fait, comment dire, une drôle de gueule, bien distendue de tous côtés. Et que ma foi, nous nous retrouvons quelques unes à la baille après la plongée vers les abysses, qui pour notre part n’entendions pas du tout faire avec, et pour qui, si nous étions lesbiennes ou t’, c’était aussi et peut-être même d’abord parce qu’on avait résolu d’en finir avec les formes sociales en vigueur.

 

Nous étions quelques, en un temps pas si ancien, qui ne voulions ni produire, ni nous gaver, et surtout pas engendrer. Il se trouve que nous pensions avoir mieux à faire – ou à glander – que de participer aux pitreries sordides de ce triste monde.

 

Aujourd’hui des ex de cette trempe s’adjurent les unes les autres de signer pour la promotion de la PMA, du natalisme, plein de petits nenfants, relance de l’économie, résurrection de la famille. Tiens, fume !

 

Je ne sais pas ce qu’elles pensent ? Que des mômes de lgteubés intégrationnistes changeront quoi que ce soit au désastre ? ou bien qu’ellils payeront les maisons de retraite quand on aura alzheimer ? Mon œil ; il y a toutes les chances que ce fassent de parfaits hétéros réacs, vu comment les choses tournent ; et que la misère sera à un tel point qu’on ira directement à la déchetterie, et elleux après. Même d’un point de vue calculateur c’est raté d’avance, les filles. Et d’un point de vue humain, eh bien le cirque familial, reproductif, dévoué et admiratif des larves prescriptrices de conso est relancé. C’est trop classe. Les gentes et les nanas en particulier continueront à passer l’essentiel de leur vie à torcher, à élever, à supporter, à être coincées dans ces histoires qui n’en finissent plus. Vu la situation économique et humaine, j’ai déjà bien des connaissances qui à soixante ans passés sont toujours à ne pas avoir une minute pour elles, et mourront à la tâche.

 

Elles y ont pensé un peu les camarades qui réclament et acclament hétérolande pour toutes, avec son système familial et reproducteur ?

 

Ou bien est-ce qu’elles ne se risquent plus à rien penser, l’important étant d’être in the move ? Possible. Même si cela les conduit à des positions de plus en plus conservatrices, petit à petit – quand on veut intégrer un ordre, il ne faut surtout pas qu’il bouge, sans quoi la peine de s’y conformer en est perdue. Á promouvoir, à intégrer et à œuvrer pour étendre ce à quoi nous avons autrefois voulu échapper. Ce sans quoi nous estimions qu’une vie émancipée serait mieux possible.

Il est vrai aussi qu’une autre génération est venue, laquelle ne présente plus ce genre de soucis ni d’ambition – non qu’elle manque de cette dernière, mais elle l’investit profitablement dans l’occupation des cadres de la domination présente et des places de ses bureaucraties institutionnelles autant qu’associatives. Les anciennes, séduites par tant de cynisme désinvolte, suivent cahin caha, subjuguées, mentalement en laisse. C’est sans doute pour ça aussi que leur sens critique a été mis sous une grosse serviette de table ; y faut plaire à cette jeunesse, et elle n’aime pas les scrupules.

 

Pourtant, le résultat risque de ne pas être du tout semblable aux images qu’on projette de l’avenir radieux en démocratie sanitaire ; il est déjà là, je l’évoque plus haut. La mise à disposition familiale toujours plus poussée, l’aménagement de la misère et de la maladie, la rencontre de la pénurie du naufrage économique et de l’injonction morale, bref tout ce qui fait que les nanas l’auront à terme une fois de plus dans le baba. Mêmes forme sociales, mêmes conséquences.

Comme toujours il y en a et y en aura qui auront fait leur beurre de cette baratte, et su s’exonérer des pénibles tâches comme des positions subalternes. Ce sont elles qui écriront l’histoire. Enfin – jusqu’à un certain point de la barbarisation déjà engagée, où il faudra plus que quelques galons pour échapper aux conséquences.

 

Bref je rigole jaune quand je songe au rêve des mes congénères pour leurs nenfants : de parfaits citoyens de la forteresse europe, agrippés à leur niveau de vie et à leurs quarante heures, vivotant chez leurs parents, « protégés » par les rangées de barbelés des pays tiers, comme on dit, sujets automates de l’économie, d’un état plus répressif que jamais et pour tout dire des formes du patriarcat étendues à tout le monde. Mais rainbow. Et ©.

 

Il y eut autrefois des chimères inquiétantes appelées féministes révolutionnaires. Pour qui l’émancipation possible n’était pas déjà écrite, n’était pas l’égalité dans la débine, ni la dépossession démocratique, et pas non plus le rattrapage léniniste, l’intégration familiale ou les régressions religieuses. Qui ne faisaient pas non plus dans le consensus, que ce fut entre elles ou avec patriarcalande. Encore moins dans la surenchère avec cette dernière. Il s’agissait de briser la fatalité, d’en finir avec l’indépassable. Où sont elles désormais ? Pas même dans notre mémoire semble-t’il. Où en sommes-nous ? Á la mairie, à la maternité et au cimetière.

 

 

 

PS : je signale cet article paru sur un site de la Vienne, au sujet d’une campagne d’affichage qui a le paradoxal « mérite » d’exprimer naïvement la vie à laquelle nous sommes réduites - http://nidieuxnimaitrenpoitou.over-blog.com/article-poitiers-sexisme-et-national-productivisme-les-deux-mamelles-de-la-poitevine-110452850.html

 

Il ne faudrait qu’un très petit effort, arrivées là, pour commencer à supposer que les nanas caricaturales de l’affiche sont précisément les « sujets et citoyennes » que nous invoquons si facilement et si mal à propos, et que c’est tout cela qu’il y aurait à bazarder.

 

Une fois de plus, Valérie, tu nous manques !

 

 


 

 

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 17:19

 

 

Dans la famille, une des ces « familles » de choses qui font de notre monde un véritable oursin, donc dans une famille que ne sais si c’est celle de la némésis, de l’arnaque ou tout simplement de l’aveuglement qui nourrit la peur laquelle lui redonne la becquée, je revois fleurir les affiches roses pour les campagnes de dépistage des tumeurs des seins. C’est un des matraquages, avec l’industrie de la maigreur ou le prétendu vaccin du cancer de l’utérus, qui cible comme on dit les nanas. Bio mais pas que. Je me rappelle la fois où mon endocrino, brave lesbienne placard que j’aime bien mais qui est trop loin pour que je la consulte, m’avait chopé les nénés pour tâter ; j’en suis restée stupide. Je hais le tripotage. C’est le genre de choses qu’on apprend à l’adolescence ou en transitionnant ; on s’en passerait bien. Toutes.

 

Bref les tumeurs du sein. Ben ouais. Il serait bien étonnant que dans notre empoisonnement généralisé fertile en incitation aux néoplasmes, il n’y en eut pas plein, comme d’ailleurs. C’en est à ce point que quand on se donne des nouvelles avec des copines qui ont mon âge ou plus, ce sont bien souvent des nouvelles de cancers. Même j’ai fait récemment l’étrange expérience de haïr quelqu’un au point de lui souhaiter un cancer – et il l’a eu, en est même crevé en rien de temps. Pas du tout que je crois être devenue sorcière, pasque là y en a quelques qui auraient bien du souci à se faire vu ce que je leur souhaite ; juste la statistique. On va en gros crever majoritairement, entre 40 et 70 ans, de cancers de partout et de neurodégénérescence. C’est nous, quoi.

 

Cela dit l’arnaque, ou la dinguerie inconséquente mais très rationnelle si on veut, c’est justement cette règle qu’on veut imposer de se faire passer les nénés aux rayons x toutes les très peu d’années, à répèt’ quoi. Ce qui est tristement drôle, c’est que depuis quelques temps paraissent dans la presse médicale, puis générale, de sourdes interrogations, sur si c’est vraiment un bon truc – vu comme toujours d’un point de vue calculateur de bénéfices/risques, le seul « esprit critique » qui nous reste. Or, y avait pas besoin d’avoir fait des études scientifiques ni d’attendre quarante ans pour se rappeler que les rayonnements radioactifs sont réputés pour, entre cent autres sympathiques effets, faciliter ou provoquer l’apparition de ces fameuses formations anarchiques nommées tumeurs. Et que le coup des « faibles doses », les cimetières s’en engraissent tous les jours.

En gros, est-ce que tout simplement, à aller se faire transpercer à coups de rayons, on n’a pas bien autant de chances de s’offrir un tumeur que de découvrir celle qui nous aura été libéralement octroyée par les produits ménagers, le gazole, les lieux de travail ou les vies de m… en général ? La question est bête, comme le sont toutes les « questions » que nous nous posons alors qu’il est de toute façon depuis longtemps impossible de sortir des conditions imposées ; et auxquelles on peut bien répondre comme on veut, voire très sagacement, on l’a dans l’os quand même, on ne peut plus agir. Encore moins fuir.

 

D’ailleurs, ça n’a rien de particulier à ce cas précis : la médecine industrielle fait un usage absolument massif des moyens de détection à principe radioactif. Le moindre bobo ? Ouh là, toubib va pas se casser la tête à recompulser de vieilles connaissances que d’ailleurs on ne lui apprend peut-être même plus à la fac : scanner, irm. Et si ça ne suffit pas deux fois, trois fois, quinze fois. Pareil si vous êtes foutue, que tout le monde sait, y compris vous, que l’affaire est pliée : on aurait tort, jusques à l’entrée en soins palliatifs, selon l’abominable dénomination en vigueur, d’épargner un passage à la machine.

 

C’est que tout ça, mes bonnes, fait tourner les hôpitaux, ces usines médicales qu’on en est, d’ailleurs, aujourd’hui, à vouloir sauver, exactement comme les autres et des plus meurtrières (sidérurgie, chimie…), tellement on s’est appauvries et rendues dépendantes qu’on n’a effectivement plus que ça ! Plus que ces épouvantables endroits où on traite et transforme en restes de PIB et en heures de travail, pêle-mêle bricolages étonnants, souffrances chroniques autant qu’aigües, dépossession absolue du rapport à soi et à son corps. Et au-delà des hôpitaux, l’industrie médico-pharmaceutique, qui d’ailleurs est un des plus riches producteurs de valeur ajoutée dans ce monde en débine, tant qu’il y a encore de l’accumulation à pomper dans certaines régions du globe.

 

Je veux donc bien qu’il y ait de la némésis – mais je flaire tout de même assez fort l’arnaque. Seulement voilà, il y a cet élément dans lequel nous baignons bien autant que dans l’air ou dans la crasse, il y a la peur. Peur tout à fait justifiée d’ailleurs pasque ça tombe effectivement dru. Maintenant ce n’est plus « qui y aura », c’est « qui y échappera », la question. Et la peur est un puissant outil de domination intégrée et de résignation. On sait que ça va tomber mais ça ne donne évidemment pas envie un instant de tenter – de tenter quoi d’ailleurs ? D’aller où ? C’est comme la peste, il n’y a nulle part où aller hors de ce monde. Il est trop tard. On est dedans jusques au trognon. Et donc on ira se faire dépister et ci et ça, en arrivant à ne plus même souhaiter d’y échapper, mais d’être des quelques qui « en réchappent », plus ou moins charcutées, sursis à vie. Étrange version libérale et corporelle de la vieille blague russe : « celui qui avait pris cinq ans était bien content que ce ne fût pas dix, celui qui avait dix ans était soulagé que ce ne fût pas vingt cinq, et celui qui prenait vingt-cinq pleurait de joie de n’avoir pas été fusillé ».

C’est la totalité de notre survie qui ressemble désormais à cet état macabre.

 

Pour ce qui est de nous, les t’, il faut bien dire… bien rien justement. Qu’est-ce qu’on peut dire ? On s’est bourrées d’hormones, on a été ou on délibère d’aller à la charcuterie (qui donne à peu près moitié de résultats passables et moitié de dysfonctionnements à vie, urinaires, notamment, les filles !), on se fait raboter de partout, et tout cela de notre propre chef. Bien sûr, et d’ailleurs c’est une discussion que j’avais encore il y a peu, il y a la « pression normative » de cet « autre » après quoi nous courons toujours. Mais zut, eh, la pression elle est aussi pour les bio, d’une part. Je veux dire, donc, qu’on n’a pas moins de raisons de s’y confronter critique. Et deux y en a marre de toujours se rappuyer là-dessus pour en plus passer notre temps à nous plaindre de la tuyauterie qui fuit ! On l’a voulu, on a été « les actrices de notre propre vie », comme toutes les consommatrices, on l’a eu, on l’a on l’aura, notamment notre très probable cancer. Les chanceuses auront un avc. Enfin celles qui auront la veine supplémentaire de ne pouvoir, comme on dit, être médicalisées à temps. Sinon gagatisme et hémi ou tétraplégie – là aussi, ça fera tourner l’industrie du soin à la personne, cette ultime poche de valorisation à bas salaires, dévolue évidemment aux nanas. Finalement c’est terrible, on pourrait aussi avoir à la fin un monde de nanas, mais complètement aliéné et désastreux, au rebours total de ce que nous proposait de tenter Valérie Solanas !

 

Oscours - mais qui, qui d'autre que nous qui ssommes déjà dans la boîte, hein ?

 

Et voilà. Voilà où en est déjà ce monde que nous prétendons encore perfectionner. C’est trop classe. J’en ai mal aux seins, tiens. Quel oursin ce rouleau compresseur. Ou bien sommes nous des sacs d'oursins ?

 


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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 12:16

 

Je l’ai déjà dit, je n’aime pas faire les pleureuses en colère, je suis exaspérée par les requiems, le TDoR et toute l’économie militante où on échange des jetons d’intégrations contre des cadavres, monnaie à bas cours, notamment dans notre cas, mais monnaie quand même, par le principe.

 

Cependant, il faut bien le dire, les dernières années m’ont amené régulières annonces de morts de t’, un peu comme moi la cinquantaine, des atypiques, de celles dont on se disait qu’elles assuraient dans la solitude. Suicides presque toujours. Bon, c’est un mal qui nous frappe massivement, les t’ et apparentées.

 

Là je voulais causer de la sous-catégorie hétéroclite dans laquelle j’ai la faiblesse de me ranger (et de me voir rangée de toute façon par mes congénères, qui me reconnaissent telle en un quart d’heure), je dirais les t’ pour qui il y autre chose, d’au moins aussi et même de plus décisif, que les histoires de genre, sans quoi la vie c’est beurk. Nous sommes souvent ainsi des t’ pour qui la t’itude ne se résume pas à elle-même, mais bien souvent est liée par des liens complexes à ces autres choses. Du coup nous sommes aussi peu appréciées par les t’ qui considèrent que c’est l’affaire de leur décennie (et après cursus ordinaire, enfin dans les rares cas ou la t’itude ne se rappelle pas régulièrement), que par les ceusses, il y en a, qui s’ingèrent de ces autres choses, et qui ne comprennent pas comment nous, suppôtes de la société technologique et aliénée, pouvons avoir le moindre intérêt à des changements et échappées profondes.

 

D’ailleurs c’est vrai que ça ne saute pas toujours très bien aux yeux.

 

Toujours est-il que notre sous catégorie meurt beaucoup vers cinquante ans.

 

Nous n’avons pas su ni voulu marchander, et de toute façon ces autres choses ne sont pas échangeables sur le marché social et politique ; ce n’est pas la roue du dénoncer-revendiquer-s’intégrer. Ne servent à rien, au sens propre, au monde tel qu’il est. Nous avons souvent aussi peu de goût pour le jeu de rôles relationnel. Et c’est pourquoi même nos collègues, qui cependant ne crèvent pas moins, ne songent guère à nous : nous n’existons pas. D’ailleurs ce n’est pas toujours exister que nous voulions (décidément, jamais contentes).

 

Nous ne sommes, t’lande, finalement, je le crois bien, qu’une anecdote qui aura son temps, ou se fondra au « mieux » totalement dans la normalité patriarcale trrrrès élargie qui se profile. Mais zut, et alors ? Nous sommes, étions quand même. Ce qui est une raison suffisante, sans, surtout sans aller chercher aucun droit ou aucune origine, que nous pussions vivre. Je n’ai pas dit comme les autres. Non seulement je n’y crois plus, mais au fond je crois que j’aurais tellement aimé un monde où personne ne cherche trop à faire comme les autres.

 

Et voilà. Je vois la cinquantaine toute proche ; je vois la dégringolade, l’isolement, les mensonges, la haine, le mépris qui forment mon environnement depuis des années. Mè oui, diverses collègues m’en ont d’ailleurs de même témoigné pour elles, qui ne sont plus toutes là aujourd’hui – mais c’est bien connu que les t’ sont des mytho, alors que les bio disposent d’un gène qui leur fait toujours dire vrai.

Et je me dis que toute douillette que je suis j’ai des chances de passer au tableau.

Á propos personne a de la méthadone ?

 

Évidemment je ne suis pas niaise. Je sais très bien qu’à peine la nouvelle que je suis au tableau dont on ne descend pas aura fait son petit chemin à hamsterlande, je serai étiquetée, empaquetée, et mise dans la boîte à négoce. Les ceusses même qui auront bien contribué à me faire monter sur l’estrade ne dédaigneront pas d’en faire leur profit. Et je serais encore plus niaise de m’insurger là-contre ; en effet il ne s’agit pas de volonté bonne ou mauvaise, non mesdames les militantes en colère, libératrices des forces productives, il s’agit juste de faire entrer tout ce qui peut dans le grand système d’échange équivalent. On ne peut même pas choisir de ne pas le faire, à moins de s’exclure immédiatement et radicalement de ce social. Vous êtes, comme absolument tout le monde, des actrices mécaniques de l’échange, dans vos rages comme dans vos négoces.

 

Déjà vouloir être t’, ce n’était pas forcément une option de facilité. Mais vouloir être entre autres t’, et ne pas faire comme, ne pas jouer la « vraie », chercher d’autres chemins que l’intégration dans un monde pourri – c’est vrai que c’est de la gourmandise. De la gloutonnerie.

 

Et que ça méritait d’être châtié. Pour ne pas dire exterminé.

 


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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 08:12

 

 

« Et eux ne valaient rien… »

Troisième sexe

(souvenir du squat de Vaise où cette chanson passait en permanence.

Depuis nous avons appris à valoir). 

 

 

 

 

Parmi le chapelet de revendications de mes petitEs camarades, je vois qu’on fait pour l’Intégratrans® de cette année un bon petit pas en avant (ou c’est que, bénigne, je l’avais pas vu les aut’z’années ?)

 

« Nous dénonçons l’extrême vulnérabilité et les difficultés d’accès au marché du travail des personnes transgenres, transsexuelles et genres fluides. Nous exigeons des garanties d’accès au monde du travail et la mise sur pied de politiques spécifiques destinées à mettre un terme à la marginalisation et à la discrimination de ces personnes. »

 

Classe, classe, j’en frétille du croupion. C’est vrai, on n’était pas autant marchéables que les zautes, quel scandale et quel manque à gagner que l’économie fût privée par les lourdeurs culturelles de toutes ces compétences. Il était temps que l’évidence triomphe, à la manière des bulldozers et autres moissonneuses. Travail, marché, compétence, valorisation ; on va pouvoir être misEs en coupe réglée selon la seule valeur qui vaille, la rentabilité. Comme toutE citoyenNE productrice qui se respecte, et est respectéE - à l’aune de son CDI.

 

(J’apprends depuis par un article enthousiaste du Monde que même la folie ne protège plus de l’exigence de rentabilité ; des autistes pointilleuXses, cette autre version de la conscience malheureuse et de l’inhumanité galopante, sont désormais employéEs à traquer des erreurs dans des suites de données dont l’ennui massif tuerait quiconque d’autre. Mais nouzautes humainEs, comme l’ont remarqué bien des qui ont fréquenté des lieux de rééducation extrême, résistons à ce qui fait crever sans délai les autres mammifères ; et c’est sans doute là une des clés de notre malheur : le courage.)

 

Bref, produits ou pas de ce monde, en tous cas, il est bien décidé à n’en rien perdre – et, pire, nous sommes très déterminés à lui donner raison. Avoir les bons papiers, se marier, travailler, provigner… Et personne ne s’étonne que nous nous esbaudissions ainsi de perpétuer le monde en l’état. Bien au contraire, nous nous en applaudissons. Ne nous manque que ce qui structure depuis fort longtemps économie, patriarcat et autres babioles.

 

N’oublions pas qu’un droit, c’est une forme sociale à incarner, obligatoirement autant que volontairement ; gare à qui ne s’y intègre pas. Ainsi du travail, un des droits fondamentaux du capitalisme, avec la propriété privée. Nous existons pour l’échange. On en a besoin comme de la misère organisée ou d’une infection virale.

 

Et non plus que le boulot, ce peut être vite, avec les meilleures intentions, la participation totale aux structures de l’ordre présent.

 

Y a sans doute que le tapin qui n’est pas décent. Mais on fera d’excellentes hôtesses de caisse avec une petite pancarte indiquant de pas nous agresser, ni de nous donner des donuts, s’pas les prohi ?

 

On est bien déjà des fois hôtesses de l’air… les plus jeunes et les moins moches…

 

Bref on va avoir des conseillers spécialement formés à Pôle Emploi, en plus de la file aux guichets des mairies. Orgasmons d’aise. Nos associatiFves y travaillent. Plus tard participeront peut-être même au reclassement, à la chasse aux feignantEs, comme la CNT à Barça en 36. Fini de buller, t’lande ! Va falloir rembourser les opés, fut-ce indirectement, en abondant le PIB.

 

Je cause même pas de l’armée et autres forces de sécurité, à bras ouverts ; la prochaine étape. En treillis et fusil d’assaut en bandoulière dans les gares, à zieuter le clando, puis sur les sites des catastrophes industrielles à venir, à filtrer réfugiés et pillards…

 

C’est qu’on a fait tout ça pour être pareilLEs en tout, pour remplir aussi bien qu’autrui les si naturelles, raisonnables attentes de ce monde ; si si, je me rendais pas compte…

 

Le travail c’est la santé. Ça tombe bien c’est là une de nos obsessions consensuelles.

 

La libération des forces prod’s est en marche, assurément. L’émancipation c’est autre chose. Mais ce n’était sans doute pas notre propos. Dommage.

 

Nous avons voulu valoir, à l’unisson de ce monde ; nous suivrons donc sa destinée, sans même pouvoir nous plaindre.

 


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4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 07:26

 

N’y a rien de tel que la sincérité, notamment longtemps malheureuse, pour nourrir la plus redoutable brutalité objectivante au premier signe de prospérité, au moindre accès de pouvoir. Les gentes qui croient tout ce qu’ellils disent, et inversement, son prêtes à tout pour continuer dans cette voie. S’abusent et abusent de donner, redonner dans le miroir aux alouettes des nécessités objectives, toujours en dehors, au dessus, et fréquemment meurtrières pour le bien du x de l’équation en vigueur.

On ne peut attendre quelqu’humanité et raison que des idées de derrière la tête. Bref du doute, de la distance et du dessalement.

Quant à la sortie…

Pour le moment nous en sommes plutôt à la sale et à la colle.

 

 


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4 août 2012 6 04 /08 /août /2012 16:15

 

 

Je dirais bien que lgteubélande est à la pointe de la compromission, que ce soit en France® avec la gauche molle mais néanmoins expulsante, en Argentine® avec les populistes anti-avortement ou en Italie® du nord avec la droite dure sans surprise. Bref, avec les états, adultes ou en gestation. Mais il se trouve que toutes les identités et catégories socio-professionnelles se marchent dessus pour peupler cette pointe, s’y maintenir avec rage et désespoir, valoir quelque chose et le faire reconnaître par qui de droit. Elle est surpeuplée, cette pointe du présent, au bord de l’abîme, comme le bout de chemise que, raconte Chalamov, on laissait émerger du sol gelé afin que les poux s’y concentrent, et qu’on puisse les y cramer. Une sauterelle n’y retrouverait pas ses larves.

Ce qui ne rend évidemment pas la chose moins misérable ni moins puante, selon les circonstances ; ainsi donc de cet investissement sur la réaction locale que, selon 360°, tentent des apprentiEs padanienNEs.

 

http://360.ch/blog/magazine/2012/07/appel-du-pied-gay-aux-dirigeants-de-la-lega/

 

Ben oui, on aurait tort de s’en priver, puisque l’avenir est à l’intégrationnisme national-économique. Et on aura ainsi une Padanie® bien proprette, décente, blondinette, avec ses lgbt’s nationales et certifiées, prospères et paritaires. Faudra tout de même pas trop bronzer, danger.

Á un autre bout de la même étagère, on a déjà un Azawad® en plein nettoyage du vice, straightland hanbalite. Bien dégagé sur les oneilles. Le religieux marche très fort aussi en ce moment. Les militaires, les curés et les banquiers, comme on disait prophétiquement il y a vingt ans.

Et pour bientôt peut-être un morceau de Kurdistan® léniniste, sorti direct du frigo historique. Je ne vous dis que ça. Les métaphysiciennes de la lutte des classes et de l’identité nationale vont pouvoir se goberger, et de nouvelles prisons se remplir.

Pas d’états sans prisons, sans appropriation de la violence. Z’auraient l’air de quoi ?

Á qui le tour ?

Y a pas plus efficace pour boucler les gentes que celleux qui l’ont été elleux même. Ça peut paraître affligeant mais c’est d’une vieille expérience.

 

Qu’est-ce qu’on se marre, tout de même, avec les états. On n’en a jamais assez, de cette vérole multiplicative, pourtant on devrait savoir, depuis le temps. Ben non, toujours plus qu’y nous en faut, à notre volonté de servitude comme à notre exotisme crasse. Rien de plus appétant qu’un nouveau drapeau, qu’une nouvelle carte, une nouvelle frontière, une nouvelle loi gourmande de vies. Pas un groupe, pas un bout de terre qui n’y voie le salut, alors même que ça finit toujours mal (avec sursis s’il y a des réserves).

 

Les états sont des marchandises comme les autres, toutes égales, identiques, toutes gonflées de valeur, de travail et d’idéal, éponges à désir et à illusion, toutes disposées à dévorer les vivantes. Le marché, politique et identitaire autant qu’économique, est toujours à la fin une duperie. Mais il est alors trop tard pour sortir : les portes sont verrouillées. Et personne ne sait au juste, au moment crucial, qui détient alors les clés.

 

Comme disait le vieux La Fontaine : « Que sa majesté nous dispense

                                                        Grand merci de son passeport

                                                        Je le crois bon, mais dans cet antre

                                                        Je vois fort bien comment on entre

                                                        Et ne vois pas comme on en sort »

 


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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 09:44

 

ou les enfants de dieu au boulot

 

 

« Vois les marcher, vois les courir

Á des morts, il est vrai, glorieuses et belles

Mais sûres cependant, et quelquefois cruelles. »

La Fontaine

 

« Vivre en travaillant, ou mourir en combattant »

Eventuellement l'inverse, mais il convient de travailler ou de combattre, ce qui finit par revenir à la même chose.

Classe le choix. C’est par où la sortie ?

 

 

Je m’écarquillais les yeux l’autre jour, faisant ma revue de la cyberpresse de hamsterlande (dont je suis ressortissante mais pas citoyenne), sur un compte rendu de bagarre anti-indus, pareil à bien d’autres, mais tout de même. Rien à dire à l’objet en soi – cela fait un moment que nous sommes un certain nombre à partager cette certitude qu’énonça Benjamin dans les années 20 du dernier siècle, qu’au-delà d’un certain niveau de développement ça deviendrait réellement coton de sortir de la cata vers un monde humain émancipé. Et par conséquent que le temps perdu pour la recherche, l’accélération, la production, la croissance et le confort sont du temps gagné, ou épargné, pour une vie supportable. Bref, entièrement pour casser l’élan. Et creuser des trous pour lui tordre les chevilles.

 

Je n’aime cependant pas l’activisme pour l’activisme, notre militarisation qui suit immanquablement l’idéologie de la mobilisation et nous fait ressembler en bien piètre aux casqués, enfin nous fait des fois mourir à peu près aussi stupidement qu’à Verdun, un petit Verdun de coin de campagne que nous aimons tant à jouer et rejouer, quand ce n’est pas l’Etna chez soi, comme disait un distant du dix neuvième siècle. J’en ai pleuré des fois de rage et de dépit, de comment des amies ou des connaissances sont mortes ou ont été amochées. Il arriva que ce fût bien bêtement – et je crois par ailleurs fréquemment bête de mourir. Le fétichisme de l’engagement total et du martyre est aussi une forme d’aliénation séculaire. Le radicalisme peut aussi être creux, ou renforcer le présent par effet de concurrence. Et la rébellion peut s’intégrer parfaitement au grand jeu de la servitude volontaire, même quand ça clashe, pourvu que ça clashe là et où tout le monde l’attend.

Quant à l’indignation qui trottine dans ses traces, elle me laisse froide ; si on attend autre chose des cognes et de la force publique que plaies, bosses, tabac, humiliations et au besoin pire, alors là moi j’arrête. Est-ce que c’est encore cette vieille hallu politique de croire que le roi, in fine, est forcément bon mais mal servi ; et la démocratie foncièrement géniale mais dévoyée ? Que l’état est autre chose que le monopole de la brutalité ?

 

Le productivisme de l’action et de la confrontation peut lui aussi participer du tonneau infernal, et de l’intériorisation poussée de ce qui doit compter. Nous voulons nous mettre à la hauteur de la domination, et nous y réussissons trop bien, à notre échelle bien entendu. Après, les résultats…

 

Valérie Solanas, dont je me dis des fois qu’elle avait une vision stéréoscopique du présent et de l’avenir, l’avait pourtant dit et martelé : n’allez pas stupidement vous faire casser en rase campagne, mettre le nez sous la trique ; nous sommes précieuses ; sabotage et action invisible, désertion (1). Mais non, ce qui prévaut c’est toujours activisme, territorialisme, visibilisme, monument permanent aux mortes et aux esquintées. Faire comme les autres, s’offrir partout sur la planète au broyage plus ou moins héroïque. Eh ben m…, je n’en suis pas.

 

Là dans ce texte y avait le pompon. Déjà, une analyse parfaitement reichienne du capitalisme. La domination serait le fait de caractères « cupides-autoritaires ». Et probablement un peu refoulés sur les bords. Mais on n’en aura donc jamais fini avec ce vieux prêcheur de l’hétérosexisme ?! Et ses explications simplistes du fonctionnement économique ou des fétichismes collectifs ?

 

Puis, dans le même texte, l’ahurissante expression  « enfants de la liberté ». Alors là j’ai hoqueté. Les enfants de dieu, quoi. Liberté, dieu, économie, planète, tout ces trucs objectivés qui pendouillent en l’air et nous kidnappent. Si on se bat, au moins que ce soit pour nous, pas pour ces rejets opiniâtres de formes religieuses qui parsèment le terrain vague.

Dès qu’on s’agite, du bon côté sous entendu, on est pris par l’esprit. Ça ressemble fichtrement aux idéaux des hussites ou des münzériens, restés dans l’histoire certes comme de sympathiques vaincus, mais aussi comme de féroces absolutistes de la rédemption, qui mettaient à mort cellui des leurs qui faisait mine d’avoir commis un péché quelconque, puisque dès lors ellil était hors de la grâce, et ne valait donc plus un pet de lapin. Zicouic ! Ah c’est qu’y faut pas de demi-mesures pour surmonter la malédiction du péché originel. Ben pareil, nous essayons de dissoudre notre culpabilité d’être nées dans l’anéantissement et l’abnégation.

 

Ces vieilles daubes gnostiques et millénaristes continuent hélas à structurer les mouvements de lutte et les prospectives politiques. Avec leur héritage existentialiste, où la castagne promet par sa seule vertu « une nouvelle terre et un nouveau ciel ».

 

Je suis enfin restée sur le cul en lisant – pas là tout de même ? hélas si – l’invocation pourtant infiniment daubée, partagée avec de très puants, à la Résistance. Sur le cul, tout de même, ne serait-ce que parce que cette pénultième session de rattrapage, tricolorwashing, de l’impérialisme national en vrille a tout de même préparé les technocrates de l’après guerre, la prospérité électrique, l’atome hexagonal, les plans d’industrialisation, de regroupement de la population et de conso ; ainsi qu’enfanté les premières compagnies républicaines de sécurité, lesquelles se firent la main en cognant les rétrogrades paysans qui n’entendaient point que l’on noyât leurs villages pour restaurer la puissance de la nation. Sur le cul, parce que les camarades qui se collètent contre THT et TGV se battent précisément contre le développement de la société voulue par cette Résistance nationaliste et technolâtre. Faudrait savoir.

 

Tout à fait au même moment, se tenait par là bas aussi un « forum contre les grands projets inutiles ». Parce qu’il y aurait des grands projets utiles (toute la question gisant sans doute dans la portion de présent qu’on est disposée à critiquer). Curieuse, je vais lire le programme. Et je reste figée : l’entièreté de celui-ci se limite à « comment se friter efficacement avec les casqués. Casqués au sens large, bien sûr, les casques de chantier multicolores des cadres sups’ et autre vermine ingéniérique y prennent place. Encore heureux. Et efficacement, ce qui d’une part nous met exactement à leur niveau, et d’autre part laisse songeuse quand on a un passé dans le secteur, et qu’on a vu surtout les projets peints en vert et les chefs cooptés par la rationalité économique.

Mais dans ce programme, pas un, je dis pas un, « atelier » sur le devenir du monde, le capitalisme, la technologie, l’économie, le droit, enfin bref les formes qui, ce me semblent, permettent et entraînent la folie économique. D’ailleurs, pas non plus de remise en cause de celle-ci. L’important semble de se foutre sur la tronche toujours plus réglément avec les forces de l’ordre, de se sentir bouger quoi. Déjà, les immenses succès auxquels cela nous a menéEs depuis cinquante ans nous montrent le chemin. On a toujours perdu, eh ben on va faire encore mieux. Et, par ailleurs, cela va nous permettre de nous montrer, comme je dis plus haut, aussi efficaces que l’ennemi, c'est-à-dire aussi militariséEs, mentalement blindéEs, utilitaristes que lui. Donc pas non plus sans doute de réflexion sur comment se battre sans jouer au wargame genre Valmy.

 

Et c’est là d’ailleurs ce que je disais, tiens, précisément par là bas aussi, à un ex-camarade qui me serinait l’habituel « eux et nous ». Nan. Y a pas eux et nous. Y a nous. Ou à la rigueur, si on admet que l’aliénation est totale, nous sommes eux – mais ce me semble un artifice. Á toujours vouloir être à la hauteur de, intégréEs à, égales à, eh bien il n’y a que nous. Et c’est ce nous qu’il nous faudrait sans doute déserter. Mais pas pour devenir un autre bloc : ce sera toujours la même gélatine, et ça redeviendra toujours « nous » dans les faits et dans la logique en cinq secs. Si nous voulons ne pas être eux, il va nous falloir examiner nos bases mêmes de réflexion, d’identification, et ce à quoi nous croyons comme recours. Et cela voudra aussi dire, pour moi en tous cas, en finir avec le dualisme à bon marché avec lequel nous nous rachetons, qui nous vient de la gnose millénariste évoquée plus haut, et reste dénominateur commun des révolutionnaires avec les plus rances idéologies ; l’identité de base ami ou ennemi. Ce qui permet de faire l’impasse sur la critique des formes sociales. Et a patronné bien des glissades vers les idéologies réacs, simplistes, antisémites et complotistes. Ou juste vers une rancœur désabusée.

 

Dans les mêmes jours, il m’a été donné de lire un bout de catéchisme « anarchiste individualiste » qui proclamait fièrement que « L’individualisme anarchiste mène à l’association, à la rivalité créative, au potlatch et à l’orgie ». Ah wais. Pasque le capitalisme effréné mène à autre chose peut-être ? Et se base sur autre chose que l’exacerbation des « désirs » ? C’est quand même atterrant qu’on en soit encore à ces resucées productivistes que la mesure, comme la raison, semblent autant gêner qu’elles ennuient les managers de la conso. UniEs en tenaille dans la lutte pour la mobilisation totale. Une grande différence qu’il y aurait entre la libération des forces productrices, à peu près toutes déchaînées depuis que l’individu abstrait est le centre de l’intérêt, et l’émancipation humaine, est l’obsession de l’échange et de la valorisation, sans doute. Mais croire que l’angoisse de l’intensivité et les visions messianiques d’une humanité « qui ne dormirait jamais » n’ont-elles rien à voir avec cette folie collective par laquelle nous nous anéantissons, relève d’une naïveté bien miséreuse. On est mal.

 

La bagarre et l’orgie… Ça ne vous fait penser à rien comme idéaux traditionnels ? Pour ma part j’y vois cette imprégnation des formes nihilistes et brutales assignées et valorisées masculines, qui me semblent prendre leur revanche à l’intérieur de nous-mêmes, je cause là de nous en tant que féministes, depuis un certain nombre d’années. Pour moi, le féminisme, ce n’est pas s’emparer des vieilles daubes viriles et les repeindre en mauve ; c’est renverser les perspectives et aller vers un monde f, avec aussi une nouvelle analyse à la clé du pourquoi ce f. Il ne s’agit évidemment pas d’une nouvelle collection d’identités. On en a soupé des identités. Je fais partie de celles qui tiennent le pari qu’un monde humain et une émancipation conséquente sont à chercher du côté de ce qui a été ravalé, socialement, tout au fond de ce f. Enfin que ça à voir avec la vieille critique sociale, celle qui se méfie du sujet automate et des formes qui le meuvent.

C’est le propre des formes sociales valorisées que d’être revendiquées par touTEs les parties en présence, au lieu d’être démontées et critiquées. Et c’est probablement une des principales causes d’échec des mouvements révolutionnaires (allez, un grand mot, un !). Bref, je tiens le pari de la vieille critique sociale que nous n’avons rien à chercher dans la réappropriation ni dans le tripatouillage hiérarchique, la métaphysique des identités salvatrices et des classes providentielles.

Et au fond, tout ça c’est du boulot ; l’adhésion à la nécessité productive. L’activité pathologique. L’injonction réciproque de servir à quelque chose, fut-ce à un soi idéalisé et hypostasié ; bref un des aspects les moins remarqués à ce jour de la servitude volontaire.

Comme disait barbichette, l’usine forme l’armée des prolétaires ; et l’armée forme l’usine des prolétaires. Ce qui reste, c’est la prolétarisation générale et transversale, comme serinent les univ’s.

 

Ne nous cherchons pas de parents rêvés, de princes noirs ni de princesses libres. Des clous. Nous ne sommes enfants que de ce qui a été et reste. Il n’y a rien à chercher dans le ciel ni dans l’immanent. Et encore moins dans un « nous » profondément enfoui.

 

Il n’y a pas de paix sociale. Moins que jamais pourrait même t’on dire. Social et paix ont des chances de se révéler antinomiques par eux-mêmes. Ce dont nous aurons à sortir est plutôt de la guerre de toutes contre toutes, prédicat du monde politique et économique. Sortir de l’idéal guerre pour faire des choses, des choses qui ne soient pas qu’un décor de théâtre de la lutte, voué à être arraché au gré de celle-ci, et que nous allons nous épuiser à remonter plus loin, pour refuser aussi d’agir en réaction, toujours menées par l’adversité qui nous promène où elle veut, et de céder à l’agitation, pour creuser des ornières, des nids de poule, des cavernes. Pasque, comme on dit grossièrement, à jouer aux c… avec des c…, on finit toujours par perdre.

 

On sait trop bien où nous trouver. Nous sommes visibles comme le nez au milieu de la figure, quand il n’en a pas été arraché ; et quand il l’a été, il l’en est encore plus. Il y a déjà plus de vingt ans que, faisant le bilan d’une autre confrontation, avec quelques, nous nous rendîmes compte à quel point la prévisibilité de tous les rôles sur pattes en présence, des flics aux irréductibles, équivalait à un large contrôle autogéré, contrôle qui évidemment favorisait les plus forts, mais posait problème par son existence même, par la réalisation scrupuleuse de ce qu’on pouvait prévoir de chacun, par la bonne volonté générale. Une véritable autogouvernance, inclusive en diable. Et zut. Peut-être nous faut-il au contraire chercher le voile et la fumée de la mauvaise volonté. Est-ce sorcier ? Tant mieux.

 

Je suis de celles qui pensent qu’avant toute chose, si nous voulons bloquer ce monde et sortir de la fatalité, il nous faut nous constituer des vies, matérielles et morales, supportables. Ce qui n’est déjà pas évident vu l’état dans lequel nous nous trouvons. Et pas forcément courir se confectionner des morts et des blessures, si subversives, morales et héroïques soient-elles. Nous n’avons pas besoin de médailles. Et encore moins de bras ou de jambes de fer, ou de matériaux composites. Si vous voyez ce que je veux dire. Ce qu’il nous faut, ce sont des assises pour récupérer et repartir. Nous sommes perdues dans le monde, retrouvons nous, et de là on pourra peut-être dérouter l’adversaire. Qui n’est pas (que) quelqu’unE.

L’avenir que nous nous sommes concocté et dans lequel nous nous sommes laissées emberlificoter est parfaitement daubé, de quel côté qu’on l’examine. Nous n’avons pas réussi à sortir de l’ornière de la surenchère. Chiche, disaient d’aucunes il y a des années. Ben justement, il ne faut jamais dire chiche au désastre, sans quoi on est paralysées, comme dans un conte, et asservies à ses fins. Prises au mot. Si nous voulons retrouver et du terrain et l’usage de nos abattis, peut-être va-t’il falloir retourner sur nos pas, jusques à un endroit où nous pourrions bifurquer et reprendre du champ. Et commencer pour cela à admettre que toujours avancer peut être un leurre.

L’affaire n’est actuellement plus tant de savoir si on se conforme ou non à tel schéma explicatif ou activiste, que de maintenir et même relancer autant de bases de vie qu’on pourra, et de vies qui ne soient pas à la merci immédiate, matériellement comme moralement, des exigences et autres nécessités qui se balancent à la crémaillère du cauchemar social. Il est je crois inutile et même néfaste d’attendre pour cela des autorisations, fussent-elles morales, ou mêmes des assentiments. Encore moins des consensi d’assemblées, des conclusions d’ateliers, des comptes-rendus de conspirations. Il faut effectivement souvent, pour cela, tourner les talons, seules au besoin (et besoin il y aura) et retrouver la vieille ruse de l’Odyssée ou des mendiants de Cossery. Nous occuper de nos fesses, quoi plutôt que de les offrir en holocauste.

 

 

 

 

(1) : Je cite, pasque tout le monde affecte de causer de Scum, et que j’ai cependant l’impression que des passages entiers échappent à l’attention – comme par exemple la critique glacée de la sexualité, de la relation et de la dépendance :

 

« De plus, SCUM, qui est égoïste et garde la tête froide, n'ira pas se jeter sous les matraques des flics ; c'est bon pour les fifilles bien élevées qui tiennent en haute estime Papa et les policiers et manifestent une foi touchante en leur bonté intrinsèque. Si SCUM défile un jour, ce sera sur la face stupide et répugnante du Président. Et en fait de piquets de grève, ce seront de longs couteaux que SCUM plantera dans la nuit.

Les agissements de SCUM seront criminels. Il ne s'agira pas de simple désobéissance civile, de violer ouvertement la loi pour aller en prison et attirer l'attention sur l'injustice. Cette tactique suppose l'acceptation globale du système et n'est utilisée que pour le modifier légèrement, pour changer certaines lois précises. SCUM se dresse contre le système tout entier, contre l'idée même de lois et de gouvernement. Ce que SCUM veut, c'est démolir le système et non obtenir certains droits à l'intérieur du système. D'ailleurs, SCUM – qui garde la tête froide, qui est avant tout égoïste – évitera toujours de se faire prendre et de se faire condamner. SCUM agira par en dessous, furtivement et sournoisement. »

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La Bestiole

  • : transse et bie juskaux yeux ; vivisecte les économies politiques, premier, second marché ; acétone et antivitamine K - Le placard à Plume, la fem-garoue
  • : Un informel méthodique, exigeant, fidèle, pas plaintif, une sophistique non subjectiviste, où je ne me permets ni ne permets tout, où je me réserve de choisir gens et choses, où je privilégie le plaisir de connaître, c est là mon parti pris, rapport aux tristes cradocités qui peuplent le formel cheap, repaire des facilités, lesquelles en fin de compte coûtent bien plus. Je me vante un peu ? J espère bien. Déjà parce qu ainsi je me donne envie de mieux faire. Hé puis ho ! Z avez vu les fleurs et les couronnes que vous vous jetez, même l air faussement humble ? Faut dépercher ; quelqu'orgueil assumé vaut mieux qu une pleine bourse de roublardise attirante. Je danse avec le morcellement et la sape de l'économie, de la valorisation, de la fierté, de l'empouvoirement.
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