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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 11:10

 

 

Je n’aime pas l’expression, éminemment relationniste et sexiste, de cocues. Je préfère donc dire les berluées. Celles qui ont eu la berlue. Ah, cette berlue, autant personnage je dirais que phénomène, comme notre galipote livradoise. Cette berlue qui nous hypnotise et nous mène après par les taillis de toutes les compromissions, où nous laissons des bouts de notre chair et de ce qui nous reste d’autonomie pour suivre ce mirage de l’octroi de cadeaux institutionnels. Où serons nous, où en serons nous quand nous nous réveillerons, si nous réveiller nous devons, au fond de quel ravin dont nous ne pourrons peut-être plus sortir, à attendre la vague qui nous nettoiera ?

 

La berlue politique nous promène par des chemins incroyables, nous fait acclamer et désirer les plus étonnantes mises en boîte ; l’important est que nous croyions y gagner. Droit à, interdiction de, smic, AAH et loto. Parce que c’est toujours ça que nous entendons gagner : un peu de rab’, trois sous de reconnaissance conditionnelle. Moi la première. On en est touTEs là. La seule distinction qui reste est de s’en féliciter ou pas.

 

Là, ce sont des berluées du nouveau gouvernement, dont je veux causer. Ce gouvernement, cet état, ces éluEs dont nous attendons toute pitance, abondance.

Lesquels courent, pour leur part, après l’économie, puisqu’il n’y a in fine pas d’autre rationalité que l’équivalence (surtout ne jamais donner plus que ce qu’on reçoit, et même autant que possible l’inverse).

Et, bien entendu, après les angoisses du peuple, dont les mesquins membres sentent bien que ça se resserre, et voudraient bien y trouver des coupables.

 

Bref, en quelques semaines, on est fixées, les berluées comme les autres : les nanas ne récupèreront pas leurs trimestres de cotise perdus, les dépenses sociales seront gelées, les frontières encore plus gardées contre les vilainEs pauvres qui essaient d’aborder, les expulsions auront leur rythme soutenu et le ministre ad hoc l’a bien dit : pas une régu de plus que sous la droite. Et pour les années à venir, pénitence budgétaire et appauvrissement généralisé. Au reste, ce serait le menu de n'importe quel gouvernement. 

 

Je pense que c’est net et clair.

 

Mais voilà, y va bien falloir paraître, faire quelque chose, quelque chose qui coûte rien, qui flatte, qui s’en prenne à des qui comptent pas trop, qui arrondisse la fin de mois morale.

 

Et puis, autant le dire et le redire, gratouiller le prurit répressif, peureux et un peu haineux des zôtres, touTEs les zôtres, prurit qui empêche notre brave peuple de mal dormir et de cauchemarder tranquille dans ses sales draps. D’où le maintien de la politique anti-étrangérEs. Mais il y a demande pour assainir encore plus, encore mieux le pays. Il va donc falloir trouver qui mettre à la déchet’ à grand bruit, avec camions benne, gyrophares, etc.

 

On va donc donner aux berluées la tête des putes. C’est peut-être même bien une des rares promesses que ce gouvernement va essayer de tenir. C’est cocoje. Ces mauvaises pauvres peut-être quand même un poil trop riches, de temps et d’autonomie sinon de fric, qui ne se laissent pas victimiser, alors que tout le monde devrait communier là dedans.

 

Et pour faire bon compte, le bonbon à la cantharide du mariage et de la famille à touTEs les lgteubéEs (enfin les rentables qui ont, comme on dit, les bons papiers), lesquelLEs pourront l’avaler à la file comme les cathos leur hostie à la messe. ReconnuEs, rédiméEs. Claaasse. Hétérolande partout, voilà l’aboutissement quand les formes incontestées deviennent sujet social. Seront sauvéEs les institutionnables, au sens étroit du terme. De plus en plus étroit dans les faits et les récipendaires, paradoxe, à mesure pourtant que les droits s’arrondissent. Car il faut être porteurE de valeur, et de valeur légitimée, pour pouvoir effectivement faire valoir ses droits.

 

Finalement, ce n’est jamais que l’essence de la politique comme secteur du marché, et de sa nécessité, des ses nécessités, guerre incluse, telle qu’un Clémenceau nous en fit autre fois la leçon. Á plusieurs reprises. La plus belle ayant été sans conteste lorsqu’en pleine charcuterie internationale, il faut nommé président du conseil après avoir passé trois ans à taper sur le gouvernement, l’accusant de tous les vices, parmi lesquels la censure. Une fois nommé, alors qu’on lui demandait comme de juste s’il allait supprimer celle-ci ou du moins l’alléger, il répondit « Vous me prenez pour un c… ? ». Et il la fit incontinent renforcer. Et fusiller quelques mutins et espionNEs supposéEs.

Le ministre actuel expose, disent les journaux, le portrait du Tigre dans son bureau de la place Beauvau ; sûr qu’ils répondent admirablement l’un à l’autre, ces deux là. M'en fait je suppose que c'est l'archétype de touTEs les ministres républicainEs de la force publique. J’imagine très bien une situation de crise, genre centrale qui pète, l’état d’exception proclamé, appliqué, Valls, ou unE autre, martialE, en train d’assumer la fusillade, vaguement extrajudiciaire mais ô combien opportune, des « pillardEs » dont on ne manque jamais en pareil cas pour faire filer doux tout le monde.

Ça peut paraître Dickien comme situation ; et pourtant je crois qu’il s’en faudrait de peu, juste que ça arrive. Tout est en place pour.

Et même là on ne se réveillerait pas forcément. Nous sommes sourdEs, engluéEs dans nos représentations, nos peurs, nos espoirs, au point que nous pourrions basculer dans la pire des morts de masse sans encore bien nous rendre compte. Vous me direz, il sera alors un peu tard pour ouvrir les mirettes ; j’en conviens.

 

En attendant toutes ces splendides occasions de gonfler les biceps, de montrer que la politique c’est viril, c’est l’usage de la force brute, nous allons être un peu les pillardEs, les mutines et les espionnes des temps à venir, semble-t’il. Concurremment avec les clandestinEs de tous ordres, auxquelLEs on va nous joindre par le miracle opérant de la loi et d’un progrès social bien particulier.

 

On va nous pousser sous le tapis, personne ne croyant sérieusement, à part peut-être deux ou trois hallucinées idéologiques du « on va éduquer le peuple », que nous allons réellement disparaître, fût ce de bon ou de mauvais gré. On était déjà à la poubelle, voire la poubelle nous-mêmes. Maintenant, comme elle semble déborder, on va la renverser sous le feutre du silence social et de la répression quotidienne. Puisque nous n’aurons plus de raison d’exister, que les vilains clients seront illégaux (et chacun sait qu’en régime de droit positif, devenir illégal signifie se volatiliser, point, illégitimité santé), eh bien la berlue nous masquera. On pourra crever dans les coins sombres et faire des pipes express non protégées à dix balles, comme nos collègues suédoises. Effectivement, vu comme les épidémies recrudescent, on compte sans doute là-dessus pour ratiboiser les mal couchantes. Ça fera toujours quelques dividendes au passage pour l’industrie pharmaceutique, puis tout le monde au dodo, éternel. Le carré des nettoyées. Il risque d’être vaste, à en juger par ce qui s’amasse sur nos têtes.

 

Au fond, les lendemains sont radieux : épidémies, catastrophes technologiques, empoisonnement intégré et maladies neuronales, misère croissante, état d’exception de plus en plus normalisé, avec le gros nez rouge d’un « progrès social » à pas cher, que dis-je, à zéro thunes. Tout le monde au remblayage précaire, depuis les réinsérées sociales jusques aux petitEs cadres imbuEs de leur portion de pouvoir coercitif, d’accès au chantage à la survie immédiate. Ce qui me fait tristement marrer, c’est que touTes celleux qui, très à raison, tiennent que le marché, l’équivalence, l’échange, c’est la mort, ne semblent pas soupçonner que leur « traitement institutionnel » c’est déjà, aussi, du marché ; du marché directement appliqué à la vie, matérielle. Qu’ellils sont, que nous sommes en plein dedans, acteurices, comptables et comptabiliséEs. Que l’état et le marché sont historiquement la même chose, en deux visages. Et que plus ça se resserre, plus la circulation se tend, plus l’accumulation s’évapore, plus ce qui est derrière ces visages apparaît, brut et brute.

 

Ce n’est pas pour demain ; on s’est gausséEs des décennies au sujet de la « fin d’un monde » qui en était plutôt l’accomplissement, après nous le naufrage. Sauf que c’est pour aujourd’hui, et que même un peu hier ça avait déjà commencé. Et on en est encore à rognonner sur telle ou telle promesse tenue ou pas, symbolique et intégrative, alors que la trique éliminatoire tournicote, fauche largement les vies réelles qui ne valent plus assez, et que des simagrées comme la chasse aux putes, comme celle aux clandestinEs, servent de bien piètre paravent à tout cela. Mais paravents qui tranchent et qui tuent.

 


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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 08:22

 

 

Dans la famille très très nombreuse de je cause à ta place et ce que tu dis c’est l’inverse de ce que tu veux, ce passage d’une tribune anti-mort volontaire publiée en Belgique (mais qui ferait tout aussi bien en France) : « Á cet appel, et il faut le redire avec force, la seule réponse appropriée est de soutenir le désir de vivre qui se manifeste dans toute expression d’une demande de mort. »

 

Hé hé, ben voyons. C’est bien connu, quand une nana dit non c’est oui, quand une personne qui en marre de ce cirque dit qu’elle veut s’en aller c’est qu’elle veut rester, les dents dans l’plancher. Singulier comme ces méthodes se reproduisent d’un « secteur » à un autre. Et comme leur point commun est de gommer toute négativité, tout refus fondamental. Les affaires vont en effet déjà assez mal pour qu’on ne laisse pas en plus les mauvaises coucheuses en faire à leur tête, et les chiffres d’activités en tous genres descendre encore !

 

Le plus cynique vient d’ailleurs juste avant, et dévoile, si besoin était, un des principes sociaux actuels : on écoutera la personne, ah ça écouter, c’est comme jacter, c’est sacré ; mais surtout on n’accèdera pas à sa demande. C’est une opinion, voilà tout. Les nécessités de l’heure sont de maintenir tout le monde sur le pont pour tenter de produire encore un peu de valeur ajoutée, de quelque manière que ce soit.

 

Cela dit, je crois que ce qui ne va déjà pas, c’est qu’on soit obligéEs de le dire, et à qui que ce soit, alors qu’il s’agit d’une histoire avec nous-mêmes, d’un acte, et pas d’une demande. Ce qui est énorme est qu’on ait à demander de mourir, sauf si vraiment on peut pas. N’importe qui devrait être en mesure de se tuer, et c’est là que ça biche.

 

Cynique, dis-je. Je trouve effectivement des portes de soute largement ouvertes sur le vide du cynisme dans tout ce débat sur ce qu’on appelle, bien euphémiquement, euthanasie. Pour moi il s’agit de mort volontaire (dans la mesure où est d’ailleurs volontaire quelque chose que nous ne pouvons éviter à terme). Il faut bien dire qu’elle est très mal vue en notre grand philum historique et religieux, abrahamique. Et que se rajoute dessus la dinguerie économique : ça rapporte quand même, in fine, provisoirement, quelques sous et activité que tout le monde vive le plus longtemps possible, fut-ce dans les pires conditions.

 

Il y a du cynisme, fort grossier, dans les positions pro-vie. Je ne trouve pas pour autant que les positions adverses en soient toujours exemptes. Et je pense effectivement, avec La Fontaine, qu’on peut parfaitement dire à son exemple « Qu’on me rende impotent, cul de jatte, goutteux, manchot, pourvu que je vive, c’est assez, je suis plus que content. » J’entre dans ses raisons, tellement j’ai peur de mourir.

Á ceci près que notre époque de productivité a multiplié plus que considérablement les souffrances sans espoir, grâce à ce qu’il faut bien désormais reconnaître comme un empoisonnement généralisé ; cancers, neurodégenérescence sont au menu de la cantine quotidienne qui est imposée et va l’être à ce qui devient une majorité d’entre nous. Cela change quelque peu la perspective, ou plutôt la ferme. Mais dans le même temps, ça a crée une sorte de bulle médicale palliative tout à fait considérable, un marché qui fourmille de machines sophistiquées et d’accompagnantes de fin de vie, qu’il serait irresponsable de laisser se dégonfler.

 

Non, ce qui me gène dans ces histoires, c’est que cette liberté tout de même fort ancienne de s’ôter la vie n’est plus aujourd’hui réellement au programme. Les partisanEs de l’euthanasie réclament ainsi que l’autorité, qu’elle soit incarnée par l’état ou les toubibs, ou les deux, accède aux demandes, qui en fait doivent être toujours conformes à un certain tableau, autant clinique que moral. Si vous n’êtes pas « sans espoir », à l’aune bien sûr d’une logique extérieure et générale, vous n’aurez pas accès à la mort. Revenez en troisième semaine, quand vous serez bien à point. Voilà ce que je trouve un cynisme assez remarquable. Je suis pour qu’on puisse se supprimer à n’importe quel moment. Et aussi pour qu’on ne vive pas si mal qu’on s’y sente contrainte, poussée. Mais zut, c’est à nous de décider et de faire, pas aux socio-médico-judiciaires.

 

Je n’aime pas le mot « euthanasie ». Ça doit être parce que j’ai une peur horrible de mourir, tout inéluctable que ce soit. C’est ça de vieillir. Mais aussi parce que les novlangues me saoûlent. Par novlangue, je n’entends pas les nouveaux mots ; sur ce point je suis disciple de Malherbe, que personne ne peut durablement domestiquer la langue. Non, par novlangue j’entends les euphémismes pour positiver les pires trucs, et aussi les sous-entendus. Le principal sous entendu de mots comme euthanasie comme ivg, par rapport à suicide et avortement, est que si la « décision » est clamée comme a priori le propre de moi ou toi, sa mise en œuvre nous échappe totalement, d’une part ; et que, décision ou pas, les conditions nous sont dictées. Que l’alien ne soit pas trop grand pour l’avortement, et qu’on passe par les toubibs. Pareil pour les toubibs et qu’on soit « objectivement sans espoir » pour le suicide par délégation. Objectivement. Le gros mot. En gros on peut se débarrasser de l’alien avec force contrition et s’il a pas trop grosse tête, et se faire flinguer si on est déjà quasiment morte. Classe la latitude de décision. Et le suicide, comme l’avortement, restent indélébilement des choses pas bien, pour être claire des fléaux sociaux. Bref des trucs qui dissolvent l’amalgame. On en extrait délicatement ce qui paraît réutilisable précisément pour participer au ciment social, à la docilité et à la participation. Á la limite, ça me fait un peu penser à l’alignement de lgbtlande sur hétérolande. L’important est de ne plus constituer un danger, mais au contraire un plus, une contribution à la valorisation générale. De se défaire des mauvais comportements antisociaux, et de se gonfler à l’inverse de formes reconnues. Reconnues et confiées à la machinerie, sanitaire, sociale et judiciaire, bien sûr, c’est à dire tout simplement à ce qui a toujours déterminé le pouvoir : la mainmise décisive sur la vie et la mort.

 

Ce qui me ramène, comme souvent, à la notion de consentement et d’approbation, et à ce que toutes ces circonlocutions impliquent que ce n’est jamais nous qui agissons, surtout pas. Comme dans les élections, nous sommes conviées à choisir dans un étalage soigneusement allégé par les expertEs et la puissance publique. Nous ne serons jamais appelées à maîtriser le cadre, à tenir un peu nos frêles vies. Eh non. Autant attendre la trompette du Jugement. Être appelées, c’est d’emblée être circonvenues, ne pouvoir entrer dans le réel que quand il a déjà été entièrement mis au carré.

Il y en a marre d’être appelées.

 

Autre chose aussi me chatouille le zigouigoui au penser sur tout ça ; la novlangue sert aussi à hiérarchiser les soucis, de manière à se détourner des plus criants. Ou à les traduire en réponse déjà données. C’est ce qu’on appelle les « question de société ». On cause ainsi avec prolixité des conditions de mort, ce qui n’est évidemment pas anecdotique ; mais cause t’on avec un attrait et une angoisse de décision aussi forte des conditions générales de vie, qui tout de même nous sont, comment dire, plus immédiates ? Nous mourons pitoyablement, j’en conviens ; mais nous vivons (et cela dure bien plus longtemps) encore plus pitoyablement ce me semble. Selon d’ailleurs les mêmes grandes règles : enferméEs, dépossédéEs, contraintEs à implorer l’octroi de la moindre action sur nous-mêmes.

Au reste, séparer et opposer mort et vie, ainsi hypostasiée, relève de l’illusionnisme, abondamment servi justement par les pro-vie ; de telle vie telle mort. On n’aura pas l’une sans avoir l’autre – c’est d’ailleurs là que se situe, pour moi, l’arnaque, et le léger ridicule de tant s’inquiéter de nos dernier instants après avoir consenti à l’aliénation de tous les autres. Mais il est vrai que nous nous en soucions de la même manière : nous réclamons que la machinerie, le gros animal, s'en soucie. Est-ce parce que dès le début nous avons coinsenti à renoncer à nous-mêmes, avec toutes ses embûches ?

 

Bref, pour revenir à la mort volontaire, sans aucune illusion à ce sujet, parce que la logique même des choses y est hostile, une idée serait tout bonnement de sortir du cadre légal, donc surveillant et limitatif, la disposition de soi, comme on dit un peu aussi en novlangue : avortement, suicide, etc. Et de cesser d’empêcher matériellement d’y procéder (pour le suicide, autrefois, il y avait le choix en pharmacie ; je songe à l’opium).

 

Mais il me semble tout aussi évident que ça pourrait bien perdre sens et portée dans un maintien par ailleurs dans toutes les formes actuelles, qui assurent la domination et peuvent même permettre de la renforcer ; c’est l’effrayante martingale dans laquelle nous sommes coincées, de devoir nous confier à une dépossession majeure pour éviter ce qui pourrait aussi être une libération totale des formes de domination intégrées. Emancipation ou barbarie ? La sortie d’un tel état de choses n’a rien d’évident. Et ne pourra jamais se faire à coups d’évidences ni de simplifications. En gros, il nous faudra nous compliquer la vie pour l’émanciper. Et faire face au réel.

 


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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 09:28

 


Ce qui est tout à fait remarquable avec la nouvelle vague institutionaliste, OLF en particulier, c'est son aptitude incontestable à récupérer dans sa tambouille politique les initiatives, analyses, expressions, identités, etc. de tout le mouvement féministe, et au delà ; ce qui au fond n’est que raison, c’est notre histoire ; mais aussi à se les adjuger, se les approprier comme si elles venaient de les pondre. Et là c’est comment dire plus gênant. On a eu le clitoris, qu’on croyait avoir exhumé il y a bien dix ans, le coup classique, pour faire radic’, des hétéra bien accro à meclande qui la jouent lesb’ à la demi-journée, et quelques autres découvertes. Dernièrement, par ici, nous avons reçu, à l’occasion d’une de leur mission à plouclande, l’affirmation que si le Planning existait toujours c’était grâce à elles – et qu’il est sous entendu bien ingrat de n’être pas (encore), à leur image, entièrement prohi. Que n’ont-elles pas fait, pas créé, pas sauvé ? Anhistoriques, omniprésentes.

Là, un peu plus tordu encore, c'est la notion d'état proxénète, qui date au moins de nos aînées de 75, qu'elles font mine de découvrir. Et qu'elles retournent illico contre nous. C’est dans leur journal d’avril.


Les bras nous en tombent. L’état-maton contre l’état proxénète, en quelque sorte. Comme si on pouvait croire trois secondes à cette « opposition ». Y a du vaudeville dans l’air.  

 

On est nulles tout d’même. On n’a pas eu la présence d’esprit d’une mamie Fouque, on n’a pas pensé, à l’époque, ni depuis, à porter le pet et l’expression au bureau de la propriété industrielle. Sans quoi on la louerait, à titre trrrrès onéreux, à OLF et à toutes celles qui causent à notre place, on serait riches comme Crésusse et du coup peut-êt’ même on bosserait plus. Á part une fois tous les treize mois juste pour les faire enrager.

 

J’aime beaucoup, dans le même papier, leur dénonciation du « sexe sans désir ». Outre que bien sûr on ne va pas attendre d’elles une critique de la forme sociale désir (avec un grand D, nécessairement sexuel et même génital), non plus que celle de l’amour ou celle du bonheur, etc., critique à laquelle ne se livrent plus que de vieilles féministes ringardes dont j’ai l’honneur d’être presque désormais, a-t-on songé que le désir, en l’occurrence, quand je fais un client, c’est celui de l’argent. Désir d’ailleurs fort commun à économicland. Je suis au reste bien d’avis qu’on vivrait mieux sans argent, sans équivalence obligatoire, de même que sans désir (et sans bien d’autres choses d’ailleurs qui sont proclamées indispensables) – mais bizarrement la critique de l’économie et du monde qui va avec ne fait pas partie de ce que OLF récupère dans les poudreux amoncellement de la réflexion. On ne va pas non plus donc leur demander, non plus qu’à bien d’autres, une critique de la forme argent ni de la nécessité économique, tout aussi sacrées que désir et amour ; la seule injonction est que les formes sacrées ne se touchent pas, tellement apparemment on a la trouille qu’elle s’absorbent l’une l’autre et témoignent ainsi de leur identité, d’être deux aspects de la valeur fétiche.

Quant à la polarisation désir versus besoin, il semble que le monde contemporain ne la connaisse que comme paravent : le désir est un besoin comme un autre, et le besoin s’hypertrophie sous la forme désir. Pour ma part je pense qu’il nous faudrait nous débarrasser vite fait de la forme besoin comme de son faux nez désir. Là aussi il y aurait de la critique à touiller. Probable qu’on ne s’émancipera pas de l’un sans faire de même envers l’autre. Là aussi, le clivage dissimule (de plus en plus mal) deux aspects de la même machine sociale.

Même on dirait que toujours plus d’économie, d’argent et de participation paritaire à ce cirque pourtant mortifère, qui engendre précisément besoin et désir, semble convenir profondément aux féministes institutionnalistes. Cirque où on n’a pas peur de soutenir que « le salariat est émancipateur », de même que le « juste profit » en général ; ou d’affirmer, sans nulle arrière pensée, qu’il est prioritaire que des nanas puissent présider aussi bien que des mecs à la fabrication d’armes sophistiquées pour tuer les non-rentables (dont un fort quota d’autres femmes). Yes, dude…

 

C’est probablement dans cette optique de trouver des participantes, à tous les niveaux, qu’elles ont aussi fini par lancer une opé de séduc vers t’lande. Sans surprise, vers leurs homologues institutionnalistes de chez nous. Elles ne pouvaient d’ailleurs pas faire meilleur choix, je le dis sans ironie aucune. De même qu’OLF affirme être l’aboutissement de tout le féminisme, l’ANT, dans son libellé même, se pose en chapeau pointu de toutes les « luttes trans ». Ce qui vu d’une certaine distance fait évidemment un peu se marrer. C’est un exemplaire parfait de ce que nous décrivions déjà avec un vieux complice il y a plus de vingt ans, parlant des « associations représentatives » dimensionnées précisément pour la concurrence politico-médiatique : un bureau, un téléphone et un téléscripteur. De nos jours, le bureau a fréquemment disparu avec la flambée de l’immobilier, les téléphones se sont multipliés et suivent les personnes, le téléscripteur a été envoyé à la déchet’ par les ordis enrichis d’internet. Mais le principe est resté identique : faire impression, multiplier les communiqués, occuper le terrain médiatique autant que faire se peut (ça se piétine ferme !). Ce terrain dématérialisé au possible, avec ses populations de même.

Ce qui rassemble ces orgas plus ou moins garnies est leur passion pour l’exécutif, et la participation à icelui ; sont prêtes à céder, engager quatre fois nos peaux et nos vies, qu’elles affirment représenter, pour obtenir une parcelle de décision, plus ou moins effective. Nous sommes malheureusement des ourses fort insouciantes, pour ne pas dire dangereusement consentantes à cette appropriation ; or c’est à nous qu’on viendra demander compte de la réalisation, dans l’ordre politique et économique, des lubies sécuritaires et normalisantes de ces missionnaires. Et alors gare à nouzautes.

 

Comme j’aime bien assaisonner paritairement, équitablement (mais pas durablement, ça j’abhorre) mes petites camarades, je me suis quasi en même temps esbaudie sur l’annonce d’un énième livre de MHB, laquelle a résolument décidé de nous « expliquer le féminisme ». Vaste programme. Je n’ai pas été plus loin que l’image qui jouxtait la triomphale annonce, laquelle faisait bien comprendre qu’il s’agissait d’un féminisme, qui n’est pas celui non plus des vieilles mules ringardes (auxquelles, je le rappelle, la rétivité et l’âge sont en train de m’amalgamer, ce dont je ne saurais trop me féliciter ni me réjouir), mais plutôt le féminisme des identités-statuts, frontalement opposé au républicanisme d’OLF et autres instit’s, avec les joies du monde en morceaux, tel qu’il est et doit le rester, opportune confusion de la réalité commune avec l’hégémonie, et libération (mais de quoi ?) par le recours aux racines et aux cultures. Pas convaincue des résultats. Comptabilisme et affirmatisme nous parquent dans l’impasse d’un présent incriticable, indépassable, d'oppositions factices, avec les chaises musicales de la domination à s'arracher. Comment s’arranger autrement dans la boîte de conserve, ni plus ni moins. Bof.

 

Récup' pour récup', autant éviter de nous réapproprier ce qui nous dévore, que ce soient l'état ou les traditions, la citoyenneté ou les identités.

 

Je dois avouer qu’à mes yeux, MHB et ses consortes sont aussi de bonnes fouilleuses, des récupératrices accortes. Encore que pas dans le même genre ni de la même manière qu’OLF, ce qui d’ailleurs se conçoit aisément quand on scrute ce qu’elles défendent les unes et les autres. Mais j’ai tout de même bien rigolé de son annexion de ou à t’lande, en son temps. Comme de celles de quelques autres. Ce fut assez cocasse. Queerlande, il faut bien le dire, m’est une source assez généreuse d’amusement. Et je me marre tellement que je ne leur en veux même pas – croix de bois croix de latex – de leurs prévarications t’morphiennes et autres langues de chat.

 

Les catéchismes n’ont jamais manqué, ni dans le féminisme ni ailleurs. Et il n’y a pas à s’en gendarmer en soi : nous partons nécessairement de prémisses, de croyances et de volontés. C’est même je crois la seule manière d’être honnêtes intellectuellement et politiquement, de ne pas faire mine que la science ou je ne sais quelle fatalité historique s’exprime par notre bouche. Mais voilà, précisément, ça biche quand la mayonnaise tourne mal, la mayonnaise que constitue notre attitude, notre approche, et qui veloute tout ça. Quand elle tourne à la vérité révélée, à la vox populi, enfin à la menace.

 

La manie collective de décréter que son féminisme est le seul, le vrai, le tatoué, et son projet de société l’unique viable et bienfaisant, n’a rien de neuf. Toutes les idéologies connaissent ce mouvement de ratissage compulsif qui s’empare des protagonistes à de certains moments. Particulièrement dans les époques dites de crise, où le cirque se resserre, où ça barde, et où on soupçonne mesquinement qu’y va pas y en avoir pour tout l’monde. Il ne s’agit alors plus de cohabiter, encore moins de discuter, mais d’éliminer. Guerre des catéchismes. C’est toute la différence avec les années 70, dont je compte vous causer dans un prochain post. Et les mauvais temps sont aussi ceux où on se sent amenées le plus à la récup’, et le moins à l’audace prospective. Que personne ne sorte !

 

Je ne suis pas devenue féministe pour apprendre la vérité ; si ç’avait été mon but, j’aurais été chez Krishna ou à Lutte Ouvrière, ç’eût été bien plus vite fait. Je ne suis pas truffière ; je suis chercheuse, mais pas trouveuse, et encore moins décrétaire. Les gentes regorgeantes de solutions et qui croient sans distance à leur discours sont, d’expérience historique, des périls redoutables pour leurs contemporaines, bien plus que pour la domination.

 

On ne vit pas sans récup’. Nous sommes faites de récup’. Nous sommes presque totalement une somme d’autrui, et le presque me semble même abusif par moment. Nous sommes des as, des gagne-petit ou des looseuses de la récup’, mais c’est là que nous nous retrouvons. Et heureusement ; c’est très bien comme cela, car sinon nous ne pourrions sans doute même pas nous comprendre.

Disons que dès que nous voulons paraître, là, c’est sûr, nous sommes totalement autrui, présentE et passéE. Il nous faudrait simplement l’admettre, au lieu de nous rengorger de nos petites différences. Et de nos redécouvertes tonitruantes. Nous sommes un fil à couper le beurre de la réalité et de ses fantasmes, un fil toujours émoussé. C’est comme ça. Ce que nous apportons, au fond, ce n’est pas tant ce que nous avons inventé ou décidé que ce qui nous arrive. Nous bugne, nous modèle et nous transforme. On pourrait le reconnaître sans se haïr ni se mépriser. Ce qui pourrait aussi aider à ne pas dramatiser que nous soyions, par exemple OLF, MHB et bibiche, en parfait désaccord sur la détermination de ce que nous voulons fuir autant de ce vers quoi nous voulons aller ? C'est un vieux remake : nous sommes toutes issues du premier féminisme matérialiste, mais à couteaux tirés dès que nous passons aux prospectives et aux conclusions. Par contre, c'est quelquefois assez drôle comme nous complicions avant de déterminer nos positions finales (je me rappelle encore d'une soirée, l'hiver dernier, où je me marrai copieusement avec des nanas d'OLF ; nous étions, pour quelques moments, non plus ni pas encore des moniales soldates, mais des personnes avec une histoire partagée). 

 

Si seulement nous pouvions déjà éviter, autant que possible, et sans s'interdire pourtant une raisons commune, de spolier des gentes en parlant à leur place, ou pire en retournant contre elles ce qu’elles ont apporté. Ça doit faire partie de cette vieille morale qui n’impressionne ni ne meut plus personne, en cette époque utilitaire. Et surtout pas les institutionnelles politicardes en action. Mais n’empêche que ça leur revient dans la figure ; il est malaisé de persuader les gentes qu’elles sont inadéquates ou de trop. Ou qu’on les connaît tellement bien que…

 


 

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 09:00

 

 

 

 

« Je ne peux me représenter la féminité que comme une appropriation consciente de cette négativité qui est traditionnellement le lot de la féminité et qu’elle supporte plus ou moins inconsciemment.

Je ne pense pas que cette négativité doive forcément se transformer en affirmation. »

Ilse Bindseil

 

 

 

En un virage, au milieu de l’estimable bourg de Bagnac sur Célé, dans l’orient extrême du non moins estimable département du Lot, cette enseigne : « Le choix funéraire ». Rien de moins.

 

On a fait dix mille fois ce genre de petit rapprochement facile, je n’hésite pas à en rajouter encore une. Ça semble tellement bien résumer une époque. C'est-à-dire nous.

 

Le lendemain, les journaux s’empressent de m’apprendre que le long vouiquende consécutif a été « cauchemardesque » pour le vivant contenu des boîtes de sardines à grande vitesse : suicides en rafale de ses congénères solitaires sur des voies encore, toujours trop peu « sécurisées » (que font les polices, les milices, les psys, etc ?), trains bloqués. Mieux que n’importe quel complot anti-indus.

 

Et aussi que les thons rouges du Pacifique sont désormais radioactifs. Comme ça ils vont peut-être bénéficier, à notre instar, de la mort lente au lieu de la mort rapide dans les chaluts, étant devenus inconsommables (Tchouang-Tseu préconisait autrefois de se rendre inutile pour avoir la paix ; de nos jours il vaut mieux être inconsommable). Peut-être même va-t-on les faire citoyens pour marquer le coup. Plus fort que touTEs les antispéEs de la terre.

 

Ça c’était pour poser le théâtre.

 

En tous cas, cette dialectique de l’enseigne ramène brutalement à ce que veut dire, en l’état de choses, choix, comme à ce que veut y dire consentement : le monde est en ordre, les jeux sont faits, l’étalage est au complet. Nous ne sommes fondées qu’à dire oui ou non, et à passer à la suivante, sans sortir du grand magasin, jusques à la dernière gondole où aucun avis ne sera demandé, parce qu’il est celui, justement, du funéraire. Nous ne sommes fondées qu’à acquiescer ou à refuser, et ce toujours provisoirement, à recommencer face à l’exigence permanente d’un cadre qu’il n’est même pas un instant question que nous interrogions, sans parler même de le bouleverser ni d’en sortir. Nous sommes dedans. Amour, cul, travail, citoyenneté, santé : partout c’est l’interrogatoire : oui ou non ? Et nous perdons lentement, plus ou moins tranquillement, la boule, harcelées par la demande identique, répétée, presque à chaque minute. La demande qui inclut en elle-même que son objet est là, impératif, nous échappe totalement, que nous ne pouvons ni l'ignorer, ni le contourner, ni le détruire. Que quelle que soit la réponse c'est lui qui l'emporte à la fin. Tu veux ou tu veux pas ? C’est toujours l’autre par position, l’agentE des choses et de la nécessité, les choses et la nécessité même, qui parle en premier.

 

Si nous hurlons m…, on nous enferme. On a craqué. On est sorties du jeu. Et on n’a pas plus parlé en premier.

 

Une manière de n’y pas entrer serait de pouvoir dire un non préalable, un non au jeu et à sa table même, à ses formes, à ses catégories « incontournables » et pour pouvoir cela, de s’y autoriser. Je ne dis pas préalable au sens temporel du terme – à ce sens nous serons toujours battues et il sera toujours trop tard, puisque nous entrons dans le jeu, dans le magasin, en naissant. C’est un préalable de disposition et de logique. Il s’agit de parler en premier. De refuser d’être mises devant l’alternative ; de passer dans son dos et de lui bugner le cul, à cette alternative d’étroitesse et d’injonctions huilée par la métamarchandise bonheur. Et de ne pas se laisser avoir par son mirage d’abondance ; « Tout, tout de suite ». Bernique ; commençons voir par « Rien, jamais ! ». Ne nous laissons rien demander. 

 

Refusons nous. Voilà un bon commencement. Fermons leurs gueules à toutes les propositions, qui prétendent mettre la table et la délimiter. 

 

C’est un pari ; nous ne savons pas, moi la dernière, si une émancipation réelle est possible. Mais si nous n’essayons pas nous la reconnaissons d’emblée comme impossible – ou peut-être comme inopportune ?

 

En tous cas, coincées comme nous sommes, notre humour, cynique, a quelque chose de terreux ; la dame blanche est à demeure dans le virage. On se la rejoue sans cesse ; c’est par où la sortie ?

 

 


 

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 18:38

 

Récemment, en marge si j’ose dire de tous mes doutes sur nos histoires de t’itude(s), a germé en moi l’idée que nous serons peut-être, dans un avenir indéfini, peut-être un siècle, en tant que groupe et identité, un souvenir, une anecdote de l’histoire. Une tentative de se faufiler dans les rouages du genre, mais qui aura abouti très vite à une impasse matérielle et humaine. Que nous allons disparaître après nous être étioléEs, comme nous étions apparuEs et sommes actuellement en voie de multiplication. Que nous sommes une de ces nombreuses tentatives humaines qui n’auront pas de suite – mais il y a la mémoire. Ne pas gagner ce n'est pas perdre - et de toute façon ce n'est peut-être pas ça l'important.

Ouais, je sais, c’est pas le type de rumination qui fait plaisir… Mais je nous vois à la fois tellement dépendantEs, dans notre logique et pratique, d’un monde en probable déroute, lequel d’ailleurs ne nous aime guère plus que nous ne l’apprécions ; et à la fois tellement coincéEs dans une réattribution sans fin des signes en genres, toujours ramenés à deux (mais ce n’est pas le binaire qui fait ch… tant que le genre lui-même – le binaire montre seulement que le cadre même y ramènera, quoi que nous essayions d’en faire), à cette vieille dualité qui nous oppresse et qui nous éclate (je parle là à l’échelle humaine) ; enfin quelque peu bousilléEs, de divers points de vue, que je me dis, c’est raté. Et vu comme on survit, nous sommes en train de faire long feu. Bien essayé pourtant.

 

Finalement, je me demande si ça n’indique pas, une fois de plus, que quérir, échafauder réponses et surtout solutions à des questions piégées referme sur nous le clap encore plus serré. Peut-être faudrait-il parvenir à refuser de répondre ? Á refuser de nous positionner par rapport à ce donné très daubé. Á refuser l’alternative consentir/pas consentir, quoi. Á sortir un non qui soit en avant même du clivage, préalablement à toute tentative d’affirmation.

 

Pas évident. Le donné a un cul de plomb. Une fois de plus c’est à nous, qui sommes aussi faitEs de ce donné, de nous mouvoir. Dur dur. Lourd lourd.

 

En attendant, l’affaire reste entière. Je crois que nous ne l’avons que très peu entamée, la lame a glissé. Nous sommes en train de ronger notre lichette, à je ne sais combien dessus, à côté de la masse susbistante.

 

De toute façon, anecdotes ou pas, caricatures ou pas, on ne le sera guère plus – ou moins - que les bio, et on va essayer de ne pas en crever trop vite non plus. On se trouve là, les t’, aussi réelLEs que vouszautes. Si vous nous marchez sur les pieds zaurez notre paluche sur la figure. Et si on n’a pas réussi à se décoller du grand chewing gum, pareil, c’est pas faute d’avoir essayé, et il y a de quoi rigoler en contemplant celleux qui nous charrient et qui y font des bulles. Nous sommes dans la même galère, totalité oblige. Elle ne nous rend pas belLEs. Mais tête pour tête, je préfère encore la mienne aux vôtres ; contente de ne vous ressembler qu’avec modération ; pas de regret.

 

Il se peut fort que tout ne soit pas dit. Ni écrit.

 


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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 08:08

 

http://www.lalibre.be/societe/insolite/article/734593/des-robots-prostituees-des-2050-a-amsterdam.html

 

Les androïdes, comme dans K Dick, quoi. C’est pas trente ans en avant, c’est soixante ans en arrière que nous voilà dans les conceptions, les fantasmes et les craintes. C’est le tarif du progrès. Un pas en avant deux pas en arrière. D’ailleurs, est-ce que les androïdes feront le « service social et psy », qui est une part non négligeable de notre boulot ? Bah, il y a justement des androïde psy (docteur je sais plus quoi) dans K Dick ! Et une machine peut fort bien appliquer les schémas simplistes des écoles de psychothérapie, de positivation et d’empowerment. Peut-être même seront-elles encore plus persuasives que des humainEs, lesquelles ont toujours de ces possibles réserves, réticences et doubles fonds qui peuvent gâcher une bonne remise en forme.

 

Les « rêves » d’aujourd’hui, si toutefois on peut parler de rêve au sujet de ces prospectives daubées et sinistres, sont de plus en plus fréquemment ce qui paraissait déjà et pourtant hier comme un désastre et une ergastule à fuir. Ça en dit long sur l’impasse sur le fond de laquelle nous nous cognons la tête avec entrain. Il ne nous reste plus qu’à évoquer les fantômes d’un passé raté. Et à souhaiter la réalisation de ce qui fut la provende de la science-fiction dystopique d’hier, laquelle nous présentait assez justement ce qui était à craindre. Mais aussi réclamer en frissonnant ce contre quoi nos parentEs et grand parentEs se sont battuEs.

 

Plein emploi, tiens, tout le monde utile, utiliséE, au boulot, à la famille, à la culture, cet enfermement des années 60 après lequel toutes les identités sociales courent aujourd’hui, nonobstant qu’on ait autrefois tenté de se défaire de ce cauchemar tayloriste. Zamiatine, la valorisationde tout ce qui est valorisable et les tablettes tactiles unies dans la frénésie comme dans la dépossession. C’est qu’il ne s’agit plus de s’émanciper – il s’agit désormais de s’entasser dans la capsule de sauvetage, où les conditions promettent de devenir à peu près aussi favorables et passionnantes qu’au beau milieu du vide spatial. Ce vide que nous met déjà sous le nez l’effondrement des zones dévaluées.

 

Mais n’avons-nous pas un peu le même genre de terreur du vide envers une hypothèse où disparaîtraient vente, achat, équivalence et évaluation ? Il est vrai que, dans les dispositions actuelles, ça sentirait plus le massacre mutuel et l’extorsion infinie que le dégonflement et la sortie des injonctions. Mais de toute amnière, si on n’en sort pas on y va aussi tout droit. Simple question d’épuisement de l’accumulation. 

 

Ainsi donc aussi de la famille ; arrivée là je reste tout de même assise sur mes talons, admirative. On a autrefois fait les efforts les plus compliqués pour arriver à s’extirper, plus ou moins bien, avec plus ou moins d’élargissement, de cette boîte de sardines qui ligote plus qu’elle ne lie, par le mariage, l’enfantement, la parentalité et j’en passe. Le paradis n’est nulle part, mais on était bien contentEs de l’avoir un peu ouverte aux forceps, la boiboîte. Eh bien la débine actuelle, le besoin de reconnaissance qui ne trouve plus rien d’autre où s’accrocher, nous y ont ramenéEs, que dis-je, carrément re… ; nous voilà réentasséEs dans l’idéal des deux (ou éventuellement plus, chacunE avec son jugement d’autorité dans la pochette) nadultes et de leur ribambelle de gosses, qu’on imagine à vélo le dimanche à la file sur les voies vertes (et je cause là du segment dit « privilégié » - drôle de privilège cependant). Encore quelque chose dont on avait entrevu la fin, et qui a repoussé en nous comme une larve parasite, une douve du bulbe. Á ce point d’ailleurs que maintenant, paraît-il, on décore des cadenas, oui, des cadenas, en guise de célébration d’unions. Demain ce seront des menottes. En plastique biodégradable. Vive la prison, quoi (ce qui est d’ailleurs un des leitmotivs enthousiastes de ce temps : que personne ne soit dehors !).

Remarque, on en est bien à revendiquer de rentrer dans les ordres…

 

Quand aux apprentiEs révolutionnaires de l’amélioration, ellils se projettent – en juges ! Étonnant comme les chats-fourrés de Daumier font désormais triper les espoirs. Pasque c’est bien sûr à coups de droit positif qu’on sortira du cauchemar. Et quand il se retourne contre nous, dans sa logique propre, on n’a qu’à crier « justice pourrie », histoire de se défouler, ça ne coûte pas cher. C’est le carcan juridique qui coûte jusques à nos peaux. Nos peaux que nous lui confions bien inconsidérement, à ce tanneur. Mais à qui ne les avons-nous pas déjà con fiées, abandonnées, négociées et bradées ? Á la relation, à l’économie, à la nation et tout ce qui s’ensuit. Alors, un peu plus un peu moins…

Une nana américaine, récemment, ne s’y est pas fiée, n’a pas confiée ce qu’elle pouvait faire illico ; pour une fois la transgression en est une, et une bonne, aller au-delà. Á coups de ciseaux. Sur le mec qui lui sautait dessus. Couic le mec. Mille mercis à cette personne pour nous avoir rappelé que rien ne vaut s’occuper soi-même de ses fesses, de manière, comment dire, pragmatique. Et sans attendre justice. Elle s’est fait coxer, zut. Justice partout, hélas. J’espère qu’on n’est pas au courant pour d’autres qui ne se sont tout simplement pas faites choper, méthode Beignets de tomate verte ! – Dans le monde du Bien, comme ce serait d’ailleurs dans un hypothétique du Mal, tout aussi nœud, la tête chercheuse scrute pour tout passer en valeur économique et pénale. Quand comprendrons nous que coupables et victimes ne sont à ses yeux morts que des occasions de se renforcer et de s’enrichir ? Et que nos vies lui indiffèrent suprêmement ?

 

Dans un contexte tout voisin, la relation étant une forme de l’économie, voici le retour des morts-vivants, l’effarant recours des welfaristes à la figure de… Roosevelt ! Qui ne trouva pas mieux que parier sur une guerre générale, que d’autres, eux aussi passionnés par la technique et le développement, eurent effectivement la générosité de commencer, pour relancer l’économie, laquelle ne peut sainement « repartir » que sur les vides laissés par la destruction et leur remplissement. Classe la nouvelle donne, après les vagues de bombardiers et les exterminations de populations. Pour stimuler la production, à quelle redistribution des cartes de vie ne consentirions nous pas ?

Car rien ne semble faire plus peur que la fin du travail, de la production de masse et de la consommation, de notre misérable richesse d’ersatzs, de prothèses et de babioles.

Il est vrai que cette terreur n’est pas absolument injustifiée dans la mesure où, agrippéEs à nos rêves de reconnaissance, d’appropriation et de croissance boulimiques, nous sommes bien décidéEs à endurer et même à pratiquer la barbarie pour en faire subsister les restes et lambeaux un peu plus longtemps. On en voit déjà les prodromes : la piraterie et la tuerie comme alternatives « franches » et libératoires au commerce et à la représentation classiques, qui éliminent en douce et au loin ; l’important restant que les biens et les territoires prévalent, circulent, soient attribués et valent quelque chose, fut-ce de la vie nue. L’existentialisme nous en avait déjà touché un mot avec Fanon ou Sartre, après Nietzsche et Sorel ; de nos jours c’est l’insurrection qui vient et ça se passe même de mots. La violence libératrice – qui libère effectivement les forces productrices, les formes viriles et exterminatoires qui vont avec. Les gentes sont toujours de trop. Toi aujourd'hui moi demain, ou l'inverse. L'économie durable, néolibérale ou keynésienne, sous son grimouillis habituel de nécessité politico-historique, va nous en toucher un mot, et pas qu'un mot d'ailleurs. Elle va taper sur l'épaule pour dire de dégager, que les susditEs coûtent trop cher. A mesure de l'apauvrissement, comme c'est surprenant. Classe, là encore ! On se la rejoue, des fois qu'on n'ait pas encore bien décelé toutes les subtilités du scénario. 

 

Il sera alors temps de recourir aux manières fortes que l’on n’impose encore aujourd’hui qu’aux déjà inutiles. On en est déjà, en Europe même, à des dispositions légales de type autoritaire, pour protéger la bonne marche de la production. Mais, même là, on se plaint de l’humain retard ; ainsi, un général français soupire-t’il devant le manque de cartes d’identité en Afghanistan. Ah, cette brave et bonne identité, mise en place par des régimes qu’on fait semblant d’oublier, et si utile à déjouer toute fraude, toute échappatoire. Mais grâce aux prouesses de nos ingénieurEs et à la collaboration de nos citoyenNEs, on va touTEs se voir pucer. Gloire à ce Moreno qui vient de périr, à qui nous sommes redevables d’un instrument de contrôle et de contrainte induite qui pourra nous suivre, sous la peau, jusques dans les charniers du stade ultime de la valorisation !

 

 


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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 09:01

 

 

L’un a été « acteur de la libération », l’autre a « effectué un travail de guerre ». C’est dans le Monde du 19 mars. C’était dans la même guerre. C’est ordinaire et hallucinant de lire tranquillement ces deux transfigurations d’un réel qui effraye tout le monde, et qu’on essaie de faire passer en l’enrobant de l’inusable vaseline du « travail » comme de celle de l’histoire, et pourquoi pas de la culture. Les exterminations de masse aussi (juifs, tutsis…) furent vécues comme un travail. Qu’est-ce que le travail ne justifierait pas ? Et qu’est-ce que la libération n’a pas aussi justifié ? Inversement – impossibilité de porter quoi que ce soit sur les fonds baptismaux sans le tremper préalablement dans une des ces sauces ; je lisais ce matin le « travail de mémoire » ; on cause tout autant du "travail de deuil (!!!) ou, bénignement, de "l'industrie de la punition". Yes. Tout doit porter en gésine une valeur ajoutée et échangeable, ce qui est la raison d’être de l’activité réduite au travail. Qui « libère » (on se demande ce que ça libère, avec quelqu’inquiétude, si ça a la propriété magique de tout rendre acceptable).

Les deux semblent des dispositifs infiniment mortifères. Les conditions de la reconnaissance, de la visibilité, que nous affirmons rechercher avec fureur.

 

Je me marre doucement quand je vois les mots les plus précis affublés d’une queue longue comme trois fois eux, afin d’en éloigner le sens, que celui-ci ne tache pas nos lumineuses vies (n’est-ce pas qu’elles sont lumineuses ?). Ainsi de « l’obscurantisme », déployé à chaque manifestation de la barbarie actuelle. « an ». « tisme ». Mais dire que nous sommes, et depuis sacrée belle lurette, en une sombre et obscure époque, alors là pas question ! Que dites vous là ?!

 

Le travail de guerre, comme celui d’extermination. Le plaisir du travail bien fait. On a bien glosé ces derniers jours sur une série de meurtres idéologiques, en se déclarant « dépassés, ahuris ». Pourtant il ne s’agit que de la satisfaction du travail accompli, de la productivité et de l’efficacité. La même que peut éprouver un cadre qui a convenablement mis une population entière au rebut de la rentabilité. Il y a juste la différence d’échelle, de l’autoentrepreneur à la multinationale.

 

Acteurs, travailleurs. Acteurs surtout, finalement ; le rôle englobe jusques au travail.

Hiatus linguistique : les acteurs n’agissent jamais.

 

Ce qui est le propre de l’acteur comme du travailleur, lesquels constituent finalement la même personne, c’est de jouer un rôle, un rôle défini, connu par tous, sans chausse-trappe (sauf cas prévu par les assurances !). Que tout le monde sache bien à qui, à quoi il affaire, à quoi s’attendre, et mutuellement. Qu’il n’y ait ni fraude, ni surprise, ni échappatoire.

Notre grande affaire est de nous rendre visibles, comme il est répété à l’envi dans les écouteurs d’hamsterlande ; et de certifier par là même combien nous sommes prévisibles ; qu’on ne peut avoir avec nous ni mauvaise surprise, ni surprise tout court. Que notre choix est traçable. Comme n’importe quel produit moderne et durable.

 

Dans un petit factum paru en 89, l’année des minutes de l’amour et de la réalisation, au sens financier, de la démocratie, avec quelques complices, nous fîmes un bilan, bilan d’une lutte donnée, sur un spot, mais aussi bilan d’années d’expérience. Je regrette de n’en avoir nulle copie sous la main. Ça reviendra. Dans un des chapitres, nous notions à quel point nous étions tous prévisibles, conforme à ce qui était attendu de nous, jusques aux « irréductibles ». Que cela scellait, encadrait le destin des luttes, comme des personnes. Et que nous en étions les artisans et garants, inutile d’aller chercher une quelconque fatalité ou je ne sais quelle manipulation. Rien ne se fait de plus efficace, y compris les cages, que par soi-même. Surtout quand les cages sont nous-mêmes, et vont où nous allons, portant notre condition partout où nous irons fourrer notre nez. Comme c’est nous-même qui créons le cadre, nous pouvons y adéquer sans limites. Il n’y en a même, de limites, nulle part : partout où nous allons ainsi, nous portons le même.

 

Que personne ne sorte !                                                                            

 

C’est peut-être ça qui fait que rien ne change de trajectoire : que nous jouons tous notre rôle, que nous sommes prévisibles, transparents les uns aux autres. Que c’est même notre but, de l’être parfaitement, sans retrait ni recoin. Que nous nous investissons à fond dans la représentation de nos identités, cultures et tout ce qui s’ensuit, histoire d’être visibles, présents, atteignables, évaluables de partout et par tous (et réciproquement, le rêve panoptique). Que nous les collectionnons, les recherchons, même, avec avidité. Que ce soient les haillons de normalité et de vague puissance chers aux intégrés, ou les participations pathétiques à un statut d’opprimé qui font tout l’espoir des alternos.

Que nous en réclamons toujours plus de visibilité, d’être sans interruption sous l’œil qui distribue l’existence, tout autant que d’être nous-même fragments de cet œil. Œil collectif, participatif, que nous constituons par notre désir de reconnaissance et nos abdications nécessaires, œil qui nous recense et rétribue. Cet « œil dans le ciel » - nos représentations sont devenues notre ciel - et sa laisse de lumière qui nous suit. 

 

Que ce faisant nous accomplissons totalement notre boulot. Ne surtout pas songer au sabotage ou à l’enrayage ; bien au contraire, faut que ça tourne. Et il faut l’aimer, ce boulot d’existence, en plus ; le mettre en concurrence, l’étaler à l’étalage, affirmer et bugner.

Pourtant : que peut-on saboter de mieux, dans l’ordre productif, que son propre boulot, rôle, son identité attendue, son soi-sujet ?

Que peut-on mieux quitter que sa visibilité et sa prévisibilité ?

Bref : si nous essayions, au contraire, de laisser ça et de devenir moins visibles ? Qu’on ne puisse plus se suivre à la trace ?

Ce qui suppose de quitter la scène. Et de découper les pupuces définissantes dont nous nous sommes constellés. De ne plus clamer nos choix ; de cacher ce à quoi nous prétendons. Bref de ne plus soumettre la réalité de tout cela à une quelconque reconnaissance, institutionnelle ou autre. De le soustraire au contraire à la connaissance.

 

Pourquoi pas même cesser un peu d’y croire ? De nous agripper à tout ce qui vient nous passer par la bouche, le badge ou le reste comme à vérité révélée ? D’avoir le curseur bloqué sur « affirmatif » ?

 

De travailler à nous-mêmes.Et de nous prêter ainsi à tous les systèmes et hantises ?

 

Peut-être que les choses ne s’ébranleront, ne cesseront de tendre au même, que lorsque nous cesserons d’être prévisibles. Nous avons fait marcher les montagnes ; le résultat est peu engageant. Marcherons-nous alors enfin nous-mêmes, autrement qu’au pas ? Il se peut qu’il n’y ait que là où nul ne nous attend, à commencer par nous-mêmes, que cesse l’envoûtement.

 

Si nous pouvions enfin n’être plus ni visibles, ni prévisibles. Rien que pour voir.

 

 


 

 

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 10:07

 

 

S’il y a quelque chose qui est emblématique de l’époque d’internet, après le copier-coller, ce sont bien les commentaires. Autrefois, il y a fort longtemps, les Commentaires étaient des œuvres, à part entière. De nos jours, enfin depuis donc dix, quinze ans, cela consiste, en tant qu’attache de glaire à la moindre affirmation, en un déversement ininterrompu d’opinions, de la bile, de la mesquinerie, de la haine et, pour tout dire, de la stupidité ambiantes. J’avoue, je reste même régulièrement estomaquée devant l’impudeur totale avec laquelle ces …… s’étalent sur la « toile ». J’en viens à souvent éviter de les lire, tellement ils sont prévisibles (notre prévisibilité, notre acteurisme, c’est d’ailleurs sans doute un des meilleurs garants de l’ordre du naufrage).

 

C’est marrant, d’ailleurs, dès qu’on écrit quelque chose d’un peu fouillé et imprévisible, plus de commentaires, muets, si ce n’est rarement un « sale élitiste qui cause de questions non registrées, auxquelles on n’a pas déjà toute une séquelle de réactions prédigérées ».

 

Je me désennuyais ainsi l’autre jour en lisant le blog d’une collègue t. On y causait cette fois, et pas spécialement « affirmativement », de t et de tapin, vous voyez tout de suite le tableau. Ça n’a pas manqué, comme la confiture attire les mouches. On a eu droit, entre autres, à la tradie de base, celle qui « n’est pas transphobe » (pardon, transchose), mais… ; et à sa nécessaire et bienveillante antithèse, qui nous adore tout autant et hait tout autant la méchante phobie.

 

Ben oui, qui pourrait ne pas nous zaimer, les t-lesb, de même d’ailleurs que pratiquement toute autre catégorie « affirmative », hein ? C’est comme les prisonniers politiques. Vous aurez remarqué qu’un des progrès incontestables du monde moderne et du droit positif exacerbé, c’est qu’il n’y a plus de prisonniers politiques. Sauf peut-être dans quelques régimes tout à fait attardés comme la Birmanie. Qu’on soit en démocratie ou en dictature ou en « populaire », que des droits communs, des criminelLEs. Et on aurait tort de s’en inquiéter ; c’est au contraire un grand pas en avant qu’il n’y ait plus que des criminelLEs. Y a que de l’amour, des coupables et des anges.

 

Il n’est pas possible de « pas aimer », dans le monde de l’amour et de l’affirmation. En tous cas de le dire. Il faut trouver un biais. Rien de plus facile.

 

Donc la tradie, puisque nous avons nos tradies, que ce soit à lesbolande ou à translande (ça peut donc même, dans quelques cas, être les mêmes). Là c’était une classique, donc une biolesb tradie. Et qui bien entendu hait les trans, sans le dire tout à fait comme ça sauf quand elle est avec ses copines (celles dont elle est sûre qu’il y a ni t ni t-phile dedans).

Ce qui est fascinant, c’est la fascination envers ce qu’on hait, qu’on craint, et dont on prétend ne pas dépendre. Je causais l’autre jour du Test de Bechdel. Eh bien c’est perdu d’avance, par exemple pour les tradies, néo ou anciennes, qui ne parlent à peu près que de mecs, ou de trans, ou de tout autre chose que d’une socialité de nanas. Laquelle a l’air de faire peur à tout le monde, rien que l’évoquer angoisse. Á moins qu’en réalité on n’en ait rien à f… ; c’est vrai que ce qu’on pourrait souhaiter semble bien moins appétant que ce qu’on déteste. La haine avive.

 

Le ressentiment et la haine. Des fois pire envers les t qu’envers la meccitude, qu’on envie, dont on voudrait se réapproprier le bien triste monde de puissance brutale et d’efficacité mécanique supposée. Mais les t, et particulièrement les t-lesb, là, pas de grâce. On les hait d’autant plus qu’elles nous ramènent à ce qu’on voulait fuir, la f. Le féminin, ce pochon qui rassemble en vrac tout ce qui est pas bien, dans le monde du neutre masculin. La haine du f, de ce qui est estampillé f, est une des mieux partagée.

Le ressentiment, la haine et aussi la bêtise, indépendamment d’ailleurs de l’intelligence bien attestée par ailleurs des protagonistes. Il y a des sujets qui rendent bête, par leur seule fréquentation en tant que sujets, par cette fascination dont j’ai parlé il y a peu. Qu’on songe simplement aux imbécilités qui ont pu être écrites sur les t par Mercader, Reymond, les nanas de Sysiphe. Qui ne sont pas des imbéciles. Mais de quoi nous en plaindre ? Ne pouvons nous pas être aussi bêtes, et d’une ; et d’ailleurs, que faisons-nous toujours à nous laisser sujetiser, en espérant d’hypothétiques dividendes ?

 

C’est pas nouveau, c’est pas demain que ça se terminera, j’ignore d’ailleurs si ça doit se terminer et si ce serait mieux ou moins bien ; comme vous le savez mais je le repète, je ne m’en offusque ni ne m’en indigne. Je ne dis pas « oh, c’est mal, ça ne devrait pas être ». C’est. Et ce n’est pas avec de bonnes, ni de mauvaises paroles, ni de la correctitude, ni de l’anti-correctitude, qu’on en sortira, si d’ailleurs sortir on en doit. Ça peut m’énerver, surtout quand les tradies en question, comme on peut le voir par exemple à Lyon, où furent autrefois commises quelques horreurs, rangent bien ça sous le drapeau rainbow, se reconfectionnent un hymen politique, voire politicard, au cas où, et proclament combien elles sont pro-t, combien elles soutiennent les pauvres t opprimées, etc etc. Leur haine tremblotante, toujours aussi vive, se couvre alors d’une obséquiosité risible et lourdingue, tout à fait parallèle à celle des mecs profem.

Je conseillerais d’ailleurs, d’expé, aux t qui subissent ce genre de léchouille, comme d’autres genres d’ailleurs, de se garder. Déjà c’est tout simplement dégoûtant. Ensuite, seulement ensuite, c’est hypocrite. Enfin, d’un simple point de vue de survie, on est nécessairement exposées au retour de bile, et la bile brûle, sachez le. Autant que le vitriol. On l’entend quelquefois qui clapote, abondante, au fond des conversations, ou encore comme dans un certain manuel « n’attrape pas de boutons en baisant ! » dont il a été aussi largement causé. Où les boutons étaient autant identitaires que médicaux : « si tu touches unE trans, es-tu vraiment lesb ? ». Beh oui, pasque lesb, bien sûr, ce ne peut être au fond et que bio, et surtout que cul. Comme toutes les zidentités qui vont d’elles-mêmes. Réappropriation transgressive des formes du patriarcat oblige.

Je ne saurais en tous cas mieux dire qu’elles : lâchez nous, effectivement ! Et à nous : envoyez les bouler.

Prenons les devants : ne nous laissons surtout pas tripoter. En aucune manière. Moralement ni physiquement. Et encore moins politiquement. Ainsi nous nous préservons, de même que leur pure identité biolesb ; double effet don’t kiss cool.

 

Et nous, cessons de nous approcher, de nous laisser approcher, de croire, et de nous laisser aller aux illusions des intégrations, des sororités, des convergences. Cessons d’endosser les dogmes des autres et de surenchérir dessus, afin de nous justifier d’être là (et de tenter d’avoir notre part de la gamelle représentative !). Cessons d’attendre ou de chercher reconnaissance et tous ces bibelots formels. Envoyons les à la gueule des celles qui en jouent – chez « nous » comme chez « elles », scène de ménage ! - et cassons nous. Ne nous laissons pas valoriser.

Cessons de nous lamenter, de nous dire déçues, opprimées, discriminées, utilisées. C’est là aussi nous offrir aux coups, tout en renforçant le victimaire, lequel conduit répétitivement à implorer plus de bienveillance par plus de domination (pourvu que tout le monde en prenne sa part dans la tronche ; quel idéal !). Barrons nous. Sans quoi nous resterons toujours accroupies, à nous plaindre de l’arnaque permanente. Et à nous remplacer nous-mêmes par du copié-collé de supposée parfaite lesbio. La classe…

 

Le ressentiment, la haine, ne sont jamais exclusives de l’usage, de l’utilisation, de l’usure, et du foutage de g… ; bien au contraire ! Je lis ainsi, sur un copié-collé, justement, d’annonce de réunion non-mixte, au beau milieu, « « Parce que quand tu es trans, tu es souvent invisibilisée ». Lu sur un vrai copié-collé annonçant une vraie réunion non-mixte. Invisibilisée !!! La bonne blague, surtout sous le clavier (une touche) d’une bio. Invisibles !!! Le mot même qui montre que la personne qui copie-colle n’a pas un instant réfléchi au contenu de ce qu’elle copiait-collait. Catéchisme et racolage. On ne sait ce qui l’emporte, du mimétisme ou de la mauvaise foi utilitaire. Reproduction acéphale du slogan « bienveillant », « inclusif ». Alors qu’il n’y a pas plus visible, dans la plupart des cas, qu’une f-t. Visibles physiquement, mais encore plus, si possible est, politiquement et existentiellement. Suspectes et boulets permanentes. Et, comme je l’ai déjà fait remarquer, néanmoins utilisables. Hein, il ferait beau voir qu’on ne puisse pas s’en servir, de ces t qui ont l’outrecuidance de « effer ».

 

Je me sens pas mieux avec les pas-tradies, les queer ou les « pro-sexe » (comme si les autres étaient anti !), lesquelles autant que les tradies n’ont de cesse de vouloir intégrer et s’approprier avec ardeur un peu tout, au petit bonheur, ce que ce monde à de puant et de néfaste. Á quelques disputes près sur les secteurs autorisés ou pas, elles ont exactement les mêmes buts et idéaux. On dirait pourtant pas à voir les amabilités qui s’envoient des unes aux autres. Concurrence : qui portera le drapeau, les couleurs ?

(C’est marrant, j’ai déjà remarqué cette situation, qui peut être cocasse, chez les catholiques de diverses tendances ; sans doute est-ce le cas pour toutes les croyances. Au reste, on ne peut vivre sans croire – ça nous frappe toutes. D’une manière ou d’une autre.)

 

Á t-lande, ce n’est en effet guère mieux. C’est là même un euphémisme. La passion de la légitimité et du néo-essentialisme est aussi nôtre. Es-tu op', vas-tu l'être, es tu t 24/24 ? Ne songes tu jamais à détransitionner ? N'es tu jamais lasse ? Comment te rêves tu la nuit ? Es-tu « affirmative » en toutes circonstances ? Ah, à moins de ça, tu ne saurais être que douteuse. Heureusement que nous avons aussi nos poubelles (travlande, etc.). Comme les biolesb ont les bi et les t.

Au fond, le monde actuel n’est qu’une grande entreprise frénétique de grattage, de récurage, de javellisation et d’écologie quotidienniste : les poubelles, n… de d… ! Sans les poubelles nous ne saurions vivre. Á ce point que nous en prenons petit à petit la forme, nous-mêmes.

Une grande déchetterie, avec ses bacs attribués, déchetterie de nos angoisses, de trop, de pas assez, où nous nous sommes enfermées, histoire de faire comme les autres, pour justement ne pas risquer d’être autres en quoi que ce soit. Concurrence et similitude. Le « matérialisme », ou ce qu’on appelle tel aujourd’hui, c’est surenchérir dans le même, ce qui est normal pour une logique comptable.

Que cela fasse plus que ressembler à l’économie des biens, qui ne survit provisoirement qu’en éliminant, au sens strict du terme, de plus en plus de populations non rentables (la légitimité en la matière), n’est probablement pas un hasard malheureux. Non plus qu’à l’illusion antique et daubée qui croit que la violence systémique, moyen et garantie de cette extermination réciproque, est une condition d’émancipation. Nous ne faisons alors qu’actionner béatement la broyeuse dans laquelle nous avons déjà le croupion.

 

Féministe anti-intégration, antilibérale autant qu’anti-institutionnelle, par contre, apparemment ça ne se fait pas, ou plus, et ça ne doit plus se faire. Retirée du catalogue. Qui voudrait ne pas être intégrée au bienheureux aujourd’hui, ou à l’appétissant demain, hein, j’vous l’demande ?

Il ne s’agit pas d’un « isme » de plus, genre séparatisme. Il ne s’agit pas d’une identité de plus dans la gondole du supermarché existentiel. L’être réempaqueté en « faire comme ». On fait du séparatisme pour se regrouper, s’agglutiner, pour éviter à tout prix de se reconnaître seule. Et il est nécessaire à ce type de dynamique qu’il y en ait de trop ; c’est ce qui rajoute de la valeur.

 

Tant que nous nous marcherons sur les panards en essayant de nous entasser dans la boîte, nous obtiendrons les mêmes résultats. Si jamais nous voulons pouvoir nous regarder, il faudra au moins cesser de surenchérir sur le présent, de nous concurrencer, et surtout de nous séduire. Bref de jouer du pot à glu. De croire que nous nous sauverons dans cet ensemble fatalement éliminatoire – jusques à la dernière ! Il nous faut partir seules. Et il faut aussi toujours que quelqu’uneS commence(nt).

 

On est déjà un certain nombre à l’avoir dit : on sera toujours trop ou pas assez. On aura toujours tort. Inutile de se mettre dans la course à avoir raison ou à être « légitimes ». Ayons tort. Soyons tort. Cessons d’affirmer frénétiquement. C’est peut-être comme ça (mais j’en conviens, c’est loin d’être garanti), qu’on percera le fond de la cuve, où nous nous trouvons. Et que toute cette logique de la légitimité et de l’être ira, avec nozigues, au diable vauvert. L’important est qu’alors, sur le chemin, nous nous en débarrassions subrepticement. Petite poucette, hop !

 

En attendant, ni oubli, ni pardon, ni réclamation, ni léchouille !

 

 


 

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 11:20

 

 

Rien à faire, la reproduction est redevenue le fond de nos obsessions et de nos pratiques. Et ce à tous les égards. Il y a bien sûr l’infantomanie, pondre, projeter nos vies misérables, dans toutes les positions. Mais les symboles, les signes aussi ont suivi. J’étais déjà assez triste que le genre, cette aventure incertaine des années 80-90, soit devenu un nouveau catéchisme, parmi tant d’autres. Mais, surtout, plus je nous regarde, plus ça grouille ; je veux dire, précisément, que nous n’avons pas du tout affaibli ou dissous les normes sexuées ; au contraire, nous les avons émiettées, et comme toutes les formes autonomes, elles se sont ainsi multipliées et disséminées. Identiques et innombrables.

 

Nous avons encore plus sexualisé le monde qu’il n’était déjà. Ce qui représente tout de même une performance ! Mais une des celles dont on se passerait, je crois, parfaitement. En cela, je dirais qu’on s’est magistralement vautrées. Nous avons disséminé le genre, et sa binarité, au lieu de le dissoudre, de le contrer, et encore moins de le déserter. Y en avait déjà presque partout, c’est sûr, faut pas non plus nous accuser de ce qu’on n’a pas fait – mais grâce à nous, il s’est encore propagé où il le pouvait, et le voilà hégémonique.

 

C’est sans doute conséquence d’une attitude fondamentale affirmative, plutôt que négative. On finit ainsi, même après de longues et tortueuses démarches, où d’ailleurs d’aucunes d’entre nous sont restées, couic, par valoriser ce qui est. Par le justifier. Par investir dans les signes et dans les gestes, et nous méfier de la critique de fond, déléguée à quelques expertes, muettement suppliées de ne pas aller trop loin, et surtout de rester dans le cadre spécifique, bien clos, non remis en cause.

 

Le genre, c’est comme le travail, ou la violence, ou même la divinité. Nous croyons naïvement pouvoir en faire usage. Y trouver notre compte, comme nous disons si souvent, sans penser qu’en proférant cela nous nous sommes nous-mêmes fourniEs comme données et équivalences. Eh bien non, et l’histoire devrait nous instruire : ce sont ces formes, ces abstraction réelles qui, au contraire, font usage de nous. Se multiplient par nous, leurs exemplaires. Nous sommes leurs mères porteuses, nous les reproduisons en produisant nos images idoines. Et en retour, elles nous hégémonisent et nous totalisent ; je lis ce matin, dans un article sur un magazine t anglophone, cette déclaration définitive « toute personne sur terre a une identité de genre ». Allez hop, égalisée intégrée. On a déjà vu ce que donnait la notion hégémonique d’humainE comme « possesseurE de » (l’anéantissement des non-rentables). Je me demande ce que va nous imposer cette forme en sus. Et pour tout dire je n’ai pas confiance, ce par principe, dans cette passion de la définition. Ça rappelle bougrement la théologie, et ses frasques séculaires…

 

La seule issue serait de les fuir, pour les stériliser. Mais il nous faudrait dès lors nous envisager nous-mêmes profondément autrement. Sans identité, reconnaissance, équivalence et toutes ces belles choses qui sont censées garantir notre présence au monde. Ce serait aussi fuir un certain nous, un certain je.

 

Multiplier les genres, multiplier les états, multiplier les guichets, multiplier les statuts, multiplier les identités, multiplier les reconnaissances, multiplier les valeurs, multiplier le même, multiplier les moyens de la domination ; au lieu d’une tentative de sortie, c’est une fuite en avant dans l’identique que nous pratiquons et théorisons avec entrain et rage. N’en espérons que la perpétuation de ce même, toujours plus dense par la concurrence, jusques à notre étouffement. Nous finirons étouffées par notre progéniture.

 

Cessons d’enfanter, cessons de reproduire le gros animal, cessons de faire des petits !

 

 


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21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 17:29

 

 

C’est dommage d’être dégoûtée avant même d’avoir goûté. Surtout quand pour une fois ça aiguisait l'appétit, ce qui est excessivement peu fréquent. Avant même d’avoir vu ce film dont j’espère toujours qu’il va contrebalancer les glauqueries de Sciamma, lesquelles donnent à peu près envie (surtout Naissance des pieuvres) de se pendre si on a le malheur de devenir lesb. Enfin un film qui allait faire qu’on en soit contentes. Contentes de choisir un monde de nanas. Contentes de pouvoir devenir et de ne pas rester condamnées à être. 

Ce n’est pas qu’il n’y en ait pas déjà eu, mais ils sont plutôt rares.

 

En plus y parle de ma génération, les born in sixties, punkland, la grande dégringolade 80/90…

 

Mais pourquoi donc faut-il que, passée la première joie, bien frottées les mains, je retrouve en hors d’œuvre la vieille daube habituelle dans l’assiette : la détermination, la preuve par le cul.

 

(D'autant que, si j'ai bien capté, le film évite justement cette figure obligée !)

 

Naissance, reproduction des preuves…

 

« mais comment j'ai pu traîner avec Delphine (la DJ culte du Pulp, ndlr) sans coucher avec elle?! Je suis passée à côté d'un truc génial et je ne m'en rendais même pas compte »

Despentes dans une interview

 

Ben oui, hein ? Traîner avec, partager la vie, faire des choses, penser ensemble, confronter, lutter, s’amuser, c’est rien, mais rien du tout. Ça compte pas. Ce qui compte, ce qui est génial (!), c’est exclusivement baiser. Frotter les carcasses. Manifester l’ordre relationnel. On n’est vraiment lesbienne (on n’est même tout court, quoi que ce soit) que si on baise, dut-on par ailleurs traîner à meclande. Rien n’existe si on ne baise pas. On a bien appris ça de siècles et de millénaires d’hétérolande, on va pas l’oublier, tout de même, et donner de l’importance à tout le reste, ce reste insignifiant qui ne fait que matelas !

 

 

Oscours ! C’est par où la sortie ?!

 

 


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La Bestiole

  • : transse et bie juskaux yeux ; vivisecte les économies politiques, premier, second marché ; acétone et antivitamine K - Le placard à Plume, la fem-garoue
  • : Un informel méthodique, exigeant, fidèle, pas plaintif, une sophistique non subjectiviste, où je ne me permets ni ne permets tout, où je me réserve de choisir gens et choses, où je privilégie le plaisir de connaître, c est là mon parti pris, rapport aux tristes cradocités qui peuplent le formel cheap, repaire des facilités, lesquelles en fin de compte coûtent bien plus. Je me vante un peu ? J espère bien. Déjà parce qu ainsi je me donne envie de mieux faire. Hé puis ho ! Z avez vu les fleurs et les couronnes que vous vous jetez, même l air faussement humble ? Faut dépercher ; quelqu'orgueil assumé vaut mieux qu une pleine bourse de roublardise attirante. Je danse avec le morcellement et la sape de l'économie, de la valorisation, de la fierté, de l'empouvoirement.
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