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31 mai 2018 4 31 /05 /mai /2018 11:10

 

Le bal des ingénues opportunes (et qui finissent par se croire, la naïveté enrobant de guimauve l’intérêt) autour du marché croissant de la reconnaissance et de la représentation exotique (et croissance ne veut pas du tout dire y en a pour tout le monde, ça veut dire il y en a de plus en plus mais pour un nombre réduit, hausse du taux de profit oblige, toutes les économies ont le même principe) ; ici on nous cause des « alliées de la cause des personnes trans’ » alors qu’il s’agit de personnes trans’ elles-mêmes – mais c’est bien connu à lgb(t)lande, les rapports sociaux ne sont qu’un malentendu, les individues propriétaires citoyennes sont toutes de droit naturel égales de fait et de puissance, ça se voit ; là des incontournables se lamentent de voir leur monopole écorné (il est vrai par des cis’, recis’isation des questions de genre oblige) alors que bien des collègues voient leurs travaux et approches complètement invisibilisées – c’est qu’il ne faut pas amener des questions qui risquent de faire mal à nos gentilles têtes. Par exemple examiner les conséquences de nos recherches de légitimation par des alliées comme par hasard toujours plus puissantes, lol perpétuel. Encore moins réfléchir sur les hiérarchies sociales en interne, et comment elles reproduisent celles dont nous nous plaignons en externe, ne serait-ce que par leurs objectifs ; toutes ensemble, les unes portant les autres (devinez dans quel sens). Poser précisément la problématique que pose cette lutte pour s’assurer, se conserver place dans la valorisation, et des formes qu’elle prend pour apparaître sociétale, bienveillante, « humaine », ô ben non alors, ça ruinerait cette néo économie dont on attend tout de même quelques dividendes. Le tout est de faire partie des gagnantes, et de crier quand ce n’est pas ou plus le cas. Toute la question qui aurait pu être sociale a été réduite, convergentisée, à se bouffer pour des parts du marché de l’identité.

 

Décidément, à quoi sert le genre (et à quoi ne sert-il pas) ?

 

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27 avril 2018 5 27 /04 /avril /2018 10:39

 

 

J’adore tout de même quand et comme d’aucunes de notre dernière vague avantgardiste d’ascensionnelles, se suggérant radicales mais de fait se manifestant plutôt intégratives et réformatrices de l’institution, le dessus de notre crème subalterne quoi qu’il en soit, prétendantes à la gentry universitaire, politique, médiatique et compagnie, évoquent au passage, devant d’attentives autant que bienveillantes auditoires de gentes bien calées, acquises parce qu’acquéreuses, évoquent donc, lyrisent même les coliques morales que paraît-il leurs occasionne la conscience douloureuse de « devoirs » ou « d’obligations » envers la « communauté » – laquelle reste du coup bien nébuleuse, puisque baste, en réalité elles n’ont pas vraiment barguigné à profiter des promotions ciblées, à convivier avec des qui commettent des saletés transmiso, de manière générale à marcher sur la figure de celles, moins rentables et flamboyantes, qui leur ont autrefois peut on dire donné l'exemple, offert leurs premières approches un peu consistantes, donné les clefs quoi, et bien plus largement, significativement, sur celle de toutes les collègues loquedues, transses quotidiennes, éparpillées, sans valeur d’échange, qui rasent les murs. Dégâts collatéraux et piges opportunes du convergentisme, quoi. Du coup on ne sait plus très bien si on préférerait avoir été massacrées par le cynisme muet des unes plutôt que par le cynisme bavard de celles-ci qui se sont souvent spécialisées dans la récup’ d’amorces de problématiques qu’on leur a léguées, en tronquant celles ci adroitement pour qu’elles pariassent encore audacieuses, sans pour autant poser de questions systémiques. Toute ressemblance d’ailleurs avec les pensa studieux et lorgnatifs confectionnés à notre sujet par des cisuniversitaires, hein, bon… Rien laisser perdre.

 

Et puis c’est pas comme si on ignorait encore la signification réelle de la blague solidaritaire, en matière d’affinité et d’isopréservation des niveaux sociaux… Définitivement, il y a rupture, opposition, et ce sont même là euphémismes, entre les élites significatrices et les populations transses éparpillées ; les premières se sont appropriées, privatisées, l’air de rien, toutes les définitions collectives, communautaires, sororitaires et on en passe. Elles s’en sont fait des châteaux de placo pour affirmer l’universalité de leur sphère d’intérêt, de ce fait trans’universalisée ; la plus grande partie des transses a ainsi disparu encore plus radicalement (!) du paysage. N'ont que la visibilité au coin de la bouche, mais une visibilité conditionnée par la bonne socialisation et les catéchismes y adaptés. Il n’y a plus avec elles qu’une translande très circonscrite et pourtant absolutisée. Les éléments mêmes de définition ont été soustraits à la plupart d’entre nous par ces grumeaux élitaires. Nos radicales subjectivistes, positives et convergentistes s’étalent, occupent le crachoir avec rhétorique, ce qui en soi ne serait pas tant que ça un mal si elles ne cherchaient pas à donner l’impression qu’elles sont l’oméga, l’aboutissement, le résumé, la quintessence et pour tout dire la destination nécessaire des socialités transses, si elles ne s’étaient pas accaparées les termes généraux dont nous ne pouvons nous départir sans en manquer pour nous comprendre. Elles les ont enfermés dans leur boîte de sardines up grade. C’est de toute façon récurrent chez nous, les thèses et les tentatives de compréhension se coagulent en catéchismes et en directives. Mais ce n’est pas comme si nous avions toutes comme on dit accès même à la production et à l’usage de ces formes ; que ce soient les associatives, les radicales, les médiatiques, il y a une propension, qui reproduit celle de la société majoritaire, à parler au nom et en place de beaucoup d’autres, à assigner un discours qui plane et surplombe. Parler okay, mais gaffe sur les évidences, les généralisations, les vérités révélées et autres injonctions moral-politiques – en somme, à ce que nous n’arrivons bien ni les une ni les autres à faire, nous situer.

Qu’on soit ou non fan du discours, l’appropriation abusive des mots et des concepts dans le congélateur de l’objectivation valorisatrice nous cause un grand mal, nous ôte moyens et structures. Pour le coup on est coincées en plein dans le fichu grillage des « intérêts », cet élément de base de l’économie politique ; ceux qui pèsent et qui comptent emportent tout. En somme, voilà le bilan, en temps réel, de l’inclusivisme, tel qu’on l’avait déjà supputé : l’élimination et l’effacement de la plupart des minoritaires, ouste, pas flamboyantes, pas rentables, pas même profitablement utilisables pour les objectifs du social qui nous éblouissent, les unes et les autres.

Que ce soit quelque part « logique » dans les dynamiques actuelles, qui concentrent la valeur et attribuent tout les pactoles aux plus rentables à un moment donné, sans doute. Mais est-ce que nous avions fait vœu de respecter et perpétuer la logiques de choses en vigueur ? C’est ici une bien ennuyeuse question, parce que nous prétendons souvent que non, et nous faisons tout le contraire, jusques à prétendre cette logique essentiellement transformée par nos seules identités, ce qui relève de l’escroquerie et de l’antiphrase. Mais il faut que les choses soient claires : le motto subjectiviste et réactionnaire de la « sécession » ou de la « trahison » des « élites », présenté à la Bourdieu ou à la Lasch, afin d’éviter un matérialisme conséquent, comme un problème identiste, volontariste, est un énorme fake moraliste qui masque sa cause : la concentration du capital, de toutes les formes de valorisation, prévue par le vieux barbu comme constitutive de la crise finale de l’économie et qui bien évidemment laisse couler progressivement à peu près tout le monde, y compris une part grandissante des intégrées d’hier. Enfin, dans une mesure qui grandit et s’installe, les radicalités strictement politiques ont délaissé le domaine de la critique du social pour devenir des tentatives de réponses, de parement à cette concentration : en surenchérissant sur le déjà fait, sur les axiomes valorisables.

 

Conséquemment, et contrairement à ce que propose un pan du mythe élitaire (« faire le trou pour les autres », bien sûr arthure…), nos carriérantes ne portent et n’apportent pas grand’chose comme nouveaux moyens d’existence, ni d’émancipation, ni même bien souvent d’interprétation et encore moins de critique systémique, attelées à converger dans une avalisation subjectiviste et positivante a priori des rapports sociaux par l’anthropologisation affirmative de leurs éléments comme de leurs objectifs. Elle ne constituent que peu ou pas une aile vraiment discutante, se fondant dans une méthode consensuelle de plus en plus descriptive et affirmative. Elles ont, comme bien évidemment une foultitude d’autres, avalé la thèse libérale que rien de fondamental n’était changeable, même que se diriger dans cette direction état suspect, et que l’agency allait consister à s’y adapter, concurrence y compris. Et elles nous le moulinent dans de vaillantes conceptualisations, qui verbent fort mais dans le contenu, et surtout les implications réelles, capitulent. Leur radicalité, comme celles en général des subjectivismes actuels, même se disant matérialistes, se garde d’aller jusques à examiner à quoi servent, quels objectifs sociaux reproduisent, les catégories et concepts agités et mis en avant, des fois à raison d’ailleurs mais souvent sans conséquence. Subversives à fond mais intensément raisonnables quant à ce qu’il convient de préserver et perpétuer, de positiver, de ne pas questionner, quoi. Tout cela non par une supposée incapacité, nan, pas du tout, bien plutôt par intérêt, et pour parvenir à se fondre dans l’atmo intellectuelle qui prévaut en ce moment dans une partie du secteur des sciences humaines. Ça ne veut d’ailleurs pas dire, oh là non, que ce qui s’y oppose vaut mieux. C’est même plutôt le choix entre le cauchemar, la déception, la pusillanimité.

Et quand elles se mêlent de réclamer, comme on l’a mainte fois vu, dans le contexte de contraction rapide de l’économie et de qui y aura des droits effectifs, leur efficacité est de zéro, d’autant qu’elles y croient, finalement, à ce monde de droits et de statuts en faillite. Leur surplombance faussement humble, mais bien clôturée, nous guide juste à faire des tours d’honneur et de justification dans le cirque en l’état. Bref ces radicales intégrationnistes à un haut niveau nous pompent conscience, moyens, nous isolent, éparpillent, et nous barrent les chemins de possibles auto orga conséquentielles, en fonction de nos situations sociales effectives, de même que le monde associatif, mais avec un langage d’autorité morale politique encore plus éthérée, accaparante.

C’est pas une histoire morale, ça aurait été bien d’avoir du répondant et de la réflexion, mais elles ne portent rien de tout ça, dans la triste tradition de la partitocratie politique, du paléoléninisme de retour et de l’avant gardisme, qui se sont toujours hypnotisés à « faire mieux que l’originale » des objectifs sociaux incritiqués, et des omelettes consécutives que nous sommes toujours, les loquedues, les lambda, invitées à abonder, pendant que nos élites œuvrent paraît-il à nous ouvrir le paradis, et accessoirement à se sucrer, en féroce concurrence, avec ce que leur veulent bien céder leurs cisréférentes (quelle hiérarchie distributive – on a plus tôt fait de laisser tomber le service à thé et de s’en aller voir ailleurs si on y est !).

Soyons là aussi bien claires, c’est rien de le dire, nous avons besoin et manquons d’approches conséquentielles, reflexives, problématisantes ; et c’est rien de dire non plus que bien des idéologies actuelles font l’impasse dessus, méthodiquement. Il y a même un certain anti intellectualisme, volubile, a prioriste et pseudo-pragma, traditionnel de la classe moyenne révolote, laquelle cherche à s'oublier dans une brutalisation exotisante, qui court sous les récupérations tronquées de problématiques dont je cause par ailleurs. Nous ne nous posons pas assez de questions – et c’est bien sûr à nous de nous les poser. Il est inutile de faire mine de les poser aux autres, qui n’ont aucun motif d’y répondre, surtout quand c’est pour les dissoudre illico dans un grand sourire complice, comme font nos convergentistes intégratives.

 

*

 

Plus systémiquement, donc, il va falloir clairement que nous rompions avec la crédulité que nous servent et déversent nos élites – laquelle est d’ailleurs leur aussi, mais plus immédiatement intéressée – selon laquelle les objectifs sociaux majoritaires, la valorisation, la promotion individuelle, quelque part l’idéal très has been, « trente glorieuses », d’épanouissement dans les règles et les exigences propriétaires, citoyennes, doublée d’une rectitude morale-politique convergentiste, qui nous suggère de nous dévouer à la « cause », que nous faisons dès lors nôtres alors que presque pas une d’entre nous n’en a les moyens, vont nous booster, profiter, promouvoir. C’est mort, trois fois mort cette histoire. Il nous faut nous auto-organiser sur l’abandon de ces balivernes moralistes, dépassementistes, vessies et lanternes qui servent à nous éblouir, à nous attirer, et à nous dissuader, nous empêcher de déterminer nos nécessités les plus pressantes. Ce qui d’ailleurs ne nous est pas évident car il nous faudra aussi beaucoup en rabattre et en rediriger si nous voulons réellement nous occuper de nous au plus large, et nous faire nous-mêmes place collective, à l’inverse de la logique de tri qui règne actuellement dans leur transselande pyramidale. Réclamer la reconnaissance, l’inclusion aux buts majoritaires évidentisés, hégémonisés, est à la fois aller droit dans le mur, bénévolement, et conserver une attitude structurellement légitimiste, masculine – « je devrais avoir accès à ». Ben non. Il va au contraire falloir sérieusement vivisecter ces histoires d’accès, donc d’appropriation. Il nous faut, ne serait-ce encore une fois que pour ne pas collaborer à la violence que nous subissons, renverser la perspective, de l’a priori à l’a posteriori. Partir d’où nous en sommes et de ce que nous manifestons, pas de directives citoyennes idéales, lesquelles ont toujours égaré et verrouillé les situations minoritaires. En coupant l’herbe normalisante et intégrationniste, d’une part nous nous constituons un soubassement avec moins de pièges, d’autre part nous tranchons les pseudopodes de nos petites élites. C’est aussi notre attentisme, où on aimerait encore y croire, qui perpétue, cimente, permet cette situation et la nourrit. La problématique est nôtre, même si pas du même point.

 

Par le même genre de raisons, ça leur est tout bonnement sacrément gonflé de causer de communauté (et qui plus et d’une indivisible toussa, comme la république ?). Mais pareil à nous. Il n’y a pas de communauté possible tant que la règle de la réussite et de l’intégration individuelle, fut-elle assaisonnée d’identisme, s’impose et est reprise. Et de toute façon il n’y aurait, si nous parvenions à nous désengluer de ces exigences impossibles et éliminatoires, pas une mais plusieurs communautés transses, vu que nous sommes loin d’être les unes et les autres dans les mêmes positions et rapports. Le terme de communauté ne sert actuellement que de prétexte et d’outil à une couche supérieure, normative, pour se récupérer une légitimité et a priori sur le dos de toutes celles qui rament ; il ne vise qu’à instrumentaliser une image en partie réelle, en partie fantasmée, qui nous est à la fois imposée et arrachée, afin de s’assurer une place de représentatives à cislande. Ça aussi, il faut bien le dire, c’est une vieille tradition syndicale. Tous les mots qui sont utilisés pour faire illusion au sujet de l’existence d’une socialisation qui elle-même, ô sympathique surprise, justifierait et remblayerait les promotions sociales opportunes, deviennent dans cette optique et des mensonges et quelque chose de pire puisque leur usage, encore une fois, les déplace, les fait glisser sur la pente savonneuse de la valorisation, et en soustrait l’utilisation possible à la plus grande part d’entre nous, nous expulse de fait hors des significations ordinaires, accessibles, qui leurs sont adjointes. Et ce ne nous est pas la moindre amertume que de voir certaines de nos grimpeuses agrippées user dans la concurrence qui les oppose d’arguments quelquefois assez malins, bien trouvés ou plutôt bien récupérés, sur cet usage même – mais attention, sans remettre jamais en cause la base évocatrice. Il n’y a pas d’imbéciles, surtout quand l’enjeu de l’intégration en période de crise attise les neurones ; il y a des utilitaristes, et rien n’est arrangé quand en plus ces utilitaristes sont en une certaine mesure sincères, se croient quoi ; bien au contraire. La sincérité, l’autoécoute et l’autocentrage, le retour de croyance, le miroir intellectuel dans lequel on cherche la justification, est ce qui porte souvent le plus de dégâts.

 

*

 

Bon, on peut bien sûr toujours espérer, et on l’espère, pasqu’on ne pardonne pas, que cette décomplexion cynique et libérale leur retombera sur la figure – quand on est transse, on a beau être portée sur de petits coussins, ciscole, cisnorme, on reste une subalterne, on garde un tantinet de bouse illégitime au derrière, et une méconvenue, un malheur sont toujours possible, même probables et jugées inévitables dans certaines équipées. En attendant, c’est sûr, le pouvoir et la valeur s’attirent et se renforcent. Mais tout cela ne règlera en rien notre affaire, celle de la très grande pluralité des transses. Il y a du taf, de compréhension et d’organisation, qui nous incombe, une fois les pseudopodes tranchés, le tuyau acoustique coupé.

Il n’y a pas d’identité a priori qui dépasse, surplombe, échappe par sa vertu propre aux inégalités et contradictions. Et enfin, surtout contre l’illusion qu’une fois qu’on est en non-mixité, hop, tout nous est accessible et servi, pertinence, lucidité, safety. Ben non, les rapports sociaux sont multiples, le pouvoir s’incruste, les approches et compréhensions des choses ne sont pas immédiates. La pourriture en actes bien réelle dont nous causons ici, et qui est nôtre, pareil, ne lésinons pas sur la critique, n’est pas morale, ni subjective, ni individuelle, quand même elle apparaît fréquemment à ces niveaux ; elle est sociale et intellectuelle ; la morale est précisément encore une échappatoire pour ne pas examiner d’où vient tout cela, et nous avec. Il faut en finir avec la vérole dualiste qui encore une fois pose les objectifs en évidence, les soustrait à toute critique, et nous évalue après en fonction de notre bonne volonté à l’égard de leurs exigences systémiques papillotées en vérités révélées et conciliatrices.

 

Enfin, et dès à présent, une chose doit être claire : déjà, le minimum est de refuser à nos élites perscriptices en question, de leur retirer sans délai, tout soutien, toute adhésion, toute tolérance. Et, surtout, si jamais nous parvenons, dans la multitude transse, les pas rentables, les imprésentables de moins en moins nombrables, à nous auto-organiser socialement, il n’y aura pas de place pour celles qui auront profité de la faiblesse, de l’éparpillement, pour grimper sur la gueule des autres, leur enjoindre leur mode de compréhension et d’existence. Surtout en cas de, bien sûr ! Qu’elles gardent, et défendent, leur strapontin à cislande, où on ne leur souhaite que d’être broyées à quelque occasion éminemment paradoxale… ou à quelque retour aux fondamentaux ! On ne boudera même pas, nous les loquedues, notre plaisir si on peut y assister de loin, sans nous fatiguer. Ni oubli, ni pardon ; bien sûr par rancune et même un peu vengeance, il y a de quoi, mais surtout pour cesser de répéter, de reproduire les cadres par lesquels nous nous instrumentalisons et anéantissons nous-mêmes dans des buts qui nous détruisent pour la grande plupart. « Vous chantiez ? j'en suis fort aise ; hé bien dansez maintenant. »

 

Ni présentables, ni représentables, parce que sans valeur d’échange, et pas à instrumentaliser ; la tentative de nos élites subalternes de nous réduire à leur projet, de nous résumer, est en soi un abus, une impasse, une prévarication. Elles font ce qu’elles désirent ; nous ferons ce que nous pourrons. De plus en plus, à mesure que nous prenons place et forme dans le présent, nous constatons en même temps que les forces et les rapports sociaux qui ont aussi présidé à notre apparition nous informent et nous séparent, qu’il n’y a pas, qu’il ne doit pas y avoir, qu’il n’y aura jamais « d’unité transse », de convergence des « intérêts » (forme elle-même historique encore une fois du sujet/agent de l’économie politique, que la logique éliminatoire de celle ci menace la plupart d’entre nous, et qu’acquiescer aux sirènes d’une ensemblité indexée sur les plus rentables, ou qui essaient de l’être, nous serait mortelle. L’heure, là encore, est à la séparation, pour nous en tant qu’existantes, peut-être aussi pour que transselande ne finisse pas réduite, entre autres, à une excroissance croupionne et exotique de l’intelligentsia institutionnelle cisgenrelandienne et reproductrice des critères de la valeur. Mais enfin, ça c’est déjà second : d’abord subsistons.

 

Leurs espoirs, leurs attirances, leur valorisation, leur transselande ne sont pas les nôtres. Et réciproquement.

 

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21 avril 2018 6 21 /04 /avril /2018 14:05

 

Pour la millième fois peut-être, je trouve en lisant le contresens obstiné, peut-être même délibéré tant il soulage d'entrée les inquiétudes possibles sur nos spontanéités discursives, au sujet de la fable de La Fontaine « Le pot de terre et le pot de fer », contresens qui présente la situation décrite comme une lutte en opposition de l'un à l'autre. Signe qu’aucune déjà des personnes qui utilise cette référence n’a lu la dite fable, laquelle fait sèchement, sans détours, réviser le code de la route, non plus d’ailleurs que leur ensemble qui est pourtant souvent diablement intéressant en tant que réflexion sur les rapports sociaux (« notre ennemi, c’est notre maître », ce écrit, publié au nez de Louis XIV quand même, lequel n'apprécia pas, puis une foultitude de constats et remarques bien plus circonstanciés). Celle-ci raconte en effet, de manière très ramassée et instructive, l’histoire d’une « alliance » inégale, poursuivie avec chaleur, sincérité et exotisme par le pot de fer, qui incarne donc la personne de classe supérieure, celle qui a le plus de moyens, de solidité, d'empathie, envers le pot de terre qui, réservé, méfiant, documenté quoi par la vie, devine bien qu’une telle alliance lui sera funeste, avec toutes les bonnes intentions dont elle est lestée. Mais voilà, arrive en renfort l’universalité des sentiments et des objectifs sociaux, quelque chose comme le convergentisme, et le pot de terre finit par consentir, se sentant vaguement coupable de rejeter tant de bonne volonté, à une ballade commune vers le paradis gagnant-gagnant. Et arrive ce qui doit arriver, les pots marchant de manière circonvolutive, sont jetés l’un contre l’autre par disons « la force des choses », et le pot de terre mis en miette par le pot de fer, son ami, son allié, son frère, ce, circonstance annexe mais détail atroce, « sans qu’il eut lieu de se plaindre », ayant acquiescé à l’union et au « projet commun ». Conséquence à tirer et que tira l’auteur : « ne nous associons qu’avec nos égaux ». Je crois inutile de gloser longtemps sur ce que ça dit de nos désirs d’alliance actuels, et du rôle qu’y jouent les personnes les plus puissantes, lesquelles y cherchent un plus en valorisation moral-politique, une justification, on dira même un investissement avisé. Un danger des plus grands pour les minoritaires est celui constitué par celles qui veulent à tout prix être leurs amies - cette appétence même dénote bien souvent le rapport faussé, instrumental, même et surtout quand il n'est pas très visible. La sollicitude, le pseudopodisme, est en soi une forme d'appropriation. Pas de pédagogie qui tienne, refus par principe de tout consentement, évitons, rejetons les articulations, auto-organisons nous, et sachons mener une critique de la « nécessaire convergence » vers des structures et objectifs sociaux qui ô surprise sont à la fin toujours celles qui correspondent à la réalisation des positions réussies, dominantes quoi. Parce que des fois, on n’a même pas besoin de leur présence physique pour s’auto-arnaquer et se mettre en dépendance. L'attirant fantôme en suffit. Les alliances inégales, quelque nom qu’on leur donne d’ailleurs pour essayer de les « rééquilibrer », de se les présenter comme profitables "à toutes" et inoffensives, de quelques chartes, proclamations de bonnes intentions, visant à neutraliser, positiver, évidentiser les structures mêmes qui conditionnent les dominations, les éliminations et les impasses, qu'on les décore, finissent toujours mal.

 

# les alliées c’est la vérole

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30 mars 2018 5 30 /03 /mars /2018 16:28

 

 

Après le tidore, le tidove ; dans la famille de nos belles guiboles apologétiques, représentativistes, eurythmiques et saisonnières desquelles nous espérons récolter acceptance ; judicieusement calé, ainsi que l’autre dans les désespérances des ténèbres, dans les clartés du printemps commençant, période d’optimisme et de bonnes résolutions. J’ai mis du temps à capter, depuis ma marge qui est celle de la plupart des nanas transses, à bien des titres divers ; je me garderai bien, comme cette plupart des collègues, d’y amener mon museau à l’étal. Toujours aussi critique de notre confiance dans les résultats, comme les présupposés, de l'image lisse, idéale que nous nous échinons à diffuser. On va devoir revenir une fois de plus sur le nœud d’ambiguïté qui niche dans cette notion de visibilité – laquelle désigne plutôt les fruits espérés de la légitimation et de la représentation. La plupart des transses ne se font pas d’illusion là-dessus, ici et maintenant, souhaitent plutôt qu’on leur fiche la paix, cisnormer certes mais à petit bruit, à petit prix, condition de survie, et donc être invisibles de fait, autant que faire se peut.

 

C’est probablement une des explications du peu de succès qu’ont les appels à mettre sa frimousse et son statut en scène ; et de la distance qui se maintient entre la très grande majorité des transses et la dynamique associative. Il faut voir aussi à quel point la mise en scène, en fonction et au nom d’une normalité qui se dérobe, de plus en plus exclusive et exigeante, produit finalement ce que produit toujours ce qui essaye de ramener un rapport social passablement inégalitaire et brutal à une « différence » qu’on tient insérable dans le processus de valorisation citoyenne et économique, « quand on veut on peut ». Lequel processus dérobe ses fruits éventuels dans les mêmes proportions que l’acceptance de genre. Et réciproquement. Ça tourne assez vite au pathétique « nous aussi, nous aussi », d’autant donc qu’il n’y a pas de mobilisation massive des trans’, et notamment des nanas transses, de très loin les plus ciblées par la violence et l’illégitimation. Même le must hexagonal annuel en la matière est en fait peuplé aux trois quarts d’ « alliées » cisses… On en arrive à une espèce d’auto-exotisation « positive » où on ne parvient plus à se dépêtrer de l’imbroglio entre ce qui est projeté sur nous, attendu (notamment par les dites « alliées » qui nourrissent en retour la normativité interne), ce qui nous est imposé, le rapport social général ; et où on finit par utiliser ce qui nous assigne encore plus pour essayer « d’en sortir » (c'est-à-dire en réalité d’y renter et de s’y faire légitimer).

 

L’atmo qui règne de plus en plus uniment dans le petit monde d’assocelande n’y est pas non plus pour rien. D’une époque première où l’affirmation comprenait encore la controverse, on est passées à une dynamique de normalisation pure en simple, axée sur un, deux ou éventuellement trois catéchismes de « ce qu’on est », véritables confessions entre lesquelles les vicaires, les bergères et leur fans se partagent. Et à l’idéologie politique, il est vrai générale en démocratie marchande, du salut par la représentation, par le « au nom de », laquelle a installé dans presque toutes une logique de pouvoir pyramidale, dans laquelle tu suis, tu applaudis ou tu jartes ; la réserve de monnaie d’échange pour faire accepter ce fonctionnement tenant dans les capacités, assez inégales d’une orga, d’un regroupement à l’autre, de donner connaissance des ressources médicales et juridiques. Lesquelles sont du coup, monnaie donc, devenues souvent encore plus concentrées sur un petit groupe et ses dépendances, ce qui n’est pas peu dire vu ce que c’était déjà ; mais notre nombre géométriquement croissant se heurte doublement à la rareté relative à notre multiplication des ressources accessibles et disons bienveillantes, et à la raréfaction absolue de l’accès à ces mêmes ressources de par les politiques de santé, administratives, budgétaires etc. Il y a un air de contrainte et de maltraitance internes qui souffle dans nos milieux, pulsé par la dégradation générale de la situation sociale qui nous met toujours plus sur la touche, lesquelles se structurent et légitiment sur la croyance qu’un unitarisme un tantinet simplificateur, une course à l’utilité docile et légitime, aidera à l’inclusion dans le dit social. Bref l’importation en l’état de comment ça se passe dans la grande méchante société à laquelle nous candidatons ; quelque part c’est tragiquement logique. Ce genre de calcul n’a cependant à peu près jamais marché pour les minorités, surtout celles à contre courant des devenirs généraux – nous sommes en période régressive et restrictive. Et même, si ça « marchait », ça ne marcherait que sur ce phénomène croissant d’élimination a priori en interne pour passer le tamis, de violence diffuse exercée par des trans’ sur des trans’, au nom de quelqu’abstraction trans’ à pourvoir, ce qui ne peut pas être un présupposé acceptable. Et en tout état de fait donne au mieux la production reproduction d’une élite subalterne assez réduite. En tous cas, le mot circule désormais à tranbslande au sens large : si vous êtes pas blindée, masote ou candidate à la prise de pouvoir, mettez quelque distance avec notre institutionnel communautaire. On peut pas dire que ce soit en soi une réussite flagrante.

 

Il ne faut justement pas être naïve ; s’il y a certainement une appétence subjective pour le pouvoir et la domination en interne chez beaucoup de nos reines de petites ruches, la vraie cause et justification de ce que ce pouvoir peut s’exercer, dans ses limites assez frustes il est vrai, tient encore une fois à la conformation même, historique et sociale, de l‘associatif et du politique en général. Une mini république des citoyennes dont l’idéal de moins en moins accessible est d’être respectées et « indépendantes » (c'est-à-dire suffisamment riches individuellement), donc dans notre cas qui voudraient bien l’être, et dont la structure de fonctionnement est la représentation. Représentation qui en fiction affirme être la somme diverse des « parties prenantes » ; sauf que ces parties sont à l’avance déterminées comme convergeant vers la réalisation de ce sujet de l’économie politique et relationnelle (bis !), lequel expédie hors de lui-même, de ses niveaux d’exigence, la très grande majorité des transses (sans parler de bien d’autres). Bref, comme dans la grande république, la société au sens large, nous sommes confrontées à une représentation au nom de critères objectivés qui en fait nous évaluent et nous trient. C’est ce qui fait, comme on l’a déjà dit, l’impuissance et l’inadéquation croissante des assoces à la situation sociale qui se dégrade. C’est très bien de réclamer l’idéal citoyen, mais dans les faits la plus grande partie d’entre nous n’a même plus ou pas accès à ses bases « supposées ». Enième déclinaison de « pour exercer des droits il faut avoir déjà des moyens », et par ailleurs une place effectivement vivable dans le rapport social et sa norme. Ça ne marche que dans ce sens là, d’innombrables déconvenues par toute la planète, depuis des décennies, ont fait justice si j’ose dire du présupposé selon lequel le politique et le juridique entraînent l’égalité réelle et l’amélioration des conditions de vie.

 

Translande instit’ tourne donc en rond, sur un personnel qui reste fort réduit vu la pratique autoritaire et le relatif peu de moyens qu’on y dégotte en échange de son acceptation. Ce côté autoritaire découle grandement de la crédulité qui nous imprègne toutes, petites cheffes comme fan clubs comme loquedues, que nous sommes nécessairement dans la bonne voie, représentons légitimement la propension à nous intégrer au social tel qu’il existe, et que ça ne peut que « marcher ». Nous agissons toutes au nom d’un même idéal, un horizon dont la perpétuelle dérobade ne nous interroge guère, à part l’injonction à courir plus vite après lui, des fois que.

Et les démonstrations de visibilité, ici on revient à l’ambiguïté initiale liée à ce terme, se multiplient, s’institutionnalisent, nous mettent en scène au nom d’une égalité et d’une intégration qui de toute façon nous sont de plus en plus systémiquement et massivement refusées, tout en essayant de gommer le rapport contradictoire que nous entretenons vis-à-vis des implications de la norme de sexuation, drastiquement exigeante, y compris pour les cisses, et dont le surjeu autant que le « dépassement », le « comme si pas » nous décrédibilisent un peu plus, si nous en avions encore besoin ! Nous nous obstinons avec régularité à tenter de nous légitimer et pousser en avant par les côtés les plus étroitement normalisés du social, ceux sur lesquels, sans même discuter ici de leur pertinence et conséquences générales, nous sommes de toute façon les plus distanciées et donc pathétiques. Nous alternons ainsi dénégation de notre situation hors la norme et revendication d'empathie formelle et condescendante. Nous ne pouvons pas être mises ou nous mettre en scène au nom de ce qui nous élimine – et d’un rapport de sexuation dont nous constituons un glissement potentiellement hors. Il nous faut assumer la négativité que nous portons, tout en évitant de nous mettre en porte à faux en cherchant à la normaliser, d’autant que cette normalisation ne marche pas, n’est pas acceptée par ses détentrices majoritaires.

 

Bref, le tidove, comme toutes les manifestations de ce type, ce sera quelques adhérentes ou alliées gigognes qui débiteront une apologétique certes sympathique mais un peu décalée, de plus en plus restreinte et restrictive au regard des situations les plus courantes des transses dans ce pays, de plus en plus alignée sur une espèce d’autopersuasion que les rebuffades et violences quotidiennes ne parviennent pas à dissiper, parce qu’elle est « de droit ». On devrait. A fa f’est fûr, on devrait, ça serait bien, personne ne le contredira, ni les transses en question ni même votre négative serviteuse, mais en attendant ce n’esr pas comme ça que ça se passe, ça ne paraît pas en passe de l'être, et il soufflera comme toujours un vide, un non dit aussi, énorme autour de ces petits spectacles, que la sollicitude présente d’alliées cisses seront bien loin de colmater – au contraire, ça appuie bien souvent sur la survisibilisation forcée et l’inégalité normative. Et ça ne fera en aucun cas taire les ricanements transmisogynes qui préparent aux violences physiques. Encore faut-il, le disais je juste là, au sujet d'un évènement récent et des ses commentaires à genrelande, que ces violences soient reconnues comme telles – mais queud’ch’, les cibles sont désexualisées, « personnes trans », encore un déni auquel nous consentons, nous participons celui donc de cette transmisogynie, déni qui alourdit encore notre douloureuse ; nous douillons pour la légitimation d’autrui. Comme si on en avait trop !

 

Nous objectiver, nous poser en fait immuable, institué, originel, anhistorique, subjectivé ou biologisé, c’est une des multiples manières de ne pas nous connaître ni nous situer. Nous avons du mal à nous faire à nous mêmes, avec toute notre expé, déjà parce que bien sûr nous sommes une nouveauté dans la sexuation et le rapport social qui la fonde ; mais aussi parce que nous nous rapportons d’emblée à la réalisation nécessaire et convergente des exigences et des normes cisses, du fonctionnement social en l’état, qu’en fin de compte nous voulons intégrer aux forceps, en fonction duquel donc nous nous comprenons et déterminons, alors même que nous sommes déjà un glissement hors ; et que de toute façon nous totalisons pas grand’ chose dans l’échelle de légitimité qui le gradue. Nous nous dépeignons à nous-même, derrière notre posture affirmative, comme conditionnées par ces formes à réaliser. Au lieu de nous déterminer dans notre devenir social en partie perpendiculaire, par acquisition de connaissances, dans le changement que nous portons, nous préférons souvent nous produire et nous présenter sur des schémas a priori indexés sur les objectifs et les critères, et aussi les silences, du social majoritaire.

C’est toujours bien de ne pas se prendre pour de la daube, je suis résolument contre les approches pénitentielles (genre celles que voudraient nous imposer les terfes les plus « libérales ») ; mais conditionner une auto-estime, notion elle-même déjà problématique parce qu’elle vise à la concurrence dans la valorisation, à la copie de, à la convergence appuyée vers des formes sociales déjà caricaturales et aux conséquences douteuses, systémiquement défavorables aux minoritaires, ça me semble pas vraiment une bonne manière de contrer ça.

 

 

Vu le rapport de force et de valeur entremêlé, dialectisé pourrait on même oser, nous ne pourrons pas faire, et ce d’autant moins que nous flatterons, confirmerons ses normes et objectifs structurels dans l’espoir de nous y faire inclure, que le marché politique, normatif, relationnel ne soit pas ce qu’il est et sur quoi il se rigidifie à mesure qu’on se rabat sur lui comme source de valeur de recours, ne vise pas ce qu’il vise, n’évalue pas et n’élimine pas ce qu’il élimine. Il y a chez nous une naïveté un peu autodestructrice, derrière son désir de légitimation, à espérer que les cisses qui ont déjà bien du mal à s’y en sortir vont faire bon accueil à nos frimousses de travers, à nos statuts difficilement négociables sur ce marché déjà saturé et bloqué. Car ce que nous nommons ingénument ou iréniquement « reconnaissance », supposée égale, est comme toutes les productions citoyennes en réalité un marché qui évalue et hiérarchise.

 

Nous nous flattons d’une visibilité rêvée, d’un miroir qui confirme à notre annexion à une cisnormalité vaguement, très vaguement élargie, pas trop quand même, tellement nous aimons à nous penser « comme les autres », que notre normalité exsude comme un parfum de notre identité ciscole. Inclusion désirée qui stipule et contienne les avantages de la cisnomalité : accès au marché relationnel et politique, à la reconnaissance. Sauf que ce qui nous vient et revient, notre visibilité de fait, le miroir qui nous est tendu porte la vue de ces autres qui ne nous voient, c’est rien de le dire, pas comme elles ; avec sa garniture d’illégitimité, de rejet, de ridiculisation (fonction sociale éminente), et de substantifs aux petits oignons. Le social prime résolument sur les identités. Et si nous continuons à vouloir ce monde, ses joies, ses valeurs, ses fonctions, hé bien c’est lui qui nous arrive force dix dans la figure, avec ce que ces valeurs et fonctions nous assignent. Le miroir n’est gentil miroir que dans l’autopersuasion ; il nous éclate à la tronche dans le rapport social effectif, et à cause des usages et principes mêmes du dit rapport. Nous cherchons à représenter ce qui nous anéantit – à notre décharge, on n’est pas les seules. Mais c’est pas ça qui va nous sortir le cul des ronces.

 

Nous n’avons pas besoin de présentation, surtout parcellaire et pathétique, mais de moyens d’existence. À quand la « journée » d’organisation des moyens d’existence par les transses ? Notre place, si cette formulation a un sens, nous ne devons l’attendre de personne, d’aucune bienveillance suplombante, d’aucune confimrations cisse, d’aucun droit a priori ; mais uniquement de nous-mêmes et d’auto orga aussi pratiques, matérielles et égalitaires que possibles. Et de cesser d’aller tendre notre museau en croyant qu’il sera embrassé, caressé, inclus.

Enfin, vu notre éparpillement et notre isolement, bien réels, auxquels aucune « visibilité représentative » ne remédiera, commencer à songer à une socialisation effective, continue, et non médiatisée par le tri associatif, lequel, avec ses meilleures volontés, ne fait que tenter de reproduire un mode dépassé, dont personne n’a plus les moyens ; et de ce, n’est pour la plupart d’entre nous un endroit ni d’émancipation, ni de safety. Il nous faut vraiment le remplacer, par quelque chose qui parle au et soit à la portée du plus grand nombre, à commencer par les plus faibles.

 

*

 

Nous jouons, surjouons, la diversité et l’exotisme dans une imagerie subjectiviste et romantique ; alors que de fait, nous sommes des plus acharnées à réaliser les contraintes intériorisées et les objectifs du social majoritaire : se valoriser, relationner, représenter, à y revendiquer une inclusion qui nous y soumet intégralement. Paradoxe qui n'est pas que le nôtre, mais un des aspects du sujet en perte de vitesse. Il y a vraiment maldonne, et là dans notre propre méthode de connaissance de nous-mêmes. Sauf que gaffe, c’est peut-être cette trajectoire déjà courbée, interrompue, qui nous ramène au même, qui scellera notre disparition dans la lutte de toutes contre toutes pour se loger avec désespoir dans un social déjà rabougri, mangé aux mites, près de sa fin.

 

 

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23 mars 2018 5 23 /03 /mars /2018 11:16

 

 

« Abolir le genre » propose une collègue, et même plusieurs – okay bosses ! mais ça n'ira pas loin si on continue de tenir le genre/sexe comme une simple catégorie occurrente et autonome, ou encore sui generis, qu’il suffirait de rayer. Une illusion, un malentendu, ou, pire encore, un "empêchement" au déploiement de nos "forces productives" ! C’est plutôt à la fois un rapport et un ensemble de fonctions, d’assignations sociales. Pour abolir le genre, le sexe social (pléonasme indispensable), il faut préalablement abolir à quoi il sert, bref l’objectif sexualisant, relationniste et sexuel, auquel nous sommes si "attachées" !) ; et ce dont il découle, savoir le rapport social de sexe d’appropriation, d’accès à autrui et d’exploitation. Sans parler de tous ses éléments constitutifs qui ne sont pas « réutilisables » (ou alors c’est remettre un sou dans la machine !). Il ne s’agit pas de « libérer » le sujet de l’économie politique et relationnelle du genre – il s’agit de dynamiter ce sujet qui implique le genre. Il n’y a pas d’issue subjectiviste au monde actuel. Il nous faut considérer, confronter les catégories, dialectisées, pour ce qu’elles sont, et non pas fuir dans des existentiaux immédiatistes qui préservent tout l’a priori de ce social.

 

On ne peut pas se débarrasser de la sexuation sans se débarrasser de son usage. D’où il nous faut une critique a posteriori, qui remonte la filière. Avec un sécateur bien costaud. Pour couper matériellement, dans le vouloir, dans l’agir, dans le s’identifier, dans le rapport social factuel quoi. Sortir de c’est s’empêcher, empêcher le sujet, donc nous, de se reproduire.

 

Par ailleurs, l’usage du terme abolir laisse supposer que nous croyons que le formel et le volontarisme subjectifs pourraient primer sur le fonctionnement social et ses déterminations – on me laissera rester plus que sceptique là-dessus. Tenter de faire disparaître un rapport social est un boulot je pense très au-delà de la notion d’abolition ; il s’agit là encore de supprimer, de retrancher. Et pour cela de prendre toute la mesure du truc ! C’est un drôle de pari. Qui ne peut pas être fait a minima, en essayant de préserver un domaine présocial « aproblématique », naturalisé. En clair, il ne faut pas compter relationner, (se) valoriser, s’appro- ou se réapproprier, « faire du sexe » ou tout ce genre de facéties répétitives dans un état de choses où nous aurions réussi à nous défaire du sexe/genre – encore une fois, à quoi ça sert ? On ne peut pas garder à quoi ça sert si on veut éviter les inconvénients de la forme sociale. On ne fait pas ce qu’on veut de ces formes, il n’y a rien à « libérer » en elles – sinon leur surenchère absolutiste et meurtrière.

 

Enfin, ne pas faire comme si nous nous trouvions en quoi que ce soit « au-delà », (la vieille blague du dépassement), en dehors de la logique déterminée de sexe/genre. Donc ne pas oublier que nous tenons le pari de la défaire depuis ses propres positions qui nous ont produites, engendrées pourrait-on dire. Ce qui est franchement osé. Mais nous n’avons pas d’autre choix. La seule éventualité sur laquelle nous pouvons peut-être nous fonder à cet égard est le glissement dans le rapport de sexuation que nous manifestons, et qui semble signifier qu’il s’y passe des choses. Mais cela n’est en rien une garantie et encore moins une promesse.

Si l’on admet que le rapport de sexuation, avec ses annexes et avatars, est centré sur un masculin fonctionnel, convergent, valorisé, il faut alors tenir que le glissement vers un féminin, négatif de ce rapport, est notre manière, notre tentative de briser cette convergence. Rien ne dit que ça doit forcément marcher. Rien n’est d’ailleurs écrit ni existant à l’avance, la tentative même est partie prenante du mouvement dont qui vivra verra la suite. Nous avons été menées à passer par les souterrains : il ne faut pas avoir la grosse tête. Pas positiver ce qui ne peut ouvrir que si cela reste en négative – sans quoi nous versons dans l’exotisme et la gentrification, l’importation de comportements dominants et extensifs, l’a priori d’inclusion revendicative dans le valorisé, la récupération parcellaire, à notre tour ; et nous resterons engluées.

 

Pasqu’il faut donc voir pour quoi nous abolirions le genre ? Si c’est pour « libérer » le sujet en l’état, appropriateur et relationniste, centré sur la réalisation des valeurs qui sont précisément celles de la société sexuée et masculinocentrée, où on serait invitées et élues à « cocher toutes les cases », c’est d’emblée une impasse. Ce monde serait fonctionnellement et structurellement un monde d’hommes, immédiatement rehiérarchisé par la pratique. Dans ce sens là, « abolir » le genre serait en fait le réaliser total, avec les conséquences que – ce monde en pire quoi. Il nous faut donc bien déterminer à l’avance ce qu’est le genre, rapport social, et ce que nous voulons si nous entendons nous en débarrasser. Si c’est pour avoir « les avantages sans les inconvénients », en clair surenchérir dans à quoi sert le rapport social de sexuation, c’est pas la peine. Etiquette ou pas nous en aurons les conséquences, « tous des mecs fonctionnellement » ne se fera que sur la concurrence et l’élimination, comme c’est déjà le cas. En finir avec le sexe, c’est en finir avec le sexe, donc avec tout ce à quoi il tient et sert. Le genre/sexe est un rapport social, il ne peut pas être plus pacifié, neutralisé, pourtoutisé que l’économie (mais il faudrait déjà qu’on le comprenne, l’admette, et pour l’une, et pour l’autre…) ; ni lui, ni ce à quoi il sert, et qu’il « n’entrave » pas plus que le « dépasser » ne nous ferait changer de paradigme. Si nous voulons le briser, alors il nous faut déterminer et briser ce à quoi il sert, pas simplement ce par quoi il entend se manifester positivement. Et ça ne se fera pas en une fois, d’autant que nous n’avons aucun « levier » extérieur pur agir dessus, nous en sommes et en venons ; c’est en quelque sorte toute une histoire – un pari historique.

 

On ne peut pas se dépatouiller du genre et de ses exigences catégoriques, de la binarité hiérarchisée par les objectifs évidentisés qui conditionnent ses éléments, indépendamment de la manière dont nous les agençons subjectivement, si on ne se dépatouille pas de ce à quoi il sert, et des spontanéités, légitimités et autres daisirs/plaisirs qu’il réalise à travers nous (mais ce nous n’est du coup pas non plus a priori, il faudra alors aller vers un autre nous qui n’use pas du genre, et donc ne se détermine pas sur la réalisation de ses objectifs). On ne peut donc pas se débarrasser du genre sans repasser, examiner toutes ses implications, bref il nous faut passer par son côté négatif pour éventuellement en sortir. Ce qui ne veut en rien dire « le réaliser », impasse hégélienne de droite qui ne mène qu’à la reproduction et à la surenchère ; au contraire en débrancher une à une les dites implications, sans esprit de retour. Négativer et vivisecter toutes les positivités à priori que nous nous présentions sur l’étal – car c’est vraisemblablement d’elles que viennent les misères dont nous nous plaignons répétitivement.

 

Pour des socialités antisexe, à tous les sens et avec toutes les implications du terme. Y a du taf si on veut vraiment aller dans cette direction. Ça ne se fera pas par simple affirmation, retour à une origine, une générique quelconque, ni en claquant des doigts : c’est un monde et son sujet à critiquer et à défaire, des objectifs et des spontanéités immanentes, intériorisées, à revoir et à abandonner.

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13 mars 2018 2 13 /03 /mars /2018 16:30

 

 

 

Outre la question que pose l’intégration/légitimation dans un pareil ordre social, dans ses idéaux même posés en opposition, « à réaliser », et ce qu’implique le légitimisme dans cette guerre hiérarchique, la tentation que nous manifestons fréquemment de conditionner notre légitimation à une déproblématisation in se de la sexuation sociale (pléonasme, puisque la sexuation est une fonction sociale) réduite à une expression a priori dont on ne questionne pas les aboutissants ni les objectifs, ne me paraît pas pertinente. D’une part pasque les rapports sociaux s’exercent majoritairement sans trop se soucier de si on les reconnaît tels ou pas ; d’autre part pasque ça pourrait vouloir dire que notre « raison d’être » à nous ne résisterait pas à une problématisation. Ce qui est idiot : il n’y a pas de raison d’être a priori non plus, la question part de ce qui est, et nous sommes, incontournables. Je pense même que lisser d’emblée le piochage sur ce que devient, à travers nous aussi, le rapport social de sexuation, c’est contribuer à donner raison à celles qui veulent notre disparition, et usent de la critique de ce rapport de manière fixiste et biaisée.

De même, il est je trouve bancal de nous circonscrire à  la thèse de la révélation d'une identité sui generis, quand on veut mener par ailleurs une réflexion critique par rapport à l’essentialisme que nous qualifions limitativement (mais justement dans bien des cas cas) de tradi ou binaire, qui avance lui aussi son museau comme d’une réalité supra, antésociale, où les formes et assignations classiques de la sexuation jailliraient toutes armées et pomponnées d’une détermination biologisante, intrinsèque ou en tous cas totalement objectivée.

La question pendante est celle de l’approche méthodologique : il y a chez nous une réticence à nous poser et penser dans le courant des formes du social, de leurs buts et de leurs modes de reproduction comme de changement ; comme si cela nous mettait plus en danger que la haine cis’, laquelle se fiche assez radicalement de complications à ce sujet et souhaite simplement nous voir exterminéEs. En toile de fond, reste la pensée absolutisme qui prédomine même paradoxalement dans les relativismes, lesquels n’arrivent pas à se reposer comme travail sur la réalité manifeste : si quelque chose peut être pensé historiquement, socialement, évolutivement, pourtant comme réalité complète mais pas comme immanence d’un au-delà ou d’en en-deça total, brut, alors cette chose serait potentiellement illégitime, en danger. Ce qui est finalement adhérer, fut-ce par défaut et à reculons, au fonctionnement de délégitimation appliqué à toutes les minorités inévidentes. Nous ne trouverons aucun refuge efficace dans l’essentialisme qui pose notre glissement, peut-être notre soulèvement dans, en partie contre les rapports de sexuation en l’état, comme une ontologie et un être immuable. Nous sommes et en, et un (et peut-être plusieurs) devenir(s), comme répétait un collègue, dans un monde qui produit sans cesse ses sujets. Nous sommes même sans doute moins a priori que la moyenne, de par la cuisine dont nous relevons. Et c’est (très bien) ainsi.

 

Je serais pourtant bien pour qu’on (se) facilite la vie. À fond contre les idéologies de la dureté, de la discipline et du sacrifice. Mais je ne sais pas si nous sommes en mesure, ni si ça résoud des contradictions en général, de subjectiver à l’image et sur le modèle des groupes les plus puissants et donc légitimes en cet ordre social, bref de vivre sans (trop) nous poser de questions, avec des réponses et assignations a priori. Avec succès, le succès étant donc de vivre et de nous manifester. Nous ne sommes pas une, des vérités révélées ; nous nous trouvons manifester des réalités complexes, évolutives, explicables et situables.

 

Nous nous trouvons, ce qui n’est pas notre apanage du reste, dans une place bien spécifique, conséquences de rapports sociaux que nous ne pouvons pas traverser, dépasser, résoudre d’un trait de plume ou de caractère, par la magie d’une volonté ou d’un a priori qui en découlent. Les ontologiser, certes, tente de nous faire rentrer dans la grande famille qui est bien d’accord là-dessus ; mais ne rentre pas qui veut, nous le savons très bien, dans cette logique légitimatrice qui distribue inégalitairement la valeur et ses possibilités. Nous sommes une manifestation de ce qui se passe, bouge dans ce social, essaie de le modifier, nous n’avons rien à chercher ni à trouver dans des mythologies naturalisantes ou ontologisantes. Lesquelles du reste ramèneront toujours à l’ordre instrumental hiérarchique qui nous pulvérise.

 

« Parlez moi d’moi, y a qu’ça qui m’intéresse » - mais en fait sous quelle conception de ce « moi » ? – « moi » sui generis, dans un logique finalement privative généralisée, hors situation et où le rapport social découle mais n’est pas envisagé à l’origine de la production de soi, ni de l’usage de ce soi. C’est ainsi que nous facilitons, en privilégiant finalement la reproduction et l’implicite, la tâche des antimodernes et autres réaques qui refusent que le rapport social, notamment de sexualisation, puisse bouger, avec ses manifestations et conséquences, et proclament que toute avancée n’est que celle de la décadence. La question du narcissisme par exemple peut être posée, mais là encore selon quelles modalités de son objet/sujet ? Il est tout aussi absolutiste et sans issue de conditionner la prise en compte de ce qui se passe à une exigence intégriste d'échappée des rapports sociaux que de chercher à éluder l'affaire.

 

Nous ne changerons pas grand’chose à comment ça se passe si nous essayons de nous couler dedans, ou de passer dans les interstices, avec une logique de toujours déjà été, ou bien de vertu immanente efficace qui dissoudrait la méchanceté de ce monde – d’autres ont déjà essayé et ça n’a pas vraiment marché. Nous devons probablement privilégier une critique a posteriori, prendre en compte ce qu’entraînent et déterminent les formes sociales qui nous produisent, nous constituent, et auxquelles nous restons si attachées, sans complaisance, réalistement, sans nous réfugier dans la vaine supposition a prioriste que si on les réalisait – comme si nous n’y étions pas attelées ! – nous aurions de tous autres résultats. Il nous faut remonter des conséquences vers les causes, et non supputer idéalistement les secondes des premières.

 

Je l’ai déjà dit il y a peu : la panique de genre, ou dans le genre, nous englobe aussi ; de même que la gentrification de genre et d’autres aspects du rapport de sexuation qui glisse, se fragmente, s’ébroue (enfin !). Il nous faut les analyser et les confronter, depuis nos places spécifiques. Arrêter de chercher à nous réfugier, bien vainement du reste vu l’illégitimation qui nous touche, dans la présupposition élusive de « caractères » présociaux, « anthropologiques » et qui seraient à l’origine des ordonnancements de comportement et in fine d’appropriation comme de pouvoir ; les buts sociaux façonnent les caractères et catégorisations qui leur servent. Il reste leurs contradictions dans les failles desquelles nous nous développons, à l’aventure, comme du bleu dans le fromage.

 

Peut-être aussi, plus largement, faut-il nous défaire du préjugé culpabilitaire que constituer un problème est un mal – c’est tout simplement constituer quelque chose du social ; contre ça, nous nous réfugions dans le mythe d’un social qui coulerait tout seul, ontologique, et où finalement tout le monde serait toujours et par principe « à sa place », ce qui effectivement peut être vu comme un état de choses désirables, mais qui sait aussi comme quelque chose de pas classe du tout, un éternel ordre a priori – joint au fait que l’immédiateté correspond à peu près toujours au processus de reproduction.

 

Vouloir participer de ce qui est en fin de compte la logique majoritaire, la logique de « ce qui va de soi », ou « soit devoir aller de si », cela casse en fin de compte les possibles logiques et compréhensions minoritaires que nous pourrions développer contre cet état de choses. Et comme ces logiques majoritaires sont évaluatrices et éliminatoires, elles instaurent chez nous un processus d’élimination interne, de plus en plus en fonction de critères et de fonctionnements finalement majoritaires, cis par exemple.

 

Nous devons faire retour sur nous comme situables et explicables, c’est la condition d’une approche réaliste et matérialiste de ce qui se manifeste à travers nous dans les rapports sociaux. Il y a en ce moment quelque chose qui bouge, chez nous, l’apparition d’une vague de critiques et théoriciennes qui réfutent et brisent la pensée intégrationniste et positiviste, laquelle a culminé dans l'engouement pour des œuvres comme Whipping girl, et a longtemps prévalu. Et ce sans forcément rester sur des critères d’identité.

 

Il semble qu’une issue, s’il doit y en avoir une, à notre impasse inclusiviste, d’emblée échec, se situe dans une négativation de ce dont nous nous formons, et des objectifs sociaux auxquels nous sommes prétendument appelées ; que la positivation, au contraire, paraît ne perpétuer que les illusions, les abus et les dominations. Négativation qui n’est pas déni, non plus que l’affirmation, mais remise en perspective et en discussion serrée de la bonitude supposée de ces objectifs intériorisés. Il faut aussi sans doute que cette critique se fasse a posteriori, conséquentielle ; non pas par phénoménalisme plat qu’on renverrait une fois de plus à l’évaluation selon les critères de l’économie politique, mais parce que ce qui se passe renseigne bougrement, aide à revenir de manière impitoyable sur le contenu logique de ces mêmes critères, dès lors qu’on les pose comme problématiques et non comme la référence à atteindre

 

Je pense qu’il nous faut contester, briser le lien traditionnel qui nous prend à la gorge entre l’exigence de légitimité et le présupposé de l’ontéité, d’ailleurs mener une critique de ce à quoi servent, encore une fois, ces genres de concepts à vocation à la fois absolutisante et mutiste, qui font sortir de la pensée, de la langue et de la vie sociale pour imposer d’investir dans un intemporel, un toujours déjà été, une absence de suite et d’explication. Sortir des images, des analogies, de la révérence envers les schémas reproducteurs, de la glu ontologique quoi, de ses justifications a priori et inefficaces.  

 

Tout est en la matière à défaire, à démêler en tous cas. On ne peut vraisemblablement pas sortir de cet ordre des choses, de ce « monde », ni même si on veut user de cette catégorie d’action elle-même sujette à critique « lutter contre », en positivant et en se réappropriant ses vieilles daubes structurelles et idéales, qui ne feront que nous confirmer en agentes de sa reproduction et de sa perpétuation. Il nous faut aussi briser cette position d’agentes : agir ne garantit rien, ne sauve pas, ne délivre pas par soi-même. Encore faut-il ne pas agir dans le sens de la répétition. Ce qui est loin d’être facile, nous sommes intégralement sujettes conséquences des rapports sociaux en vigueur, de leurs objectifs, et nous ne pouvons compter ni sur la magie de notre volonté, ni sur aucune intervention transcendante. Juste sur l’expérience que le social n’est pas fixe et que la connaissance d’où nous en sommes n’est pas totalement impossible. Enfin qu’il n’y a sans doute aucune fatalité d’unité, de convergence, de devenir commun et sororal à ces où nous en sommes.

 

Il n’y a pas d’issue à se terrer dans une logique d’a priori, qui tient que non, y a pas de problème, pas de question, que tout est déjà posé, signifié, cristallisé. Nous ne sommes pas sûres d’où nous allons, partagées entre le désir de nous intégrer dans les formes à réaliser de ce social et ce qui nous en pousse dehors, mène au retour critique sur çui ci. Il n’y a d’écrit en ce qui nous concerne que jusques où nous nous trouvons, à présent, dans un mouvement qui croît et que pour le moment aucune violence, aucun mépris n’arrête.

 

 

« Je n’ai/tu n’as jamais / j’ai/tu as toujours été/seras », même logique transcendante et idéaliste de déni du devenir social et du glissement dans le rapport de sexuation. L’affirmation ni la réfutation a priori ne nous protègent ni nous y font échapper. Faut arrêter. Il se passe quelque chose, point !

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5 mars 2018 1 05 /03 /mars /2018 13:24

 

 

Translande a vraiment du mal, et c’est un euphémisme, à prendre en compte et à se soucier de ce qu’on appelle les « politiques générales », que je définirai plutôt comme les tendances lourdes et à long terme de l’économie et du social que celle-ci façonne. Pourtant ces inflexions nous impactent profondément, derrière les manifestations plus singulières du sociétal. Par exemple on va pointer, et à très juste titre, les approches médicales régressives – mais nous ne pensons guère leur lien avec la logique de restriction sur les dépenses de santé, qui n’y est elle-même pas nécessairement étrangère, outre la concentration du capital dans le peu de domaines rentables qui restent, à celle de l’élimination physique des plus pauvres, qui ne rapportent rien et donc ne doivent pas coûter – il est reconnu par les économistes qu’une pauvre qui meurt plus jeune, hé bien c’est des économies, de l’argent qui aurait « juste servi à vivre », ô hérésie ! redirigé vers la production de valeur la plis intense. Sachant que les transses sont, et ce dans le contexte de l’appauvrissement général des populations, majoritairement pauvres, ne rien dépenser pour elles relève de cette espèce de bon sens cynique.

 

De même, le monde de la propriété sacrée, et donc de sa protection prioritaire par-dessus tout, laquelle inclut depuis des siècles l’identification soigneuse des personnes, qui sont les fonctions comptables et responsables de la valeur, à chacune son dû, nous revient il dans la figure : à peine quelques concessions sont elles faites au point de vue sociétal sur par exemple la proc »dure de changement d’état civil, hop, arrive par derrière une réglementation hyper rigide de l’identité sous laquelle on peut se manifester. En passant, cela sape illico l’exigence volontairement paradoxale de la justice qui demande pour le dit cec des preuves que l’on « vit déjà » dans son genre de destination – alors qu’il est de plus en plus soigneusement interdit de le faire ! Là encore pour les meilleures et plus emphatiques raisons de « sécurité ». De sécurité bien sûr de l’appropriation, de à qui est cette somme, de qui doit ça à qui. Qui est in fine et à travers les traductions les plus diverses, comme par exemple les frontières hermétiques entre zones de richesses inégales, la seule nécessité reconnue par le monde de l’économie politique.

 

Mais les assoces trans’, même les « radicales », la radicalité aujourd’hui se situant sur le même plan moral que le juste milieu, ne causent jamais trop de ces « grandes directions », non plus que de qu’impliquent les grands « buts consensuels ». Que ça coince, en quelque sorte. Au mieux des fois de certaines de leurs conséquences, honnies, hétéronomisées, mais sans réfléchir à leurs causes et logiques internes. Et pour cause : le but convergent à assocelande est que nous nous faisions inclure dans les desiderata de ce fonctionnement social, légitimées, valorisées, intégrées, boulot famille petite propriété – ce alors même que ce modèle part en vrille et éjecte chaque jour une proportion croissante de ses ex titulaires – alors ses « dreamers », tu parles si iels seront accueillies à bras ouverts. Mais voilà, si pas ça, qu’est-ce qu’on va faire de nous-mêmes, puisque nous sommes issues de ce monde, de ce modèle en tous cas, libéral, individuel, réussite, qui prétend toujours être la seule manière de se « réaliser » - traduction subjective et ontologique de l’appropriation de valeur d’échange.

 

Ce n’est pas pour rien dans cette incapacité chez nous à faire quoi que ce soit pour changer nos vies – au-delà de déclarations identistes, de réunions tupperware-témoignages, de catéchèse sourcilleusement prêchée par nos vicaires et bergères sur ce que nous devons nous sentir être et pas, de protestations apologétiques enfin sans aucun effet sur les éléments les plus « avancés » des politiques publiques, comme sur le fond du rapport social, de pratiques très affinitaires et parisanes d’attribution de ressources qui elles-mêmes se raréfient. Il va de soi aussi que l’inclusion qui s’échappe toujours, comme un horizon, inclut les dynamiques de sexuations, lesquelles, avec l’effondrement de ce monde de rechange, d’égalité formelle toussa toussa que promettait l’économie, promesse à laquelle on continue à croire alors même qu’on est déjà dans la benne à superflues, trimballées de la rue à la guerre en passant par le retour à de bonne vieilles sociétés bien policées où chacune est à sa place immobile, éternelle, lesquelles donc demandent une normativité toujours plus inaccessible (y compris à une partie des cisses !), bref se modèlent sur les exigences du taux de profit : courbe ascendante ou la mort (et bien sûr la mort ou du moins la non-existence pour la plupart). Bref, inclusion résiduelle égale super cisnorme, à la fois invisible et négociable. Inutile je pense de détailler longuement les conséquences.

 

Il y a aussi indubitablement un espoir là encore apologétiquement structuré, fidéistement progressiste en quelque sorte, selon lequel, mais non, ça ne peut pas finir aussi mal que ça l’aventure citoyenne qui d’ailleurs nous a vues, peut-être qui sait un peu aussi fait naître. Il y a un présupposé en somme que le monde de la valorisation et ses rapport sociaux ne sont pas aussi contradictoires et irrationnels que ça, qu’on va arriver à « redresser la barre », à ne pas « tout perdre » (et même, finalement, à touche un jackpot). C’est même ce qui fait peu dans le relatif machiavélisme qui habite translande : cette espèce de confiance sourde, tétanisée, dans l’idée que « non, ça ne va tout de même pas se terminer, et aussi mal que ça ». on voudrait bien entendu le croire, mais pour tout dire ça n’en prend pas le chemin, et on a au contraire le sentiment désagréable que la pente l’emporte, et du mauvais côté. Que pendant qu’on trifougne quelques reconnaissance locales sociétales, des pans entiers s’en vont de ce qui nous permet de vivre, et comme transses et comme bipèdes, sans parler des déterminations qui se tiennent entre, et qui sont actuellement primordiales dans la hiérarchie de la survie (appartenance à une zone ou à un groupe porteur de valeur notamment). Et ce sans que nous ayons la moindre idée ni la moindre pratique de comment y échapper, encore moins y remédier.

 

À un terme qui se précise, se rapproche de plus en plus, est déjà même bien là, les assoces, elles-mêmes du reste affaiblies par la disparition de la redistribution qui les vivifiait autrefois, ne feront plus que gérer la petite part (puisque l’essentiel des trans’ ne les fréquente pas) de misère sociale et de pénurie qui leur reviendra dans le « partage ». Mais comme par leur présupposé même, leur structure historique, elles ne sont pas en mesure de se transformer pour par exemple aider à organiser une vie matérielle quotidienne en fonction de la réalité sociale, pauvreté et exclusion, non plus réussite et inclusion qu’elles nous proposent toujours, comme de vieilles affiches de plages au soleil sous on ne sait quels tropiques où personne n’ira, qui n’existent même plus. Mais travailler le négatif, que nous constituons pourtant et à plusieurs titres, ô ben non, pas sexy.

 

Pourtant, et ce malgré notre « croissance » tout à fait étonnante, manifestation d’un glissement de terrain profond dans le rapport de sexuation, je pense tout uniment que si nous continuons à conditionner notre (sur)vie et partant aussi notre vision, notre compréhension de nous-mêmes, aux critères d’évaluation d’un monde de fait qui se dérobe, se restreint, va peut-être disparaître mais en laissant un désert et des monceaux de victimes, à la valorisation, à l’inclusion, à la cis-symétrisation, hé bien nous nous mettons collectivement en danger de mort, de participer à notre propre extermination en nous réclamant des logiques qui la mettent en œuvre. Comme de nus confier sans critique à la vieille idéologie libérale de formes idéales, profitables « pour toutes » qui incluent dans leur propre logique la sélection, la concurrence, donc la hiérarchie et l’élimination.

 

On peut avoir toute une kyrielle de critiques plus ou moins sociales, plus ou moins moral-politiques au sujet du concept et de la pratique de l’inclusion. Comme je l’ai déjà dit, elle pose problème en ce qu’elle symétrise et nie les rapports sociaux, met les plus faibles dans la situation de servir sans cesse de fétiche ou d’instrument aux plus fortes, bref est la source d’un ensemble touffus d’abus et d’impossibilités de percevoir sa situation sociale, enfin de reproduction de l’état des rapports et des inégalités. Mais finalement, le plus dangereux et le pire est qu’elle nous jette dans le mur, mur qui est celui de l’échec historique de l’économie politique et de son sujet rêvé, riche, plein de droits, formellement égal. Et qu’elle nous empêche de reconsidérer tout ça, et surtout de nous organiser en fonction de son naufrage, pour essayer – c’est loin d’être garanti – de ne pas couler avec elle et son monde. Dont nous sommes, certes. Là est l’incertitude, pouvons nous survivre à l’état des choses qui nous a vues apparaître, sinon nous a créées ? Nous devons faire le pari que oui – en tous cas tout tenter pour. Et espérer que l’aventure humaine ne s’arrête pas avec le crash économique. Mais quoi qu’il en soit, nous serons bien bêtes de mettre bénévolement nos peaux à disposition d’un ordre des choses meurtrier et qui entend continuer jusques à l’extrémité !

 

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Cétépatant aussi à quel point la réalité répétée du rapport social bute dans nos caboches sur l’intensité du désir inclusiviste ; ainsi, on a beau être régulièrement agressées, démasquées, singularisées (quand tout va bien) et illégitimées, ben non, impossible de penser la visibilité, tellement nous restons accrochées à l’idée a priori que le statut que nous nos souhaitons et supposons, d’être de « nouvelles cisses » quoi, des « comme les autres », sans parler de la fable mythologique du « on a toujours été », doit nécessairement effacer le stigmate, nous rendre invisibles. Sinon à présent du moins « à terme », un terme qui pour la plupart est comme l’horizon, se dérobe toujours. Ou se tient en embuscade à la première occasion – le stigmate, même moins perceptible, est toujours ravivé par l’exigence normative et l’attention malveillante de ses gardiens. Le plus pathétiquement drôle, enfin si j’ose dire, est le coup de la carte d’identité avec le f, incontestablement nécessaire et bien pratique dans les relations administratives, mais complètement sans effet dans le rapport social quotidien. T’as une gueule de transse, c’est pas l’état civil conforme qui te la changera. Du coup, on assiste à une espèce de déni permanent de ce qui se passe, lequel dans le même temps ne nous empêche absolument pas de nous plaindre de ce même « qui se passe ». Juste il nous faut éviter de constater qu’il s’agit non pas d’une malencontreuse constellation de mauvaises rencontres, mais de la conséquence systémique d’un rapport social transmisogyne. Et qu’il n’y a pas d’issue à celui-ci dans une invisibilité inatteignable, quel que soit son principe producteur. Cela fait évidemment un peu penser aux lamentations répétées sur les « anomalies » brutales dans l’ordre relationniste et sexualisant, anomalies qui ne sauraient nous suggérer que la cause est dans ce rapport lui-même et dans son hégémonie enjointe. C’est l’addition redoutable du rêve inclusiviste, qui commence par ne pas critiquer ce à quoi on veut être incluses, mais au contraire à le sanctuariser, à le fétichiser, à lui octroyer un présupposé de toute félicité. Que par logique interne, des abstractions réelles qui mobilisent et structurent ce social, il n’y en ait jamais pour tout le monde et loin de là, ben non, impossible de le penser, ça serait trop horrible, plus horrible apparemment que tout ce qu’on se prend dans la figure et ailleurs en fonction et au nom de la réalisation forcenée de cet idéal : amour légitimité argent. Pouvoir quoi. Renverser ce tropisme social nous paraît l’enfer ou le néant, au choix. Continuons donc à encaisser et à couiner apologétiquement.

 

Il y a, dans notre langage performatif, une confusion persistante autour de la notion de visibilité. Incontestablement, pour nouzautes nanas transses, elle est dans un climat transmiso un des éléments principaux qui nous met en danger, déclenche l’application hostile du rapport social majoritaire à notre égard. Bref, nous courons ou sommes censées courir, bien vainement dans la plupart des cas, après l’invisibilité. Mais dans notre discours on va dire institutionnalisant, ce terme de visibilité désigne au contraire une situation qui nous procurerait de meilleures conditions de vie. Ce qui veut dire que ce mot, dans l’état de choses, est usité dans un autre sens que ce qu’il signifie platement au quotidien, et que « visibilité » a alors un sens bien particulier, qui supposerait légitimité et si on veut, représentativité. Et aussi a priori qu’il y a une convergence à venir dans la plénitude de l’égalité et des droits. Et que statut formel se transforme en rapport social positif, égalitaire. D’autres minorités visibles ont cependant déjà fait l’expérience plutôt négative de cette affirmation. Le rapport social ne suit pas vraiment le formalisme des statuts, voire même il se plaît, bien réac, à le piétiner (et nous avec).

 

D’autre part, plus matérialistement, le processus dit d’inclusion suit exactement la même trajectoire que celui de la valorisation auquel il est subordonné – la seule vraie inclusion dans l’économie politique et relationnelle est déterminée par la production et l’accumulation de valeur, d’argent ou de capacité à se négocier. Or, ce processus économique se casse la figure en expulsant rapidement et violemment la plus grande partie des gentes, minorités en prem’s. Bref, de même que l’économie c’est fini, l’inclusion c’est fini, avant même d’avoir commencé pour beaucoup – de même que l’intégration économique. Il n’y a de perspective pour la très grande majorité des nanas transses dans l’inclusion à rien que ce soit, légitimité de genre, richesse matérielle, ni donc dans les formes qui les accompagnent – valeur, travail, que sais je encore ?

 

 

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Nous les émasculons moralement et socialement. La transition d’une collègue belge assez connue est clamée là bas comme une « capitulation ». Intéressant. Ça veut dire qu’on leur fait vraiment peur. Renoncer aux avantages de la masculinité, et en passant aussi à la légitimité féminine, faut bien le dire, ça glace, ça fait frissonner les pupuces à breloques. Ils sentent bien qu’il y a autre chose que du caprice anecdotique, individuel, là derrière, d’ailleurs déjà la possibilité de ça les épouvantait, qu’il y a un vrai glissement de terrain qui déstabilise cette place honorifique, rembourrée, qui fait toute leur appétence à vivre, à mourir même et au besoin à tuer. Qu’il y a de la désertion. Effectivement, si on parle ici en terme de rapports sociaux, je me risquerais malgré mon antiléninisme à dire même lutte des classes, pour une fois, et à user donc d’une rhétorique militaire, ça montre déjà bien que leur fond de pensée, leur argument effectif, est celui du pouvoir, de l’exercer et de le garder – comme ça on sait précisément ce qu’implique leur différentialisme, ce à quoi il sert. Et aussi que ça les emmerde fort que des élus décident au minimum de l’abdiquer, ce pouvoir, et peut-être même de le saborder. Je ne fais pas ici l’éloge de la renonciation en position de dominance, on sait assez bien historiquement ce que ça recouvre. Mais il faut bien dire que la chute et surtout l’illégitimation radicale, le fait que nous ne sommes après pas recueillies par une autre légitimité, c’est quand même quelque chose qui doit avoir fond et implications sociales assez sérieuses.

 

La bonne nouvelle, donc, c’est que nous sommes devenues relativement incontournables et planétaires. La mauvaise nouvelle, c’est que la haine se confirme d’autant.  J’en avais parlé il y a déjà quelques années ; à mesure que par notre nombre, le fait qu’on parle de nous dans les media, même stupidement et avec notre adhésion bien souvent à cette stupidité faussement compatissante (comment pourrait on empather en quoi que ce soit envers ce qui casse the valeur, the dignité, l’homme quoi ?), nous migrons de la case « folklore ridicule » à « danger social de dévalorisation collective », d’autant que phénoménalement ça prend relais dans le for intérieur, quand on y voit c’est trop tard , que de plus en plus de gentes se disent en nous voyant, « et si moi, mon fils, mon neveu… », on sait bien que ça se tend. Même dans ma cambrousse jusque là plutôt bonasse, qui n’en pensait pas moins mais laissait vivre ses rares monstres, des cis’ qui vous parlaient comme presque à une égale vous aboient désormais dessus avec ce qu’on comprend clairement être hargne et peur avant même le mépris (qui évidemment n’est pas moins présent, mais ça bon on était habitées, on a signé pour – ce qui est nouveau c’est que le mépris disparaît sous l’urgence de la haine). Haine encore socialisée, on vous parle mal mais n vous parle, fonctionnellement. L’étape après c’est quand on vous parle plus. L’étape après celle là c’est quand on vous attaque physiquement dans l’espoir de vous tuer.

 

Nous allons comme toutes les minorités vues comme un danger, un flot qui monte, payer cher d’être désormais donc quelque part prises au sérieux. Nous concentrons la haine parce que nous nous trouvons perpendiculaires à toute la convergence vers ce qui porte positivité, statut, valeur, y compris pour les femmes cisses : devenir fonctionnellement homme. Nous nous y trouvons perpendiculaires mêmes quand nous essayons de jouer le même jeu, reconnaissance, accès aux gentes, bref les attributs de la puissance sociale, dont il faut bien avouer que nous avons un peu de mal à nous dépouiller conséquemment – alors même que de toute façon la transition nous les ôte, de fait. Nous courons après pour les récupérer, ce qui fait des fois un ridicule de plus, mais c’est zéro, en dehors de la part liée à d’autres déterminations sociales, elle-même presque toujours sévèrement amputée par la migration dans le rapport de sexuation. C’est que nous apparaissons au moment même où, encore une fois, celui-ci ressort ferme en tentative de panser, de consoler la dégringolade matérielle. Si les choses n’étaient pas déterminées par la machinerie sociale, on pourrait dire qu’on a fichtrement mal choisi notre moment. Mais déjà ce moment apparaissait bien moins comme tel il y a quelque décennies, quand nous pointâmes le bout du nez. Rien n’est écrit à l’avance avec certitude et encore moins détails. Et surtout des rapports sociaux qui contiennent les contradictions qui les mettent, avec leur sujet, en porte à faux avec eux-mêmes, qui doivent porter leur destruction pour se « réaliser », hé bien ça donne du cocasse – et le rapport de sexuation finalement y participe plein pot. La « nature » prise en flagrant délit d’autodestruction. Ça aussi c’est cocasse. Bon… Cela dit, symétriser, voire nier la transmisogynie, ou l’attribuer à quelques anomalies ringardes, croire que notre statut de fait va s’arranger dans les années qui viennent, je pense que c’est un peu comme autrefois aller la fleur au fusil, en tirailleures, contre des mitrailleuses. Et d’ailleurs pareillement subordonner ce qui « devrait » se passer à un impératif moral-politique dont le social actuel ne prend pas du tout le chemin.

 

Clic clac, un petit sourire ! Et voilà nos bouilles expectantes et dociles dans les boiboîtes réunies de la fiction démocratique sociétale et de notre propre crédulité. Il est vrai que la seconde est structurellement cultivée par la première. Mais c’est out !, c’est de la blague, l’inclusion promise, jamais commencée, si c n’est pour quelque spécimènes élitaires subalternes à ce apposées pour alimenter l’adhésion, la non contradiction, se referme. Elle a gardé de nous ses motivations  une certaine représentativité qui lui servira à se remblayer encore un peu moralement, mais dans les faits nous sommes dehors. Privées du matériel, de la vie sociale et donc même de notre image récupérée.

 

Au reste et pour y revenir : quand est-ce qu’au lieu d’aller gratter auprès de cisselande, éparpillées, jetées les unes contre les autres et sur des critères faits pour nous éliminer, une pitoyable légitimation jamais effective, toujours au mieux conditionnelle et généralement contreplaquée du mépris le plus épais, nous nous constituons nous même comme ensemble social et communautaire ? – ce en tenant compte aussi des rapports sociaux et interne. Et d’ailleurs quand est-ce que nous scruterons un peu critiquement les contenus, comme les objectifs et finalement la forme entière de la dite légitimité, qui est en elle-même bien miteuse !

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1 mars 2018 4 01 /03 /mars /2018 13:24

 

 

Ces inopportunes de loquedues, de sans moyens ni intérêt, qui dégradent, envahissent la belle idée collective, juste parce que ça leur permettrait de gratter quelque chose pour vivre décemment. Honteusement intéressées. Leur sales pattes et leurs usages rustres sur nos chatoyantes ressources. Que nulle n’ose franchir notre porte qu’elle ne les augmente ! La nécessité, le manque, quelle abomination déplorable. Pas de ça chez nous, flamboyantes alternotes. Ouste, Malthus, viens à la rescousse. Du balai. C'est bien entendu que le seul bien commun qui vaille c'est celui constitué par les qui ont, les héritières, les compétentes et les négociables, personnes "indépendantes" de bon aloi. Un marché, quoi. Sur lequel on se porte à échanger.  Bref, re- l’hypocrisie libérale et pseudocommunautaire, qui a déjà été pourtant bien pointée dans d’autres et voisins secteurs, mais dont on évite d’élucider clairement la totalité des critères.

 

Pourssa qu'afin de ne se pas méprendre, de ne se pas mésallier surtout, avec des gentes qui feraient chuter le taux de valorisation partagée, l’intensité de plaisir et d’identification, voire même le degré de dignité, toussa toussa, on va causer de mutualisation, de solidarité ; étant bien entendu que pour mutualiser, pour se solidariser, hébien il faut avoir de quoi apporter, de soi ou des ses arrières sociaux, présents ou prévisibles ; et du qui est échangeable, donc valorisé communément, pas des drouilles sans aucun cours social. Encore moins leur absence. Gagnantes gagnantes, b…el ! On sait à qui ça parle, et pourquoi – et à qui ça ne doit pas parler ; si iel a des acouphènes, qu’iel s’y sent indûment appelée, on lui fera bien comprendre, par la pratique – tu peux ou tu peux pas ? Si tu peux pas, salut, prends soin d’toi !

 

Mutualiser, solidarité, c’est soft, ça passe dans tous les registres sociaux, du capitalisme le plus rigide au plus collaboratif. Économie sociale, donc économie d’abord, ne jamais perdre. Une fois qu’on est assurées de ça on peut se permettre toutes les petites folies et diversités qui nous passent par la tête. La règle vertébrale, draconienne est maintenue, intangible, invulnérable. Et ça protège mécaniquement, ipso facto, la barrière de classe, de richesse, et quelques autres pas toujours nettement explicitées mais bien désirées quand même.

Mutualiser, ça sauvegarde la bonne volonté charitable à l’origine nécessaire de tout mouvement, vade retro obligations, égalitarisme et prise en compte des déterminismes, haro, le goulag ! Ça sauvegarde aussi l’idée d’appropriation individuelle et affinitaire, on échange bien plus qu’on ne redistribue, raisonnablement, que ça prospère. 

 

Dans et sous ces beaux mots, déproblématisés par principe, se tient la fiction d’une symétrie factuelle, qui cache effectivement, mais a priori, un niveau de classe de richesse et de capacités. Auquel on se coopte en connaissance de quibus. Un volet superficiel de charité, qui couvre la raison sociale, souvent d’ailleurs financé par les maigres contrib’s de déjà pauvres apitoyées par le paroli pseudo nécessiteux (on y a vu, voui ! des loquedues délestées de leurs trois sous par des bourges à réserve familale et larmes de crocodiles), jouxte un circuit fermé où on cause de ce qui compte, des vrais projets, de là où les moyens conflueront. Pour ça aussi que l’on cause de mutu, ou de solidarité, pas de collectivisation et encore moins, horreur, de communisation ; et qu’on s’en tient aux annexes (alors que par exemple le logement compte parmi ce qui manque le plus aujourd’hui aux minoritaires). Il y a par derrière une idée de garde-folle, pas mettre en commun n’importe quoi tout de même ; ainsi qu’un sous entendu de devoir d’égalité de ressources a priori des parties prenantes et fournisseuses, de retour, que ce qui part reviendra, bref de rentabilisation, quelque forme qu’elle prenne. La réciprocité suppose, implique l’homogénéité de niveau social et d’acceptabilité. Au « mieux », façon de parler, les loquedues et autres inappétentes y servent de base de représentation et de justification, comme les citoyennes pauvres en démocratie. On prend leur voix, mais on ne leur constitue pas de place.

 

Genrelande mutualiste et solidaritaire, milieu militant comme bien d’autres à la composition sociale fortement structurée par des héritières, est ainsi bien partie pour perpétuer, sur un volet d’éliminées toujours plus étendu, la joie de ses fonctionnements spontanés. La classe moyenne rebelle métropolitaine et annexe se soigne, elle a bien raison n’est-ce pas, ou du moins ses raisons. Il ne nous reste, loquedues, qu’à voir si nous voulons et pouvons, ce qui n’est pas garanti, mettre en place autre chose, avec d’autres objectifs et motivations. Si on peut lui en saper, lui en brouter un peu, tant mieux. On ne fera rien avec rien ou de l’immatériel. Mais pareil, le rapport de force n’y est pas, et derrière les positions spécifiques se dresse la muraille agissante de l’économie politique. Comme j’ai déjà dit, n’allons pas nous plus nous faire charcler pour une réalisation qui soi disant pousserait sur nos bénévoles carcasses : c’est encore à elles que ça profiterait, ces perpétuelles victorieuses au finish, portées par le bout de la vague.

 

Par exemple, « trouver une solution » ; le slogan fétiche de la pensée acritique, libérale, qui entend bien ne pas aller « au fond des choses »  (et surtout pas des escarcelles !) ; la notion de solution se coule totalement dans la perpétuation du rapport social de fond. Elle est parcellaire et conditionnelle à souhait, elle permet de ne jamais repenser ni scruter l'ensemble et les ressources réelles en réserve, ni leur mode d'appropriation privatif affinitaire. Et quand tu deviens trop un problème, insoluble, indémêlable, que tu portes vraiment trop peu de valeur, d’utilité, trop de négativité comptable ou logique quoi, hé bien la solution, toujours elle, toujours dispo, est de te faire disparaître. Il y a donc de manière permanente, surplombante, systémique, « une solution », comme disent les pubs, que ce soit à la banque, à pôle emploi, chez l’assistante sociale ou dans les instances communautaires. La solution est la structure même du fonctionnement économiciste. La solution par défaut c’est ouste. La solution, c’est à la fois tout un monde qui se préserve, et l’échappatoire ordinaire au renversement de la hiérarchie de la valeur, à la mise sur la table des moyens et à leur communisation.

 

Tant qu’il y aura de la valeur et de la convergence, il n’y en aura que pour de moins en moins. Et il n’y a plus « d’entre nous » a priori, identiste ; les belles fables symétrisantes, unitaires, ne servent qu’à nier et invisibiliser la violence sociale et propriétaire. Nos premières ennemies sont nos prétendues sœurs. Leurs popotes et les conditions implicites qui y règnent achèvent de concentrer fric, tuyaux, services, logements, propriété, charité bien ordonnée quoi, de les poser hors d’atteinte des ingrates, innégociables perdantes. Tirons en conséquence.

 

Nous n’y coupons pas : il se mène aussi une guerre de classes à toutensembles- et sébillande réunies, dont il s’agit pour nous déjà de fracturer la fiction unitaire, ainsi que ce qui y est recelé.

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20 février 2018 2 20 /02 /février /2018 19:22

 

 

Tout le battage hygiéniste, sanitaire et salutiste, bien-êtriste autour des opioïdes aux states, des psychotropes en hexagonie, des addictions toussa toussa, cache mal un tatou énorme et croissant : le fait que des masses de gentes sont précipitées par le fonctionnement économique dans la misère, réduites à des vies dégradées et pourries, et se soutiennent de cette manière. Mais ça, c'est pas questionnable, la production de valeur, la propriété droit inviolable et sacré pareil toussa toussa, indépassable voyons, ce serait la barbarie ma chère... Mais pas non plus de palliatifs – il y a là sans doute un côté à la fois moraliste et « négationniste » d’une certaine manière, la peur de devoir reconnaître à quel point le monde magique du choix, de la liberté, de la poursuite du bonheur et de la propriété est crade, brutal, inégalitaire ; le refus de regarder en face les conséquences de ce que l’on défend et agit, et leur refoulement dans un domaine déclaré anomalitaire, pour ne pas dire coupable, ah le fameux laisser-aller des « assistées »…

Donc non seulement on mutile les gentes, mais à présent on enlève et interdit les béquilles, elles font pas bien, et quelque part le capitalisme dans les pays de vieille accumulation n'arrive pas (encore) à défendre ouvertement qu'il faut que ses citoyennes pauvres soient aussi éliminées, alors on tape sur les plus faibles à coups de pénuries et d’interdictions convergentes, en espérant que les gentes en question crèveront individuellement sans faire trop de frais. Et même sans se sucider, pas propre, interdit, juste en mourant, « comme ça » - treize ans de moins d’espérance de vie pour les pauvres, mais on peut certainement faire bien mieux ! N’oublions pas que des gentes qui meurent tôt ce sont des allocs, des retraites, des soins économisés, si si, c’est compté dans les prévisions de pib.

 

Evidemment ça marche plutôt moins que plus, souffrance et violences débordent déplorablement des groupes auxquelles elles devraient être dédiées ; il ne faut pas attendre une quelconque logique linéaire dans la gestion sociale du capitalisme en crise mâtiné de moral-politique. Donc on morfle, doublement, triplement, contraintes à toutes les injonctions contradictoires de la valorisation tétanisée et de la moral-politique qui essaie de la couvrir. La notion même de « bien-être », qui sert à euphémiser, à invisibiliser les conséquences directes de la pauvreté et de la violence sociale, à imputer qui plus est ces conséquences, individuellement, à celles qui les subissent, à les culpabiliser et à les accuser de « manque de volonté » (tu parles, subsistes avec cinq cent euro on verra où elle sera passée ta « volonté » !), cette notion même est dans le contexte un déni odieux et une brutalité de plus. L’hygiénisme antipsychotropes, comme l’écologisme marchand et ses coûteux gadgets obligatoires, est d’abord une gestion antipauvres. Malthus a grandi avec les nouvelles formes de libéralisme : ah si seulement les pauvres, abîmées, pollueuses, de trop comme toujours et surtout qui ne rapportent presque rien, de toute façon jamais assez, pouvaient disparaître, espèrent, soupirent tellement fort les bâtisseures du futur immédiat de l’économie, qu’on les entend de loin.

 

Par ailleurs, il est notoire depuis des décennies qu’il y a un foutage de gueule gigantesque en hexagonie vis à vis de la douleur. Ne pas vouloir avoir mal c’est mal, c’est suspect. Laxiste. On ne vous « délivre » quelques artefacts que de manière très sourcilleuse, et surtout pas avant qu’on pense que vous n’en reviendrez plus pour donner le mauvais exemple. Lire les « recommandations » de la sécu pour les douleurs chroniques issues de vies pourries a quelque chose de putréfiant : ayez donc une vie pas pourrie, voilà. Macrobiotique et jogging, grand air, hop. Sûr que tout le monde a les moyens de cette misérable discipline dont on ne devrait même pas avoir envie ! C’est un bel exercice de « transparence », comme on dit, c’est à dire de cynisme dominant open : o,n vous cache rien, c’est comme ça que ça marche, marchera, et pas autrement. On comprend très bien, et c’est fait pour, que le mieux, le « bien commun », serait qu’on ne soit plus là. Que le monde soit un tissu chatoyant de riches en bonne santé.

 

De même, on nous bassine avec la vaccination contre la rougeole. Alors que les maladies qui se « répandent » actuellement « à nouveau », comme on aime à dire, sont celles de la pauvreté, de la précarité, du logement en taudis et en cages, tuberculoses, affections respiratoires et dermatiques, dents pourries. Et l’usage du terme « se répandre », avec pour sujet « les maladies », signale que la pensée qui produit ce slogan les place résolument en agent autonome, presque subjectif, venu d’on ne sait où – et par là récuse a priori que la « santé » découle des conditions de vie sociale et matérielle générales ; naaaan, ce sont juste ces méchantes maladies, qui viennent d’un « extérieur » imprécis, étranger, et qu’il ne faut pas laisser entrer dans « notre » douillet cocon. A mais ça on n’en cause pas, c’est pas de la santé publique, c’est pas les bambines toutes roses et blondes la classe moyenne sup’ qui risquent, à part être contaminées par les vilaines enfants de pauvres avec lesquelles ce qui reste de « mixité sociale » (autre bonne blague dans un monde de propriété privée) les force quelquefois encore à voisiner. La « santé publique », c’est finalement ne pas entraver le dynamisme des encore rentables qui doivent être en forme pour produire de la néo valeur. Les pauvres, ça fait longtemps que le devenir sociale et politique s’en fiche, pour autant qu’ielles n’em… pas. Mais voilà, comme on en est encore à les parquer hors des zones de valorisation (ça viendra), leur caractère de « réservoir » à la fois physique et social de toutes les maladies et autres disgrâces fait qu’il faut encore s’en soucier, balancer dessus des tonnes de prophylactiques. Les récentes déclarations de la ministre qui s’occupe à la fois de la santé et de la « solidarité », sont tout à fait révélatrices à ce sujet du mode pensée : la pauvreté est pour elle un caractère individuel, une maladie qu’on attrape, probablement transmissible, et qu’on devrait « prévenir ». Vu les programmes d’appauvrissement de la plupart et de concentration du capital qui sont en route, on voit mal comment « prévenir », à part encore une fois ségréguer et préparer la « disparition » de ces très inopportunes pauvres. C’est bien connu, supposer que ce puisse être une conséquence du fonctionnement économique est une pensée qui mène au goulag, bouh ! Chacune pour soi et l’esprit de l’économie pour « toutes », un « toutes » dont on sait depuis un petit moment qu’il ne recouvre qu’une portion de moins en moins large des humaines. Les vraies. Celles qui peuvent exciper de l’usage de la propriété.

 

De manière plus générale, la "santé publique" est clairement désormais un de ces fakes fonctionnels qui s'accumulent occupent la place de ce qu'on appelait à une autre époque des "politiques", puisque les exigences de la valorisation imposent des conditions diamétralement opposées à tout ce qui est prétendu par les discours de "gestion des population"s ; en clair, soyez en bonne santé, safe, sobres, prévention toussa toussa alors même que vous êtes réduites à des minima de misère, isolées (donc unités comptables, tout vous est facturé), hors de mesure de vous faire soigner (coûts, distances, stigmatisations sociales...), et j'en passe. On peut même tout bonnement dire qu'en pratique, ces situations imposées, massives et les idéologies qui les promeuvent et les normalisent participent pleinement désormais de l'élimination salutaire à la concentration de la richesse ; bref sont de facto meurtrières derrière leur paravent bienveillant.

 

Finalement, on peut même songer que la notion même de santé publique recouvre une approche malthusienne 1.1 : les pauvres ne rapportent rien, coûtent même, ne sont bien entendu pas en bonne santé, essayons une société sans pauvres. Ce n’est pas une boutade. De fait c’est à quoi aboutissent les enchevêtrements d’injonctions d’une part, de pénurisation de l’autre, qui structurent la redistribution en général et celle du système de santé en particulier.. À ce qui reste de riches les moyens des « bonnes pratiques », l’accès matériel comme social à des soignantEs conséquentes et respectueuses. Aux éliminées en nombre croissant (c’est même tout ce que veut dire la croissance indexée sur la concentration du capital !) de ce fonctionnement idyllique gagnante-gagnante l’injonction muette mais pressante, lourdement appuyée dans les faits, à disparaître. Le « doux commerce » cher aux protolibéraux ayant échoué à répandre sa richesse, on en revient aux recettes qui furent proposées dans le protocapitalisme, à l’époque où on sortait du mercantilisme, où on passait de l’accumulation/extorsion à la production lourde de valeur. Ce n’est pas étonnant, le capitalisme qui étouffe incite son sujet à aller chercher, dans la tradition de la réforme, recherche de l’originel, des « solutions » à son origine, voire un peu avant ; bref à régresser à toute vibure. Essayons donc d’atteindre ce paradis que nous avons toujours cherché autant que raté : un monde où il n’y a plus que des titulaires d’accumulation et de valorisation réussie. La gentrification par le vide, par l’extermination, biaisée et tortueuse ici pour ne pas faire de vagues morales, ouverte et décomplexée là où il n’y a vraiment plus une once de valeur à récup’ et donc aucune « citoyenneté » qui vaille à représenter. On se fout un peu de ce que ça soit complètement berzingue ; le problème qui se pose à nous est celui de l’existence, puisque nous sommes rayées de la carte par ce projet dément – et dément tout bonnement parce qu’il pose des conditions à la légitimité d’exister. Bel exemple du renversement sur la tête de la logique sociale signalé par le vieux barbu : à la base est le fétiche valeur.

 

Bref, quand nous mêmes reprenons, dans les cadres communautaires et positivistes, les catégories et les impératifs de "santé", de "à quoi ça sert" (produire du relationnel, de l'intensité, même de la valeur toute bête), des contradictions que ça pose, des inégalités évidentes qui se posent et s'imposent dans nos merveilleux milieux, jusque à quel point ne véhiculons nous pas ce fonctionnement myope et contradictoire de l'économie politique ? Et que dire des propres dynamiques, critères, de tri social dans nos milieux ? Et du rôle des objectifs convergents à réaliser dans ce tri ?  

Nous ne nous posons, depuis notre base idéologique subjectiviste où tout est censé jaillir, découler et suivre d’un nous a priori, d’éléments qui seraient à l’origine et non à l’aboutissement du rapport social, nous ne nous posons donc pas vraiment la question « à quoi ça sert », tellement ce à quoi ça sert, le type de vie idéal, ne nous paraît pas problématisable. Que nous ayons indubitablement une approche moins morale et plus libérale, voire plus pragmatique, que les institutions d’état, ne change en fait pas grand’chose au fond de l’affaire : il s’agit de nous garder ou de ne (re)mettre en ordre de marche pour remplir un panel très déterminé de fonctions sociales. Il faut être super en forme, nom de d… pour pouvoir relationner à fond, produire, autarciser, etc. Et de même que les économistes causent du nécessaire autant que clairement mensonger « gagnante-gagnante » de l’économie classique, pareil, nous pensons que réaliser les objectifs conjoints à cette société ne peut en soi pas poser de problème, que les inégalités consécutives ne sont que mauvaise volonté ou carrément malentendus. Bref que nos structures idéales à réaliser sans cesse ne peuvent pas donner les résultats qu’elles donnent, y a maldonne.

La santé est une notion active piégée, que l’on nous l’octroie ou qu’on nous l’ôte. Dans les deux cas elle recouvre une élimination, et un évitement de la question pendante : comment nous vivons matériellement. En cela, elle jouxte les « monnaies de substitution » sans valeur réelle comme la dignité, la justice… Lesquelles, quand elles ne se manifestent plus comme ces fausses monnaies de consolation, se dressent illico comme hégémonies écrasantes.

 

À transselande, donc, qui dans les faits se limite majoritairement à un tissu d’assoces à peu près semblables, aux mêmes modes et objectifs de fonctionnement, et qui ne voient jamais passer la plus grande part de nouzautes, nous sommes ainsi addictes si j’ose dire à un nombre restreint de secteurs à investir et à combler : santé, sexualité, juridique, un peu médiatique, point. C’est vrai qu’il y a du taf. Mais, exactement comme les bonnes âmes de la gestion générale de la population, qui causent prévention et culture à des masses de gentes qui n’arrivent pas à se chauffer l’hiver ou à bouffer valable, le quotidien social des nanas transses dans ce pays nous échappe à peu près totalement. Et même on dirait qu’on préfère ne pas s’en mêler, pareil, prenez ce paquet cadeau de trucs ingénieux mais souvent inutiles pasque les personnes en question ne sont même pas en mesure de s’insérer dans les domaines sociaux où ils auraient une pertinence, et rentrez dans votre taudis (en rasant bien les murs).

Le plus épatant, si j’ose dire, est que nous voyons bien que cette manière de faire, de penser et de nous percevoir débouche sur une élision et un échec, social, et même si on veut politique, patent et de plus en plus épais à mesure que les conditions générales économiques et de socialisation se durcissent. Mais non, mi parce que d’aucunes d’entre nous pensent pouvoir s’y faire une petite place représentative, intégrative, mi (et une grosse mi finalement) parce que nous ne cultivons absolument ni critique ni imagination, et donc finalement pas même une certaine largeur de prise en compte qui ferait bien percevoir où ça biche, nous nous évertuons à reproduire un fonctionnement associatif très limité, avec toujours les mêmes étapes, et les mêmes lamentations d’où elles ne nous mènent évidemment pas. Je l’ai dit déjà quelques fois, l’associatif est mort, aussi bien que les formes sociétales qu’il concourt, et parce qu’il ne répond pas à ce qui manque de plus en plus urgemment, des moyens de vie matérielle, au besoin collective ; d’autre part parce que de toute façon ses moyens, à lui, dépendaient d’un surplus financier qui a été définitivement réorienté vers la concentration du capital. Il n’y a, de quelque manière qu’on prenne la chose, pas d’avenir dans cette forme d’organisation et dans ses buts forcément parcellaires. Ce qu’il en restera, sous peu, sera entièrement commis au maintien de l’ordre au prix le plus bas – ce qui mettra celleux qui s’en mêleront encore dans une situation quelque peu scabreuse. C’est déjà d’ailleurs en partie le cas. Toutes celles qui ont « fait dans le social », je veux dire ce social qui ne vise précisément pas à tenter de faire une vie sociale en tentant de passer à travers (pas garanti, pas permis non plus) la logique de l’appropriation et de la réussite individuelle, savent ce dont je parle, et les paradoxes de plus en plus vilains dans lesquels on s’y retrouve embourbées et néanmoins engagées.

 

Ce qui est aussi épatant, encore une fois si j’ose dire, c’est combien actuellement toutes les gentes et toutes les orga courent après trois sous, après de quoi vivre, quoi, mais dans le même temps à quel point il y a peu de réflexion parmi nous sur ce que le fric, littéralement se retire, donc les moyens de vivre dans cette société. Mais que non, nous en sommes toujours à causer de dignité, d’insertion statutaire, de convivialité, enfin bref de tous les petits sucres qu’on pose sur une existence déjà matériellement et socialement assurée – alors que cette existence se réduit à vue d’œil, n’est déjà plus assurée pour une part grandissante d’entre nous. Mais tourner du côté de la collectivisation, de la fin du rêve individualiste ou affinitaire, là encore « choix et liberté » (et démerde toi si tu n’en as pas les moyens, ha ben non, là encore le panneau triangulaire, « attention goulag ! ».

Ce qui fait que l’air de rien, nous tendons la sébile, l’air de rien surtout, il ne faudrait tout de même pas laisser croire que le fonctionnement social même dans lequel nous impétrons l’intégration est en train de se replier hors de portée du vulgum pecus que nous constituons pour la plupart, voire de se crasher vilain et nous avec. D’où là encore une espèce de zone aveugle plus ou moins délibérée, plus ou moins opportune, parce que nous ne sous sentons pas de remettre en question le format général de cette intégration (forcément individuelle/familiale selon les normes en vigueur, même si donc de moins en moins peuvent les remplir). Sauf que, sauf que – à quoi ça va bientôt rimer de garder cette impossibilité en référence, de continuer à faire comme si alors que déjà nous ne pouvons plus ?

 

II n’y a par ailleurs je pense absolument aucune échappée, aucune possibilité à chercher dans les déglingues que la destruction des conditions de vie nous infligent, déglingues elles-mêmes souvent terriblement reproductrices de ce que nous n’avons pas et ne sommes pas en mesure de ne pas rechercher. Bref aucun fétichisme, aucune positivité à nourrir envers nos dégâts. Mais ne rien y chercher n’implique pas, bien au contraire, que nous n’en tenions pas compte ! L’autre écueil est de faire semblant que, de ne pas s’occuper de nous telles que nous sommes devenues. Billeboquantes et hoqueteuses. S’occuper de nous en l’état, c’est aussi et déjà rompre avec les exigences qu’on peut à un sens très large qualifier de validistes – tous les idéaux d’intensité, de réussite, de performance (aux deux sens de ce terme). C’est s’organiser et se coaliser sur l’envers du décor de ce sympathique monde : la faiblesse, la maladie, la pauvreté, le pétage de câble et j’en passe. C’est ne pas poser en case « gain », histoire de rester dans le jeu, ce qui est une perte. Le refus est là, pas dans une acceptation, une résignation biaisée en valorisation – piège ordinaire – de cette situation, mais cependant dans sa reconnaissance entière et de fait. Nous en sommes là, il n’y a pas à s’en féliciter ni s’en applaudir, mais pas non plus à se lisser et à mentir pour faire plaisir à l’hégémonie de la force. Il faut au contraire lui opposer pleinement ce qu’elle a provoqué. Lui donner mauvaise conscience (même si en soi la conscience, à ce sens du terme, ne suffit jamais à faire changer les choses). Savoir n’est pas pouvoir. Et s’avoir, quand on ne vaut rien, pas plus.

 

Les « grandes questions appétentes », à côté de leur pertinence propre et spécifique, servent de substitutions objectivantes aux questions sociales, et aux questions sociales transses en ce qui nous concerne. Nous nous ordonnons autour d’elles pour ne pas nous poser à nous-mêmes (et aux autres !) les questions qui font mal, de plus en plus en plus mal à mesure que la situation se dégrade, et que la transmisogynie structurelle, qui avait semblé lâcher un peu dans les années 00, revient en force.

 

Pour tenter de partir d’un autre pied, il ne suffit donc pas de « s’organiser autrement », ce qui est bien entendu déjà indispensable ; il faut aussi réexaminer les buts, les discours, les convergences, le cadre que celles-ci assignent, et passer à travers. Sans quoi ces buts, leur hiérarchisation, ce qui apparaît et ce qui n’apparaît pas,  nous ramèneront à l’ordre initial qui va avec eux. Et qui suppose notre disparition.

 

Cependant # des thunes et du tramadol !

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7 février 2018 3 07 /02 /février /2018 13:35

 

 

La rhétorique courante chez nous de « piégées dans un corps de » est quand même surtout significative de ce que recouvre cette notion de « corps ». Déjà, en fait, on en change quand même assez peu, c’est une impropriété, ce sont comme on dit des caractères secondaires qui sont modifiés, la carcasse reste globalement la même. Mais voilà, le sens social, la destination octroyée à corps se niche précisément dans ces « caractères », et encore plus précisément dans ce à quoi ils servent socialement : une certaine ordonnation, un ensemble d’assignations dans le jeu relationnel, dans le rapport de sexuation. Le « corps », supposé évidence immédiate, est en fait un assemblage de signifiants très triés et hiérarchisés dédiés à des fonctions enjointes, normées, aussi contradictoires que les buts et les moyens dudit social. Bref, la sexuation et son économie relationnelle comme « fondement ».

Mais c’est bien ce que, exactement d’ailleurs comme les cisses, nous répugnons à admettre : que le piège en question, dans lequel nous nous sentons si mal, et à raison, c’est l’assignation sexuée, ses implications et conséquences. À quoi elle sert, et que ce à quoi n’a qu’une évidence reproduite à cours forcé, dans l’angoisse et la violence. Que nous l’avons prise dans la figure, mal, pour moult raisons. Mais nous ne sommes, et je le dis humblement, pas en mesure là, comme ça, de tout bouleverser, de toute remettre en question, et c’est vrai, nous sommes sujettes d’un monde donné et ne pouvons en faire jaillir un autre magiquement d’un claquement de doigts. Donc nous nous rangeons à l’injonction générale et intériorisée, tel corps telle position. Qui est à la fois la réalité du social où nous vivons, et à la fois sa limite qui tend a être de plus en plus vécue comme brutale à mesure qu’effectivement elle se rétrécit, bout du rouleau du sujet et régression aidant. N’empêche, le piège n’est pas dans cet objectivation rationalisée que nous souhaiterions, mais dans le cadre de rapports sociaux qui le fait percevoir unifié et nécessaire. Le corps est la réponse obligée et en ordre de marche aux exigences de la valorisation sociale, condition à se reconnaître et à être reconnue valablement existante.

 

Changer le (et non changer de, donc, qui est absurde) corps, bien des collègues l’ont souligné avec des motivations très diverses, n’est pas changer de genre. Mais surtout se positionner dans l’incorporation comme objectivation signifiante, c’est rester dans la logique du rapport de sexe et de ses fonctionnalités.

 

Un autre aspect de la question est l’aperception que nous avons intégrée des places dans le rapport social de sexe, qui est à la fois d’expérience, on ne peut plus réelle, des nôtres, et d’idéologie de celles qui ne le sont pas. Pasque là je suis désolée, mais je ne crois un instant aux thèses essentialistes d’un « on est » qui créerait par lui-même la connaissance ; on sait ce qu’on veut pas, on sait pas ce qu’on veut à la place, on doit l’apprendre. Ou l’inventer. On doit d’autant plus l’apprendre que, nanas transses, nous ne sommes pas des cisses et que nos situations dans ce qui reste le rapport social de sexuation n’est pas encore vraiment déblayée. Mais on l’apprend, à coups de pieds dans le derrière et des fois autre part.

 

En somme, nous ne pouvons (enfin si, on le peut, bien sûr…) nous exonérer de mener une critique de ce que nous projetons sur la supposée immédiateté « corps » - et par là même de mettre en question cette confiance,k cet investissement dans un supposé signifiant premier, matérialisé et assigné. Bref de cette fétichisation, de cette attribution/transformation d’un ensemble de rapports sociaux en un donné, ou un reçu, supposé a priori et inévitable, voire profitable.

 

La critique de la notion de corps, par l’examen de ce à quoi servent socialement les éléments strictement hiérarchisés et focalisés qui la, le composent, l’ordonnent, est une des possibles voies de sortie de la sexosocialisation. Mais pour cela il nous faut admettre de ne plus rechercher une quelconque inclusion dans ce à quoi doit servir ce « corps », mécanique dédiée, précisément pour ouvrir, on espère avec d’autres, une brèche dans cet usage enjoint qui fait le rapport social de sexuation. Bref, cesser d’en user, et mettre en cause frontalement l’usage, ses objectifs, les spontanéités qui y convergent.

 

Pour ça aussi qu’il n’y a absolument aucune issue à ce monde, à ses fonctionnements et conséquences, dans la « revalorisation » de tel aspect, d’ailleurs généralement très prévisible (le cul, la compétence, bref la production de valeur par le consentement à l'exploitation), de la forme sociale corps. Ça ramène toujours aux mêmes injonctions, aux mêmes hiérarchies, aux mêmes objectifs. À un moment il faudrait peut-être arriver à se dire que ce sont ces objectifs consensuels, à quoi ça sert, qui nous instrumentalisent et nous oppressent, et qu’il ne s’agit donc pas, surtout pas, de les libérer, déchaînement des forces productives dont pourtant le devenir contemporain nous montre bien qu’elles nous consument, anéantissent ; mais au contraire de les ligoter et de les noyer ! D’oublier ces obsessions convergentes qui ont toujours été consubstantielles au pouvoir, à la valeur et à la masculinité. Il n’y a rien à récupérer, à se réapproprier dans cette tétanie.

 

Renverser la question sociale, quitter l’affirmation a priori des formes « bonnes » qui devraient nécessairement faire la félicité commune, tu parles, et questionner le à quoi ça sert, et se dire par ricochet que à quoi ça sert produit le monde où nous sommes, le sujet que nous sommes. Bref que le but est le problème. Et que les évidences ressenties, les catégorisations qui s’imposent, nouent ce problème. Tranchons.

 

# stop corps, stop sexosocialisation, stop économie relationnelle

Ni corps, ni âme, déconstruire les packs et leur usage.

 

 

à ce sujet, également, http://lapetitemurene.over-blog.com/2017/05/anna-tommy-7-body-negative-la-ronde-de-l-immediatete-incarnee.html

 

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  • : transse et bie juskaux yeux ; vivisecte les économies politiques, premier, second marché ; acétone et antivitamine K - Le placard à Plume, la fem-garoue
  • : Un informel méthodique, exigeant, fidèle, pas plaintif, une sophistique non subjectiviste, où je ne me permets ni ne permets tout, où je me réserve de choisir gens et choses, où je privilégie le plaisir de connaître, c est là mon parti pris, rapport aux tristes cradocités qui peuplent le formel cheap, repaire des facilités, lesquelles en fin de compte coûtent bien plus. Je me vante un peu ? J espère bien. Déjà parce qu ainsi je me donne envie de mieux faire. Hé puis ho ! Z avez vu les fleurs et les couronnes que vous vous jetez, même l air faussement humble ? Faut dépercher ; quelqu'orgueil assumé vaut mieux qu une pleine bourse de roublardise attirante. Je danse avec le morcellement et la sape de l'économie, de la valorisation, de la fierté, de l'empouvoirement.
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